Metronomia a écrit:
Ici, il me semble que tu es toi même en train de défendre l'idée selon laquelle un effondrement soudain/brutal peut - légitimement - être discutée et mise en débat (mais surtout pas réfutée d'emblée, je crois que nous sommes d'accord là-dessus).
Oui. Et heureusement — je ne crois pas avoir jamais dit le contraire, d'ailleurs.
En lisant ton message, j'ai été pris d'un atroce soupçon et je me suis demandé où, dans mes précédentes interventions sur ce topic, j'avais pu laisser entendre qu'il était avéré et certain qu'un effondrement massif de nos sociétés aurait lieu entre 2020 et 2030. Du coup, j'ai parcouru l'intégralité du thread... et constaté qu'il n'en était rien.
Metronomia a écrit:
C'est justement là une bonne partie du débat. Car une lente et progressive descente vers le monde de demain n'aurait pas les mêmes conséquences immédiates qu'une crise économique et sociopolitique brutale. Or, le catastrophisme (ou l'idée que je m'en fais en tout cas - tu me corrigeras si je fais erreur, du coup), dans sa réthorique même, me semble ne prendre en compte que la deuxième possibilité (la chute imminente, radicale et brutale). C'est ce point que je discute.
Oui, tout à fait.
C'est pour cette raison que dans un de mes précédents messages, j'ai dit explicitement qu'il était infiniment préférable de se préparer dès maintenant à une décroissance progressive et organisée sur une période de 20 ou 30 ans, plutôt que de continuer sur la voie « croissanciste » engagée par tous nos gouvernements (l'actuel et les précédents) qui me semble la plus à même d'aboutir
in fine un véritable choc aux conséquences graves.
Cela dit, même si je souhaite de tous mes vœux une décroissance tranquille, je pense qu'il ne faut pas perdre de vue la possibilité d'un effondrement, qui est bien réelle et dont la probabilité n'a jamais été aussi élevée (je parle 'intuitivement', ne me demandez pas des chiffres pour le justifier).
Tu cites l'exemple des « catastrophistes » qui écartent la possibilité d'une régression progressive, mais l'inverse existe aussi : les alternatifs de type Colibri, qui eux excluent complètement l'idée (trop pessimiste) de la survenue d'une crise de grande ampleur et restent persuadés que si chacun fait sa petite part dans son coin, tout va bien se passer.
Mon attitude personnelle se situe entre les deux. Dans mes actions, je me prépare personnellement plutôt à une décroissance lente (sinon, je serais déjà en train de stocker des vivres dans un bunker quelque part dans un coin paumé

).
Mais intuitivement (pour les raison évoquées précédemment et que je rappelle encore ci-dessous), j'ai tendance à penser qu'on se dirige plutôt vers une décroissance rapide à l'échelle de 20 ou 30 ans, voire peut-être un effondrement rapide.
Metronomia a écrit:
Après, je trouve que tu balaies peut-être un peu vite la question (complètement philosophique, en réalité) de la pertinence des modèles.
Peut-être, mais comme vous l'aurez compris, je m’embarrasse peu de la philosophie. Non pas que je la pense inutile, mais je laisse ça à ceux qui savent la pratiquer et que ça intéresse.
Metronomia a écrit:
tout en soutenant par ailleurs que tout est déjà écrit et que la catastrophe arrive/est déjà là.
Ben, non. Ce n'est pas du tout mon avis, et je te mets d'ailleurs au défi de citer le message de ce topic où j'ai écrit une telle chose (promis, je ne suis pas passé entre temps pour éditer mes posts

).
J'ai commenté les résultats de la simulation de World3, qui sont effectivement sans ambigüité, mais je ne crois pas les avoir présentés comme étant la réalité et une description exacte du futur qui va se produire.
Les résultats donnés par le scénario BAU me laissent juste penser, quand on les couple avec un ensemble d'autres paramètres (les prévisions de réchauffement climatique — qui n'est d'ailleurs pas pris en compte dans World3, l'accroissement de population dans certains continents prévus pour 2050 — c'est dans 30 ans, donc demain) et d'observations (la réduction de la biodiversité générale, la raréfaction des ressources minières)... qu'on se dirige vers un avenir peu optimiste et que les grands changements sont à prévoir dans les prochaines années.
Mais ça, c'est juste ce que me dit mon petit doigt. Bien malin (ou naïf) celui qui prétend pouvoir affirmer de façon catégorique le futur qui nous attend.
Metronomia a écrit:
Mais je viens de tomber sur ce fil de discussion passionnant sur un autre forum. Je souhaite le partager avec vous car c'est très intéressant et en plein dans la conversation que nous avons ici
[...]
Les intervenants soulèvent plein de questions très intéressantes (un exemple parmi d'autres: à partir de quand considère-t-on que débute un effondrement? et même, qu'est-ce qu'un effondrement, comùment le définit-on?) auxuquelles il est indispensable d'essayer de répondre avant même de décider si un effondrement immédiat est possible.
C'est une vieille discussion que le milieu de la transition a depuis plusieurs années (au moins depuis que le bouquin de Diamond est sorti, soit presque 10 ans).
C'est effectivement une question intéressante à se poser... mais elle touche parfois un peu à la métaphysique. Et pour moi elle ne doit pas se substituer à une analyse scientifique des indicateurs biologiques, économiques et sociaux (chose que certains font plutôt bien, comme l'Institut Momentum, l'association Adrastia ou Loïc Steffan dont tu partageais le lien), pour justement évaluer l'état de santé du monde dans lequel nous vivons.
Metronomia a écrit:
Mais globalement et pour finir, j'ai de toute façon l'impression (personnelle) que cette discussion ne traite pas de ce qui devrait être (selon moi) le coeur du sujet: à savoir les énergies renouvelables, l'économie, la géopolitique, la transition énergétique et ses modalités, etc. Sachant que tous ces points sans exception sont loin d'être triviaux ou purement pragmatiques.
Et bien, pas de soucis : parlons-en !
Je suis assez d'accord avec toi sur le fait qu'une grande partie du sujet se joue sur ces questions (même s'il s'agit de choses relevant du domaine du politique, donc sur lesquels d'humbles citoyens ont assez peu de prise), plutôt que sur l'aspect « l'Art va-t-il survivre à une décroissance ? » ou « quelle forme prendra l'effondrement ? » qui revient un peu à discuter du sexe des anges.