Ah moi j'ai justement trouvé qu'il y avait pas mal de degré de lecture, notamment d'un point de vue social... sur le fait qu'au final, ceux qui veulent faire ce qui est juste n'appartiennent pas forcément au même "camp" au départ, et une ode à la non-conformité, aux sans voix qui retrouvent un moyen d'expression et de dépassement à travers leurs rêves et la force de les vivre. Quelque part, cette dimension est même carrément politique.
Et si on regarde ceux qui s'allient pour sauver la Créature, nous avons une muette (donc une handicapée), une noire, un vieux garçon gay, et un "ennemi" (je vais essayé de ne pas trop en dire...

), à l'inverse, le bon "héros" américain, qui a fait la guerre, qui a une famille bien comme il faut et lit des bouquins sur la psychologie positive, c'est lui le véritable monstre dans l'histoire (pour ma part, je n'ai pas trouvé que Shannon cabotinait, je pense qu'il était dans le personnage effectivement de psychopathe, mais de psychopathe un peu pathétique, qui perd totalement pied, et que ça laideur moral pourrit littéralement

)...
L'Eau, par nature, est un élément éminemment chargé symboliquement... c'est aussi bien la vie que la mort, c'est l'élément des rêves et des sentiments, c'est l'eau du baptême (d'ailleurs, Première ose un parallèle entre la Créature et la figure du Christ... au fond, il y a effectivement un peu de ça)... D'ailleurs, la fin du film peut être vue aussi d'un point de vue initiatique.
D'ailleurs, toute la critique de Première est franchement intéressante, notamment en replaçant le film dans le contexte actuel :
Citer:
L'époque en question, qui précède l'assassinat de Kennedy et l'intervention au Vietnam, est associée à une Amérique idéale, celle-là même dont Trump a promis de restaurer la grandeur. Mais del Toro montre bien que cette nation fantasmée ne bénéficiait qu'à une minorité, et que la notion d'égalité n'y était qu'une déclaration de principe.
Effectivement, l'époque est celle de
l'American Way of Life, sensée être une époque bénie... alors qu'elle était éminemment raciste (on le voit notamment dans les rappels sur les émeutes raciales), sexiste (le personnage de Strickland est franchement misogyne, mais ses pairs ont l'air d'y voir surtout la marque d'un homme de tête et d'action), belliqueuse et matérialiste (la réussite basée sur la voiture, la pub etc...).
Au fond, comme dans
Le Labyrinthe de Pan (je peux comprendre que
La forme de l'Eau soit considéré comme un peu moins bon, pour moi, c'est surtout 2 contextes différents, et aussi que
Le Labyrinthe est peut-être un chef d'oeuvre assez indépassable...

), pour échapper à ce monde fait pour les "forts" par les "forts", les plus petits, les différents, les "autres" quoi n'ont plus que le rêve (d'où l'ode au cinéma, aux comédies musicales et à Shirley Temple) pour y échapper, et trouver la force de se rebeller.