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... Et à me relire, je me demande si je ne suis pas un poil hors-sujet vis-à-vis de ce que tu disais. Tant pis, je garde mon message tel qu'il est.
Non, non, pas du tout: au contraire, on est en plein dedans, je trouve.
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Je crois que le problème de la mésentente entre la zététique et le militantisme politique est très profond. Une meilleure connaissance des sciences humaines par les zététiciens permettra d'éviter de voir se répéter les derniers buzz malheureux de la TeB, mais je ne pense pas que cela résoudra tous les problèmes, loin de là.
C'est vrai que tout ça est complexe et délicat. Moi-même, je ne suis pas parfaitement au clair avec ce que je pense de tout ça. D'après toi, quel serait ce fameux "problème profond"? Comment le définirais-tu?
De mon côté, je le résumerais (très grossièrement) ainsi: on a parfois l'impression qu'aux yeux de certains rationalistes/sceptiques, tout ce qui est politique est - par nature - biaisé et donc à proscrire. Alors qu'une idée peut très bien se baser sur des observations concrètes et réelles d'une part, et que d'autre part, les solutions, quelles qu'elles soient, constitueront toujours de toute façon un choix politique
in fine. Je ne sais pas si je suis très claire?

Mais en gros, par exemple: parler de féminisme/être féministe, ce n'est pas être biaisé
par nature. C'est au contraire observer des discriminations quotidiennes et objectivables, et en prendre acte. C'est évidemment politique, puisque cela suppose que l'on veuille au départ l'égalité entre les sexes ; mais qui dit politique ne dit pas forcément "subjectif" pour autant. Le plus politique dans tout ça résidant surtout dans les solutions que l'on tentera de mettre ou non en place pour y faire face.
Et on en revient en plus toujours au même constat: la science n'est de toute façon pas elle-même complètement hors sol. La façon de faire de la science s'inscrit elle aussi dans un contexte (politique, économique, social) et dans une époque, et s'imaginer que la science serait parfaitement objective est idiot.
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Et beaucoup de militants ont du mal à admettre qu'un témoignage (ou même une collection de témoignages) ne suffit pas pour décrire et valider la réalité d'un phénomène, mais que celui-ci doit pouvoir être étudié de façon factuelle. Une oppression doit pouvoir être quantifiée et analysée au moyens d'études sociologiques ; simplement se baser sur le ressenti des personnes ne peut pas fonctionner...
Ici, je te dirais, oui et non. Une oppression, si elle est ressentie comme telle, reste une oppression de toute façon pour celui/celle qui la vit.
Sans quoi, par exemple, on ne condamnerait pas beaucoup de viols* parce qu'ils sont très durs à prouver le plus souvent... (*
Oh wait! Ne me dis pas que c'est justement le cas??

- et justement, on voit bien avec cet exemple en quoi ça peut aussi être un problème de ne jurer
que par les preuves - qui restent évidemment fondamentales, cela va de soi).
Ce que je veux dire, c'est qu'on ne devrait ôter à personne un ressenti/une expérience. On devrait, au mieux, essayer au maximum de l'étayer dans les contextes où c'est nécessaire (dans les contextes où ça ne l'est pas, je ne saurais que trop conseiller à chacun de se contenter d'écouter et de recueillir la parole de l'autre sans ramener sa fraise, autant que faire se peut, ou sans opposer à l'autre que ce qu'il/elle raconte, c'est n'importe quoi).
Mais oui, je vois ce que tu veux dire: c'est lorsqu'une oppression/une violence font système que cela devient objectivable aux yeux de tous (de la société, de la science) et que l'on peut, si on le souhaite, se donner les moyens de légiférer et/ou de trouver des solutions adaptées à l'échelle de la société.
Je me relis et ne suis pas sûre d'être très claire et cohérente mais, comme je le disais, ce sont des sujets que je maîtrise encore mal, malgré mon intérêt réel et sincère pour la chose. Seulement, ça demande de lire et apprendre encore tellement de choses que je m'en sens pas forcément toujours l'énergie.