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J'avais également entendu quelqu'un théoriser que toute l'affaire Raoult reflétait la polarisation entre les Parisiens arrogants d'une part, et le bon médecin populaire plein de bon sens de l'autre. Je ne sais pas si c'est vrai mais ça a au moins le mérite d'ajouter une ligne à la grille de lecture.
C'est intéressant! Je n'aurais pas pensé à cette interprétation mais peut-être a-t-elle un fond de vrai, en effet?
Quant à moi, j'ai eu une autre lecture des choses*, lecture également partagée par un collègue (ça vaut ce que ça vaut, mais je t'en fais part): j'ai plutôt eu l'impression que cette controverse autour de la chloroquine opposait finalement deux camps qui n'avaient pas en tête la même stratégie** pour sortir du bourbier. Les premiers (que j'appelerai Raoultiens) pensaient que la choloroquine pouvait être efficace et qu'elle était suffisamment connue, reconnue et peu dangereuse dans la plupart des cas (même si évidemment, les doses entrent en jeu, de même que les éventuelles comorbidités des patients, etc.) et que l'urgence était de sauver le plus de vies possibles et non de faire des essais randomisés. Les seconds plaidaient au contraire qu'il ne fallait pas se précipiter au risque de tuer des gens qui auraient pu survivre: ils estimaient qu'on ne pouvait pas distribuer la chloroquine comme des bonbons sans un minimum de garanties et qu'il ne fallait surtout pas risquer de tuer des gens en administrant le médoc à des cas qui ne l'auraient probablement pas supporté (les patients avec des insuffisances cardiaques par exemple).
Eh bien franchement, je ne sais pas toi, mais personnellement, je trouve les deux visions des choses complètement entendables et j'aurais été bien en peine (je le suis toujours d'ailleurs) de dire dans le feu de l'action ce qu'il convenait de faire...
*Note que nos deux interprétations n'ont rien d'incompatible et qu'elles peuvent se compléter.

** Pas la même stratégie et pas le même rapport à l'éthique non plus.