patto a écrit:
Ton satori vécu à l'adolescence, ce que tu désignes par le joli mot d'épiphanie est une réalisation d'ordre purement existentiel, un "changement de paradigme individuel" dans ton attitude face à la mort et dans la perception de ton être
Non, c'était plus que cela. Ce n'était pas une sorte de réalisation intellectuelle nihiliste, du genre « j'ai beaucoup réfléchi à l'impermanence et la vacuité, et j'ai réalisé que... ».
C'est vraiment quelque chose qui m'est tombé dessus, sans prévenir, et que j'ai ressenti au moins autant (si ce n'est davantage) dans mes tripes que dans mon cerveau. J'ai vraiment vécu cela comme si j'avais soudainement accédé à une sorte d'état supérieur qui n'était pas mon état normal et qui s'apparentait à une forme d'expérience 'métaphysique' ou 'mystique'.
Il est très difficile de décrire cela avec des mots, mais sur ce point, il faudra me croire : c'était vraiment un état de conscience modifié.
J'ai eu l'occasion de discuter après coup avec plusieurs personnes (dont un ami très proche) qui sont des chrétiens et qui m'ont raconté le moment où ils ont rencontré Dieu (dans leur cas, on peut vraiment parler d'
épiphanie au sens strict

), et j'ai vu dans leurs expériences pas mal de points communs avec la mienne : en général c'est arrivé alors qu'ils étaient couché, attendant de dormir, et ça s'est produit soudainement sans préavis, en les plaçant dans une sorte d'état intérieur tel qu'ils n'en avaient jamais connu auparavant.
En revanche, il y a des différences en terme de contenu avec ce que j'ai vécu : beaucoup m'ont fait état d'une joie extrêmement intense — parler d'extase ne me semble pas déplacé vu le contexte ; et enfin, Dieu s'est clairement manifesté à eux, de telle sorte qu'il n'aurait plus été possible pour eux de douter de son existence après coup. Il n'est pas anodin de préciser que tous ces gens étaient déjà chrétiens avant de vivre leur épiphanie (ou bien 'modérément' croyants, ou bien issus de familles portées sur la religion) ; leur rencontre n'a donc occasionné aucune conversion ou revirement radical d'opinion.
Mon expérience à moi en comparaison fut complètement profane.
patto a écrit:
Après, les sensations et les "expériences" pouvant survenir chez les méditants, notamment les plus avancés, aussi extatiques soient-elles (sensation de léviter, visions lumineuses...), c'est une tout autre affaire.
Je n'ai jamais entendu parler de ce genre de chose chez les bouddhistes et méditants que j'ai croisé... mais il faut dire que ce n'est pas le type de sujet qu'on aborde spontanément au détour d'une conversation !
Metronomia a écrit:
Ar So, à te lire, j'ai l'impression que la deuxième expérience via la pratique du zazen a été moins intense. Je me trompe ou c'est le cas? Car si c'est le cas, on pourrait t'objecter que c'est bien la preuve que les deux événements n'étaient probablement pas tout à fait du même ordre/de même nature.
Je n'ai pas été probablement très clair dans mon message, car non : ces deux expériences intérieures (celle vécu étant ado, et celle, répété, durant le zazen) se ressemblent beaucoup.
Je ne pourrais pas affirmer qu'elles sont entièrement similaires, principalement parce que je n'ai qu'un souvenir imprécis de ce qui m'est arrivé étant jeune ; j'ai ainsi l'impression que l'expérience du zazen est un chouïa moins forte, mais ce ne pourrait être qu'une déformation liée à ma mémoire défaillante qui a amplifié avec le temps les sensations extraordinaires vécues lorsque j'étais ado.
Metronomia a écrit:
Et d'ailleurs combien d'expérienceurs ayant vécu une NDE tout court en reviennent finalement avec la certitude d'une vie qui se prolonge ailleurs et sous une autre forme? Parce que ce sont ceux que l'on entend tout le temps mais peut-être ques la réalité est plus complexe?
Oui, c'est une question que je me suis déjà posé.
Force est de constater que les témoignages de NDE ont souvent été collectés par des gens qui croyaient dur comme fer à l'idée que les NDE n'étaient pas un simple phénomène bénin, mais bien un révélateur de quelque chose d'autre (hypothèse dualiste de séparation entre l'âme et le corps, hypothèse du cerveau comme "poste de radio", etc) : il ne me semble donc pas absurde de penser que ces gens n'ont consigné que les témoignages qui leurs semblaient pertinents pour démontrer leurs hypothèses et qu'ils ont écarté le reste. En fait, dans le cas de vieux briscards comme Moody et Charbonnier, ou d'enthousiastes contemporains comme Déthiollaz : j'en suis même convaincu.
Autre point : les personnes qui ont vécu des NDE comme de simples hallucinations et pas comme une expérience extraordinaire sont vraisemblablement moins susceptibles d'en témoigner. On voit moins l'intérêt de raconter ce qu'on pense être trivial.
La meilleure preuve, c'est qu'en 15 ans que je fréquente des forums consacrés au paranormal, c'est la première fois que je raconte cette histoire. Pour moi, il n'y a pas grand chose à en dire : j'ai vécu des trucs, mais comme je n'ai aucune certitude ou indice sur la nature de cette expérience, j'aurais tendance à penser que c'est juste un tour de mon petit cerveau organique.
No big deal, comme disent les anglophones.