Je me demande si, au final, ceux qui disent qu'en gros, une fois qu'une épidémie a atteint un seuil critique de morts et de personnes infectées, donc immunisées à terme, n'ont pas - au moins - en partie raison.
C'est assez horrible à dire, mais quand on y réfléchit, la grippe espagnole, la grippe de Hong-Kong, ou plus loin les épidémies de peste, de choléra ont certes tuer une part non négligeable de la population (et certes, c'est franchement tragique quand ça te tombe dessus ou sur tes proches), mais en même temps, elles n'ont jamais tué tout le monde...
En un sens, je pense que cette épidémie est peut-être en train de mettre en exergue une des grandes faiblesses de notre société : sa non-acceptation de la mort. Alors que dès lors que vous naissez, vous êtes destinés à mourir, de toute façon.
Et puis, dans l'absolu, on vit, peu ou prou, dans une forme d'acceptation de la mort par d'autres pathologies, qu'elles soient infectieuses ou pas, ça ne veut pas dire qu'on arrête toute recherche sur le sujet ou qu'on ne fait pas de prévention (je pense aux cancers, aux AVC), juste que c'est un risque qui est entré dans notre "logiciel de risques". Idem, la perspective de la mort n'empêche pas les gens de faire des choses dangereuses et stupides (comme jouer avec des mortiers et se faire littéralement arracher la tête, vu ce matin aux nouvelles). Juste, on a intégré (ou pas) la potentialité du résultat mortel... et ce n'est pas pour ça que l'on ne vit plus qu'en fonction de l'évitement de ces risques, sinon on ne vivrait plus du tout.
Donc, pourquoi ne pas finir, aussi, par intégrer le risque épidémique de la même manière ?...
C'est pas très positif, j'en conviens. Et ce n'est pas le genre de discours qu'on a très envie d'entendre mais bon... quand je vois tous les efforts qui ne marchent pas, au regard des sacrifices à faire, et qui pourraient se révéler, à terme, un remède pire que le mal... je ne dis pas que j'ai raison, mais je ne peux pas m'empêcher d'y réfléchir.
