De nouveau, je ne vais pas être originale mais j'abonde dans le sens d'Ar Soner.
Pour venir de la classe moyenne/popu (mais pas sans le sou: nous n'avons jamais manqué de rien et il me semble que nous avons reçu une éducation convenable), je confirme que c'est aussi une question d'environnement et de réflexes. Pardon, car je vais parler de ma pomme et me prendre en exemple, mais je le trouve assez parlant.
Ni mon père ni ma mère n'ont le bac. Ils étaient tous les deux employés du service public.
Ma soeur et moi avons grosso modo suivi la voie de nos parents (la fameuse reproduction sociale, sans même en avoir conscience un seul instant...), même si nous avons poussé un peu plus loin les études (mais pas de beaucoup).
J'ai en revanche eu plusieurs chances: d'abord, des facilités scolaires doublées de rencontres amicales au collège et lycée avec des gens parfois issus de milieux un poil plus argentés et "instruits" que le mien. Ca a grandement compté dans mon parcours. Puis, la fac a été un révélateur. J'avais beau être une touriste qui ne s'investissait pas du tout dans ses études, je me souviens quand même que mes premiers cours de sociologie ont eu l'effet d'une petite bombe à l'époque. Ca m'a offert une grille de lecture qui a définitivement changé ma façon de percevoir le monde. Ca, plus les fréquentations plutôt intellos de ma meilleure amie, et j'ai pu me constituer petit à petit un petit bagage, loin d'être très étoffé, mais suffisant pour donner un minimum le change dans des milieux un poil plus "éduqués".
Enfin, le dernier tournant a clairement été pour moi le moment de mon arrivée à Paris dans un labo de sociologie. Ca fait 8 ans maintenant que j'y travaille et je leur dois énormément. Parce que j'ai eu la chance incroyable de tomber dans une toute petite unité à dimensions humaines, avec un responsable super, pas du tout vertical ou condescendant, et que les étudiantes et étudiants recruté-e-s sont tout à fait sur cette même ligne. Ils m'ont ouvert l'esprit et sensibilisée, lentement mais sûrement, aux questions politiques. J'ai souvent été très mal à l'aise parmi eux pourtant, car je me sentais vite toute petite et ridicule (et c'est encore souvent le cas, mais un peu moins - j'essaie de me "soigner"). Mais leur chaleur humaine et leur proximité ont fait que je me suis quand même assez rapidement acclimatée. Ca doublé d'une certaine vision commune des choses, même si chez moi, c'était à la base plus par intutition que par instruction.
Alors ok, je n'aurai jamais leur niveau de culture (ni le vôtre, d'ailleurs). Non pas parce que je n'en serais pas capable mais parce que ça m'ennuie vite (je l'avoue) et que j'aurais beaucoup trop à rattraper. Car je viens quand même à la base d'une famille ou le mot "intello" serait presque un gros mot (véridique). Et passer ma journée dans les livres, bah... ce n'est pas mon truc, tout simplement. Je lis quand même pas mal de choses, hein. Mais plutôt des articles, des blogs, etc. Et je regarde des docus, des interviews. Bref, je n'ai pas l'impression d'être stupide.
De ce fait, le coup du "C'est pas si compliqué de s'instruire"... Eh bien oui et non. Il faut être conscient-e que c'est nettement plus naturel chez certains que chez d'autres.
C'est pourquoi ce genre de discours (pas particulièrement les tiens Chimère, je parle vraiment en général) me peinent toujours un peu. Parce qu'au fond, on parle aussi de mes proches et moi.
A ce sujet, et pour que vous compreniez un peu la grosse claque dans la tête que peuvent parfois représenter certains discours, écoutez par exemple cette chronique de Constance (que je ne supporte pas) sur France Inter, à l'aune de ce que je viens de vous dire:
https://www.youtube.com/watch?v=4ryED0FWO0IPersonnellement, je n'ai pas u aller jusqu'au bout...

Edit: Je me suis trompée de lien, ce n'est pas cette vidéo là que je voulais mettre. Je n'arrive pas à retrouver celle que je cherchais, donnez moi quelques minutes.
Edit 2: Voilà, c'est bon, c'est corrigé.