Je plussoie Chimère et aurais tendance à rejoindre son point de vue, même si reconnais que je demeure très peu informée sur ces questions.
Citer:
En ce qui concerne la vidéo de Mr. Sam, je veux bien un résumé (très rapide, hein, c'est juste pour savoir ce qui s'y dit).
Tu devrais savoir, depuis le temps, que je ne
sais pas faire court.
Je voudrais tout commenter et tout détailler, ceci afin d'être la plus précise possible, mais c'est un peu long et laborieux à faire.
Aussi, je propose de noter ici mes premières remarques et objections et, si cela éveille votre intérêt d'une manière ou d'une autre, alors je poursuivrai. Dans le cas contraire, je m'arrêterai là et ça vous donnera un premier aperçu du pourquoi cette vidéo est - selon moi - discutable à plein d'égards. Notez que mes remarques couvrent uniquement les 5 premières de la vidéo, qui en fait en réalité presque 23 au total. Ce n'est donc là qu'une la mise en bouche...
Mais j'en viens au fait.
D'abord, Mr. Sam débute sa vidéo en expliquant à quel point Étienne Klein a été pour lui un déclic grâce à ses vidéos sur l'éducation à la philosophie des sciences et ajoute que l’émission
La conversation scientifique est une « émission de très grande qualité » qu'il attend toujours avec impatience. Sauf qu'il exprime tout de suite après avoir été "très déçu" cette fois-ci en raison du fait que Klein a laissé son invité (Stéphane Foucart, en l'occurence) s'exprimer tout le long de son émission sans lui opposer la moindre contradiction.
Ici, je fais une première parenthèse, car c'est une façon de voir qui pourrait, déjà et à elle seule, être discutée. Je vous renvoie par exemple à ce commentaire de Docteur Rippeur
sous la vidéo de Convergences sur l’effondrement que j'avais partagée il y a quelques temps. Rippeur y écrit que:
Citer:
le débat contradictoire n'est pas le meilleur outil pour se forger une pensée. La rhétorique et les sophismes y sont objectivement les outils les plus efficaces et ça peut vite tourner à la foire d'empoigne. De plus, le discours minoritaire est toujours désavantagé parce qu'il faut qu'il pose les bases de son argumentation.
La manière la plus pertinente de faire est que chaque partie développe tranquillement ses arguments. Pour le cas de la collapsologie, leur discours à bien eu le temps de se déployer vu leur omniprésence médiatique, donc notre contre-argumentation n'est qu'un juste retour des choses.
On peut très bien être d'accord ou non avec Rippeur, mais on voit d'ores et déjà bien que c'est en tout cas un sujet de débat à part entière.
Mr. Sam enchaine ensuite en qualifiant Stéphane Foucart d' « excellent journaliste », mais ajoute immédiatement après que « quand il parle de science, il en parle [en revanche] assez mal », notamment dans le cas du glyphosate où Foucart aurait (je cite toujours Mr. Sam) « finit par croire qu’ "on" était tous payés par Monsanto » (NB : je ne sais pas qui est sensé représenter le « on » ici. Mr. Sam indique qu’il faut se référer à ses vidéos précédentes sur le sujet pour comprendre à quoi il fait allusion, mais je n'en ai pas forcément ni le temps, ni le courage, ni l'envie. Désolée).
Mr. Sam explicite: ce qui lui fait dire que Foucart ne serait pas un bon journaliste scientifique et le chiffonne particulièrement, c’est la phrase qu'aurait prononcé Stéphane Foucart dans le cadre d'une interview au site
Conspiracy Watch et dans laquelle Foucart plaidait qu' « un documentaire ou un article de presse n’est jamais, et n’a pas vocation à être, une revue systématique de la littérature savante. »
Or, Mr. Sam considère au contraire - d'après ses propres termes - que le travail de journalisme de Foucart serait en fait de "transmettre le consensus scientifique", et non d’écrire sur les quelques études alternatives - qui sont énormément remises en question et débattues - pour les présenter comme étant la vérité.
Là encore, je note immédiatement que cette conception du journalisme n'engage que Mr. Sam et qu'elle pourrait très clairement se discuter. Un journaliste choisit toujours un angle pour ses papiers, et il lui appartient d'essayer de trouver le traitement qui lui semble le plus pertinent par rapport à ce qu'il connaît du sujet d'une part, et par rapport à la ligne éditoriale de son support d'autre part. Il n'y a aucune obligation d'être exhaustif, ce qui serait de toute façon
impossible sur des sujets aussi denses. On explore donc "juste" différentes facettes et problématiques d'un sujet selon les papiers. Du coup, je vous le demande : au nom de quoi ne devrait-on parler QUE des études consensuelles et occulter celles qui seraient plus controversées ? De quelle sorte de régime politique cette conception du journalisme est-elle le nom?
Mais je ne vais pas faire l’innocente plus longtemps car, en réalité, je comprends ce qui inquiète particulièrement Mr. Sam ici: il le dit dans la dernière partie de sa phrase lorsqu'il explique qu'il ne faudrait pas présenter ces "études alternatives comme des vérités scientifiques".
Sauf que là encore, j'aurais plein de choses à lui objecter (mais je n'en citerai qu'une cette fois, pour ne pas faire trop long): par exemple, comment Mr. Sam détermine-t-il avec certitude qu'une étude est valable ou non? Le consensus est-il vraiment son seul indicateur? Parce que ce serait-là, d'après moi, un critère bien pauvre (et vaguement inquiétant).
Puis, Mr. Sam continue en expliquant avoir "vécu un cauchemar éveillé" avec cette émission parce qu’Étienne Klein acquiesçait à toutes les théories de Foucart sans broncher. Il semble surpris et dépassé car le grand Étienne Klein qu'il vénère tant (ça c’est moi qui le dis, pas lui ^ ^) ne devrait pas tomber selon lui dans ce genre de facilités.
Ensuite, on apprend - toujours selon Mr Sam - que la méthode de Foucart serait problématique dans la mesure où ce dernier ferait systématiquement une comparaison avec ce qui s’est passé dans les années 50 avec le lobby du tabac.
Mr Sam développe en expliquant que ce n’est pas honnête parce qu’à l’époque, les études scientifiques ne laissaient déjà aucun doute sur le fait que le tabac était dangereux. C’est - toujours d'après lui - seulement dans sa façon de communiquer et de faire de la pub que le lobby du tabac serait en réalité parvenu à brouiller les pistes. Dans la même veine, Mr. Sam continue de compartimenter les choses et ajoute que "le monde scientifique et le monde de la publicité sont deux mondes différents et que ça n’avait aucun lien".
Or, c’est clairement faux. Pour tenter de vous en convaincre, je vous renvoie par exemple à
l’article de Mathias Girel dans le Journal du CNRS que j’avais posté il y a quelques mois et dans lequel on pouvait lire que :
Citer:
Pour expliquer le cancer du poumon, ils ont tout simplement financé des recherches sur d’autres causes que la fumée de cigarette : les virus, l’influence des poussières, des déterminants génétiques, etc. Dans Golden Holocaust, publié en 2012, l’historien des sciences Robert Proctor a montré qu’il est très difficile d’attaquer ces études ou de les écarter au nom des arguments traditionnels sur la démarcation entre science et non-science parce que tous les critères classiques sont réunis : les études émanent bien de scientifiques, elles s’appuient effectivement sur un formalisme et une méthode scientifiques, elles sont publiées dans des revues à comité de lecture et donc soumises à l’examen de leurs pairs, elles répondent à l’argument poppérien sur la réfutabilité, etc.
Seule l’intention qui guide ces recherches permet d’en comprendre le caractère « pathologique » : elles ont été financées dans le seul but d’écarter, d’étouffer ou de minimiser la cause la plus importante du cancer du poumon qui est le tabagisme. Ce type de décryptage prend du temps et montre que les critères de scientificité dont nous disposons aujourd’hui pour distinguer une science pathologique d’une science « normale » sont moins efficaces qu’avant.
Du coup, j'aimerais bien que Mr. Sam m'explique où il est allé chercher cette version de l'histoire et qu'il me donne des sources précises là-dessus. Parce que ce n'est pourtant pas vraiment ce que les chercheurs en sciences sociales ont l'air d'en dire...
Mais poursuivons.
Voilà que Mr. Sam arrive ensuite à nous glisser au passage que « pour les études, maintenant, c’est
presque* (*note de Métro : ici, j'aime particulièrement l'emploi du «
presque »... Comme si c'était un détail...) désormais obligatoire [qu'] il y a[it] une déclaration des conflits d’intérêt possibles. »
D’abord, à ma connaissance, il s’agit en fait d’une recommandation et en aucun cas d’une loi ? (mais ce point serait à vérifier).
Ensuite, il n’y a pas besoin de chercher bien longtemps pour trouver des documents indiquant à quel point la transparence de ces déclarations est un sujet épineux tant le dispositif demeure perfectible (je cite ici un extrait de ce document :
http://www.institutmauricerapin.org/doc ... esumes.pdf).
Du coup, je ne peux m'empêcher de trouver la façon de voir de Mr. Sam sur ces sujets au mieux naïve, au pire, complètement à côté de la plaque.
Surtout, je note une nouvelle fois à quel point Mr. Sam (mais il n'est pas le seul) a l'impression d'être quelqu'un d'informé alors qu'il me semble assez évident qu'il ignore en réalité pas mal de choses. Ce n'est pas un reproche en soi, car nous sommes tous concernés par ce travers d'une manière ou d'une autre. Mais dans la mesure où il décide de faire des vidéos d'esprit critique, je trouve que le niveau n'est clairement pas suffisant. Et ça m'inquiète d'autant plus que les gens comme Mr. Sam ont une vraie audience...
Bref, voici ce que je pouvais en dire dans un premier temps. Je m'arrête là pour le moment mais, comme dit, je poursuivrai à l'occasion, si vous êtes intéressé-e-s (parce qu'il est évident que je ne vais pas me fouler plus que ça si ça fait <déféquer> tout le monde au bout du compte...

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