Cette année, je sens que je vais exploser mon quota de films : déjà, quatre en moins d'un mois !

Je passe sur le Han Solo (qui est, justement, passable) et je m'attarde sur deux films encore en salle mais pas très longtemps, peut-être que demain, ça sera trop tard pour les voir !

Hedy Lamarr - From Extase to Wifi : documentaire biographique sur cette actrice des années 30-40, star parmi les stars à son époque, mais frustrée de n'être considérée que pour sa seule beauté, alors qu'elle s'ingénia à proposer un système de téléguidage de torpilles par fréquences à l'épreuve de tout brouillage... Brevet enterré par la Marine américaine, lui demandant de contribuer à l'effort de guerre en faisant la promo des bons de guerre avec son joli minois...
En fait, plus généralement, on suit l'histoire d'une femme passant par six mariages insatisfaisants avec des maris qui crurent épouser une potiche, faisant face à l'exploitation des actrices par les studios de Hollywood (qui ne crurent même pas à ses capacités de productrice), vieillissant presque dans la misère et dans l'addiction aux métamphétamines et à la chirurgie esthétique...

Bon, raconté comme ça, on dirait une histoire déprimante, mais, malgré tout, Hedy Lamarr connut une reconnaissance tardive en tant qu'inventrice de ce fameux système de saut de fréquences qui est à la base du GPS, du Wifi, du Bluetooth, etc...
Néanmoins, bien que le sujet soit réellement intéressant et que le montage n'est pas mal non plus (certains extraits de films illustrent très bien par leurs dialogues certaines situations de la vie de Lamarr), je suis resté un peu circonspect : la filmographie de Hedy Lamarr semble un peu "disparaître", et il devient difficile de comprendre la fascination qu'elle a pu créer, même en constatant sa beauté.
Enfin, le film semble se terminer par une célébration inconditionnelle des différentes technologies développées à partir du brevet de Lamarr et Antheil, en passant rapidement sur le fait qu'elles ont beaucoup servi à l'armée américaine (qui n'a rien payé aux créateurs, soit dit en passant)...

Cependant, je continue à penser que c'est un film à voir, ne serait-ce que pour titiller un tant soit peu votre fibre féministe !

Have A Nice Day : film d'animation chinois indépendant, racontant une course au magot dans une ville de Chine, quelque part entre la ville nouvelle encore pleine de bidonvilles et la friche industrielle pas encore reconvertie.
Avec un trait rappelant Chantal Montellier ou Boilet à ses débuts, des couleurs assez tranchées (vêtements aux couleurs presque criardes, mais un environnement urbain grisâtre) et une animation un peu saccadée (mais, eh, c'est un film indé, emmerdé par la censure chinoise, pas un Pixar ou un Ghibli, hein !), on sent une patte assez rare dans l'animation actuelle - sans oublier le scénario et ses personnages, presque tous des prolétaires baignant dans un matérialisme consternant : le héros vole le sac au million de yuans pour payer à sa fiancée, une opération de chirurgie esthétique en Corée...

Mais les rêves de ses poursuivants ne vont guère plus loin : citations hasardeurses de Steve Jobs perçu comme un philosophe, métaphore sur les trois niveau de liberté (la liberté ramenée au pouvoir d'achat...), clip délirant sur la vie dans la campagne de Shangri-La (!)... Même l'ode débile aux années 80 du générique final rend compte d'un univers social et psychologique assez étriqué.

Bref, à la fois polar goguenard et satire insidieuse, un film d'un auteur à encourager (Liu Jian), si, si.

Ah ah...
Pour moi, c'est le minimum légal. D'ailleurs ça me saoule, j'ai trop de vie sociale en ce moment, il y a des films que je vais rater je sens...

Moi ça fait un petit moment que je n'ai pas écris ici...

Solo
Effectivement, c'est pas le Star Wars de l'année, mais bon, j'ai trouvé que ça se laissait gentiment regarder...

Avengers Infinity War
Plus sombre et plus intéressant que les précédents, malgré le nombre de personnages qui pourrait donner un effet un peu "brouillon", ça reste compréhensible (même si, comme moi, vous êtes un dilettante des comics et que vous n'avez pas vu forcément tous les films). La fin est... , j'aurais jamais pensé qu'ils oseraient une fin aussi tragique dans un film comme ça (et je trouve ça bien), même si on se doute que dans le suivant, va forcément y avoir des retournements de situation... mais sur le moment, ça fait bizarre.

Jurassic Park - Fallen Kingdom
Depuis le premier, qui est un peu "hors compétition", je trouve en toute honnêteté que c'est le meilleur opus de la saga...
J'ai trouvé qu'il y avait non seulement du renouvellement au niveau du fond, avec la création et la remise sur le tapis de nouveaux enjeux dans l'arc narratif, que sur la forme, avec la réalisation de Bayona qui est à la fois rythmée mais esthétique et inventive, et bourrée de référence aux films d'horreur, de monstres et à l'univers gothique. Bref, il est très chouette et son succès est mérité.

Sans un Bruit
Un film d'horreur ingénieux, bien foutu et prenant... La bonne idée est le concept du "sans un bruit" justement, ce qui donne lieu à des échanges de regards, de langues des signes, des murmures et à une tension sans cesse renouvelée... ce qui fait qu'on sursaute au moindre craquement.
Même si j'avais deviné la fin à la moitié du film, j'ai bien apprécié. Et Emily Blunt est tellement parfaite... (ah, son attitude à la toute fin du film, tellement classe... ).

Hérédité
Encore un film d'auteur "déguisé" en film d'horreur... Il y aurait beaucoup à dire de la qualité de la réalisation (pour un premier film, c'est impressionnant), de l'ambiance lourde, poisseuse qui vous colle à l'esprit tout au long du film et vous noue la gorge encore après, de cette lenteur volontaire dans l'action qui étouffe peu à peu et rend presque la tension insoutenable, ce qui fait que les moments d'effroi sont franchement efficaces (certaines scènes sont tellement, tellement bien faites)...
Je crois qu'effectivement depuis L'Exorciste, on avait pas fait mieux non pas en terme d'horreur en mode "jump scare et sang sur les murs", mais d'ambiance malsaine (le réal a semble-t-il une légère fascination pour la décapitation... ), de glauque, de frissons bien glacés... et presque un goût pour une forme de burlesque sombre à la limite de l'ambiance gore...
En plus, il y a une vraie recherche au niveau de l'histoire, qui donne lieu à des tas d'interprétations possibles (et donc des envies de revoir le film), et aussi au niveau des rituels et du démon en question...
Et l'interprétation de Toni Collette est juste parfaite. Aussi.

Bref, si vous devez en voir un de cette liste, c'est celui-là sans hésiter. Enfin, si vous avez l'estomac assez solide... (lors de ma séance, des gens sont sortis en cours de route... je ne sais pas si c'est parce que le film est effectivement lent, et donc désarçonne les ados près pubères amateurs de jumps-scare et de scénarios sans queue ni tête, ou si c'était trop pour de petites natures... ).

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Même si on ne nous laisse qu'une ruelle exiguë à arpenter, au-dessus d'elle il y aura toujours le ciel tout entier.
Etty Hillesum, Une vie bouleversée

Un petit dernier pour la route :
Parvana, une enfance en Afghanistan, peut-être la grosse sortie en ce qui concerne les dessins animés cet été : l'histoire d'une fillette afghane qui se déguise en garçon pour nourrir sa famille suite à l'arrestation de son père par les talibans.
Pas grand chose à dire, paradoxalement : très bien réalisé, avec une histoire touchante, sans trop de grosses ficelles.
Le petit truc en plus : quand Parvana narre un conte à son petit frère, l'histoire est représentée en séquences qui ressemblent à de l'animation de marionettes en papier. C'est peut-être, par ailleurs, la seule originalité de ce film qui, bien que bon et bien fait, souffre d'un petit manque d'audace.

Paranoïa

Soderbergh joue la carte du minimalisme et du petit budget avec cet essai uniquement tourné avec des I-Phone, et ma foi... c'est plutôt réussi.
La petitesse et la souplesse d'utilisation de ce type d'appareils permet de jouer sur les plans serrés, sur les visages, et donc s'adapte parfaitement au sujet, rendant visuel et presque palpable des visions psychiques.
Clare Foy est impressionnante, capable de passer par toute les palettes émotionnelles, elle campe un personnage de femme qui, pour une fois dans ce type d'histoire, est loin d'être une victime et finit même par être... plus retorse que prévu.


American Nightmare 4 - Les Origines

La franchise n'en finit pas de purger les poisons de l'Amérique moderne... la violence aussi bien économique que physique, le racisme, les tentations des mensonges d'Etat, la lutte des classes larvée, et la charge s'affine et s'affirme de films en films.
Et vu le contexte politique actuel des Etats-Unis, difficile de ne pas comprendre le sens politique de tout ça... (d'ailleurs DeMonaco avait dit dans une interview que vu les annonces de Trump sur le fait d'armer des profs dans les lycées et ses commentaires sur les attentats en France... on était peut-être plus si loin que ça de la Purge... ).

Certes, c'est pas toujours finaud-finaud, il y a toujours ces cliffhangers au dernier moment sortis de nulle part (finalement, ça va devenir une signature) mais moi j'aime bien ce côté presque naïf dans l'approche. Et puis c'est toujours aussi efficace. Du coup ça détend.

Et au final, ben.... c'est peut-être une des rares franchises d'action, sinon la seule, a vraiment vouloir faire passer un message, à avoir un "sous-texte" autre que le seul divertissement... ce qui est déjà bien, comme intention. D'autant plus que dans cet opus, l'approche socio-psychologique est mise en valeur, ainsi que l'aspect "carnavalesque" et ritualisé (même si, il n'est peut-être pas forcément toujours "naturel"... disons pas dans tous ses aspects), et les personnages sont clairement archétypaux... même si ça peut sembler artificiel dans d'autres films, là du coup, il y a une sorte de logique interne que l'on peut interpréter. Comme plein de petits éléments de déguisement, de décor etc... (par exemple, un des "méchants" de la milice tué par le héros chef du gang porte un masque de Black Face).
Là, ce qui est intéressant, alors que le mouvement "Black Lives matter" s'agite encore, c'est de faire changer l'héroïsme de camp, et faire d'un chef de gang noir le sauveur d'un quartier. (bon, il le fait aussi un peu pour sauver sa belle, tel le preux chevalier... ).

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Même si on ne nous laisse qu'une ruelle exiguë à arpenter, au-dessus d'elle il y aura toujours le ciel tout entier.
Etty Hillesum, Une vie bouleversée

Pour ma part, je viens de regarder UPGRADE un très bon Film 2018, peut-être même le meilleur.

Excellent ! je vous conseilles à tous de le regarder, il est dispo en VF !

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“Deux possibilités existent : soit nous sommes seuls dans l'univers, soit nous ne le sommes pas. Les deux hypothèses sont tout aussi effrayantes.”

Intéressant.
Le premier film du réal était Insidious Chapitre 3. Et il est le scénariste et créateur des premiers Saw, avec James Wan qui son pote de fac.


Sinon... Je viens de voir le troisième volet de Detective Dee - La légende des Rois célestes...
Dans la lignée des précédents (on ne change pas une équipe qui gagne, après tout), toujours le même délire visuel de Tsui Hark. On frôle parfois le kitsch, mais en même temps, c'est tellement bien fait et ça correspond à une esthétique particulière, qu'au final, c'est surtout rafraîchissant... C'est beaucoup plus coloré, foisonnant et presque naïf que la fantasy occidental. On hésite pas aussi à mettre de l'humour...
Et l'histoire est intéressante, même si je ne suis pas une spécialiste des histoires des différents empire chinois, on sent que ça s'inscrit dans une histoire particulière.
Et j'ai particulièrement aimé la fin, qui ne se termine pas par un bête "on a buté le méchant" (mais pour en savoir plus, faudra aller voir le film... ).

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Même si on ne nous laisse qu'une ruelle exiguë à arpenter, au-dessus d'elle il y aura toujours le ciel tout entier.
Etty Hillesum, Une vie bouleversée

HS : J'ai entendu dans ma vie une Dizaines de femmes qui disent cette phrase, et par le contraire : Jamais des mecs.

C'est marrant !

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“Deux possibilités existent : soit nous sommes seuls dans l'univers, soit nous ne le sommes pas. Les deux hypothèses sont tout aussi effrayantes.”

Tant qu'on est dans les D-TV...

En traînant dans un magasin de déstockage qui vend de tout (et beaucoup de rien) à pas cher... j'aime bien farfouiller dans les dvds, quand on sait plus ou moins comment bien choisir un film, on trouve quelques petites perles dans les D-TV...

Spécial est de ceux-là...
Il nous conte l'histoire de Les... un gentil garçon, pas franchement charismatique, dont le métier de poseur de contraventions ne le passionne pas plus que ça. En plus, il est mauvais : si une fille pleure et demande gentiment, ben il ne met pas la prune. le gentil gars quoi...
Mais Les est fan de comics, et sa vie terne le fait vaguement déprimer. Sur un coup de tête, il se propose comme candidats aux essais cliniques d'une pilule anti-déprime miracle... Le soir, il réalise que le médicament lui donne des pouvoirs paranormaux. N'écoutant que son bon cœur et son désir de justice, il décide de devenir super-héros pour protéger la veuve et l'orphelin... Enfin, à peu près...

Sorte d'anti-Kick Kass (et c'est pas péjoratif), Spécial lorgne plutôt du film d'auteur, de la tragi-comédie douce-amère sur les rêves des sans-grades, de tout ceux dans l'existence consiste à rêver leur vie plus qu'à la vivre vraiment... les vendeurs de comics du coin de la rue, la petite caissière bègue, de tous ces gens qu'on croise sans même se rendre compte qu'ils sont là.
Entre mélancolie et ironie mordante, Spécial distille sa petite musique qui fait rire autant qu'elle émeut, et qui vous restera longtemps dans la tête...

http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=119186.html

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Même si on ne nous laisse qu'une ruelle exiguë à arpenter, au-dessus d'elle il y aura toujours le ciel tout entier.
Etty Hillesum, Une vie bouleversée

MMmh, mais c'est appétissant, tout ça ! Un abord aux superpouvoirs original et humain... Vive les Créateurs !

Ma dernière séance, pas plus tard qu'il y a moins d'une heure, c'est Häxan, la sorcellerie à travers les âges.

Un film au ton documentaire de prime abord, mais riche en reconstitutions et en effets spéciaux. Rappelons cependant que ce film est sorti en 1922, alors que le cinéma était encore assez jeune. Les scènes impliquant les démons prennent un aspect irréel et onirique, car bien évidemment, il n'y a aucun effet sonore, juste la musique (une composition moderne pour cette version de 87 minutes). On finit par se laisser porter entre les cartons, les images fixes et les reconstitutions. Un documentaire qui a le bon goût d'avoir une véritable esthétique (même si certains masques et costumes ne sont pas très réussis), ce qui lui a valu d'être considéré comme l'un des premiers films d'horreur au cinéma. On y dénonce le puritanisme et les méthodes de l'Inquisition, et on conclut sur comment celles que l'on considérait comme sorcières autrefois sont acceptées par la société des années 1920. Un film qui n'apprendra sûrement pas grand-chose aux érudits concernant la sorcellerie, mais qui vaut le coup d’œil pour ses ambitions cinématographiques.