Je rejoins tout à fait ce que Chimère et Métronomia ont pu dire à propos du « expliquer c'est excuser ». Raisonner ainsi, comme l'a dit Métrotte, c'est non seulement tuer toute forme de science humaine... mais c'est également potentiellement dangereux : réduire tout comportement à sa responsabilité individuelle (ou à une somme de responsabilités individuelles quand il s'agit d'un comportement collectif) conduit à négliger des causes politiques ou sociales qui pourraient en être à l'origine.
Ce n'est d'ailleurs pas pour rien que ce type de raisonnement s'est répandu ces dernières années chez nos hommes politiques (et que je pense qu'il s'agit, là encore, d'une influence du monde protestant/anglo-saxon) : il est plus facile de dire que le terrorisme est causé par des islamistes frustrés qui jalousent la liberté de notre mode de vie occidental, que de remettre en question des décennies de présence française dans la géopolitique du Proche-Orient.
Et parlant de terrorisme...
No Body a écrit:
Tenter de trouver les raisons qui poussent un homme a être méchant alors que, globalement (c'est un euphémisme), nous connaissons les rouages de l'esprit humain me dépasse totalement.
Je pense que tu surestimes
un tantinet les sciences de l'esprit, et que tu négliges le fait qu'un être humain n'est pas un pur esprit indépendant de toutes influences, il est également (et surtout !) le fruit d'un contexte socio-culturel. Et les choses deviennent rapidement bien trop complexes pour être décrites par des lois fondamentales.
Par exemple, parmi les terroristes ayant commis des attaques sur le sol français ou étant partis au Moyen-Orient pour y faire la guerre sainte, on trouve de tout : beaucoup de jeunes hommes « issus de l'immigration » et ayant un passé de petit délinquant, mais également des femmes, des français de souche, des personnes issues de milieux sociaux favorisés...
Il est dès lors pertinent de s'intéresser à leur parcours, non pas pour excuser leurs actions dans un accès de gauchisme bien-pensant (comme certains ministres français ont pu le dire), mais bien dans le but de comprendre ce qui peut pousser des gens
a priori sans histoire à embrasser une idéologie mortifère, et
in fine essayer de prévenir l'expansion de ce type de terrorisme et de faciliter le processus de « déradicalisation » de ces personnes. Mais il est probable qu'en essayant d'expliquer tout cela, on dresse un portrait assez peu flatteur de la société française (raison pour laquelle la sociologie a assez mauvaise presse dans l'opinion populaire et les milieux politiques).