Encyclopédie du paranormal - Déjà-vu

     Déjà-vu


Sensation d'avoir déjà observé ou vécu une situation présente


L'expression déjà-vu désigne la sensation irréelle d'avoir déjà observé ou vécu une situation présente. Le terme a été créé en 1876 par le philosophe et médium français Émile Boirac (1851 - 1917), dans son livre L’avenir des sciences psychiques. Le synonyme paramnésie est également utilisé pour désigner la sensation de déjà-vu.

Daguerréotype d'Emile Boirac (fin du XIXème siècle)

Le déjà-vu est souvent accompagné d'un sentiment diffus d'étrangeté et d'irréalité.
Les circonstances de l'expérience précédente où l’évènement aurait déjà été vécu sont le plus souvent incertaines. Le sujet n’arrive pas à rattacher cette impression de déjà-vu à un de ses souvenirs. L’expérience est de fait souvent attribuée à un rêve, bien que certaines personnes rapportent avoir réellement vécu la situation dans le passé.

De même, lorsque le temps passe, les sujets peuvent se souvenir fortement de l'étrangeté de la sensation vécue... mais beaucoup moins bien de l'évènement lui-même ou des circonstances durant lesquelles ils ont eu cette sensation de déjà-vu.

La sensation de déjà vu semble assez répandue, puisque suivant les sondages, entre 70% et 97% de la population a déjà vécu ce phénomène au cours de sa vie. Tous les âges sont concernés, même si le phénomène semble plus courant chez les jeunes adultes entre 15 et 25 ans.
Des références y sont faites dans la littérature du passé, qui attestent qu'il ne s'agit pas d'un phénomène récent.


Explication scientifique du phénomène


Bien qu’il soit très courant, il est difficile d'étudier le phénomène de déjà-vu dans le contexte d'un laboratoire car on ignore comment le déclencher chez le sujet étudié. C'est pourquoi peu d'études empiriques (basées directement sur l’expérience personnelle vécue par le sujet) sont parues jusqu'à ce jour.

L'explication la plus répandue est que le déjà-vu résulte d'une anomalie de la mémoire, qui donnerait l'impression qu'un instant quelconque serait « remémoré ».
Cette anomalie pourrait provenir d'un recouvrement entre les systèmes neurologiques responsables de la mémoire à court terme et ceux du long terme. Il y aurait donc une « erreur » de placement des nouvelles informations reçues par le cerveau : l’instant t vécu par le sujet ne serait pas considéré comme un événement présent, lié à la mémoire court terme, mais comme une sorte de souvenir lié à la mémoire long terme. Le cerveau trouverait ensuite un complément crédible, bien qu'imaginaire (rêve ou souvenir fictif), qui ferait disparaître la sensation au bout de quelques minutes.

Parmi les autres explications avancées, on peut citer les suivantes :

  • il pourrait s'agir d'une mauvaise reconnaissance temporelle, à cause d'une confusion entre la situation actuelle et une autre situation vécue, qui était semblable mais pas identique.
  • une reconnaissance d'un événement dont on ne se souviendrait qu'inconsciemment (ce serait le phénomène de cryptamnésie). Sigmund Freud avait développé des théories similaires dans son livre Psychopathologie de la vie quotidienne (1901) : pour lui, le déjà-vu est provoqué par la perception d’un fantasme dont le sujet n’a pas conscience.
  • un très court arrêt de l'activité cérébrale en charge de la gestion des souvenirs. Deux souvenirs identiques mais distincts du même événement existent, d’où l’impression de « revivre » l’événement en question.
  • un décalage temporel dans la réception ou le traitement des informations par le cerveau. Cette théorie, proposée par le neurologue Robert Efron, explique que parmi les nombreuses informations arrivant au cerveau, certaines pourraient avoir un très léger retard et le cerveau les interpréterait comme ayant déjà été enregistrées.
  • une variante de cette théorie repose sur la vision : un œil pourrait fonctionner très légèrement plus vite que l'autre, créant ainsi un décalage entre les informations envoyées au cerveau. Cette théorie n'explique pas le phénomène lorsque des sens tels que l'ouïe et l'odorat sont touchés, et que les borgnes aussi connaissent cette sensation.

Il y aurait une forte corrélation avec certaines formes d'épilepsie, en particulier l'épilepsie temporale.
Certaines combinaisons de produits médicamenteux, avec une action dopaminergique sur le cerveau, pourraient également provoquer cette sensation. L’impression de déjà-vu aurait également pu être induite par hypnose.

L’induction artificielle du déjà-vu et son implication dans certaines pathologies ont permis de cibler la zone cérébrale impliquée dans le déjà-vu : il s’agirait de la région rhinale, une petite partie du lobe temporal interne du cerveau, au niveau de l'hippocampe. Cette zone serait impliquée dans la détection et l’analyse des situations nouvelles, et de déterminer si elle est familière ou non.

Vue en coupe du cerveau montrant l'emplacement de l'hippocampe de l'hémisphère gauche. L'hippocampe de l'hémisphère droit n'est pas visible sur le schéma, il est symétrique au gauche

Certains chercheurs comme Alan Brown, Arthur Funkhouser ou Vernon Neppe, pensent qu’il n’y a pas un unique phénomène de déjà-vu avec différentes explications possibles, mais qu’il existerait plusieurs sortes bien distinctes de déjà-vu. Certaines seraient liées à des troubles de la mémoire, d’autres à un dysfonctionnement cérébral...


Explications paranormales


Pour les partisans du spiritisme et selon diverses théories new-age, le déjà-vu correspond à la réminiscence de souvenirs issus d’une existence antérieure ; ils y voient ainsi une preuve de la réincarnation? ou de la métempsycose?.
D’autres encore interprètent le déjà-vu comme le vague souvenir de rêves prémonitoires? ayant eu lieu pendant les nuits précédentes, et donc une preuve du pouvoir de prescience?.

La réalité des vies antérieures? et des rêves prémonitoires? n’ayant jamais pu être démontrée, ces explications sont jugées comme peu crédibles par la communauté scientifique.
En outre, la valeur du déjà-vu comme preuve de la prescience? est réfutée, dans la mesure où cette sensation intervient simultanément à la situation vécue, et jamais avant que celle-ci n’ait lieu.


Troubles de la mémoire similaires ou associés au déjà-vu


Le phénomène possède plusieurs variantes moins fréquentes :

  • le « jamais vu », qui consiste à avoir une sensation d'étrangeté face à une situation déjà vécue, voire familière, en ayant pourtant l'impression qu'elle se produit pour la première fois.
  • le syndrome du « bout de la langue », aussi appelé « presque vu ». Il consiste à se sentir sur le point de retrouver un mot ou nom déjà connu, sans pouvoir se le rappeler... à moins que le nom lui-même ne soit suggéré par autre chose.
  • l’ecmésie, qui est la résurgence d'un souvenir passé qui est vécu comme un événement présent. L’ecmésie est un symptôme associé à diverses maladies mentales (dont l’hystérie et la démence sénile) et pathologies comme l’alzheimer et l’épilepsie temporale (dans laquelle on retrouve également la sensation de déjà-vu, comme vu ci-dessus).

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Traduction anglaise : Déjà-vu, Deja-vu

Noms alternatifs : Paramnésie

Liens complémentaires :

Article "What is déjà-vu ?"
Article "Deja vu recreated in laboratory"

Bibliographie :

  • The Deja-vu Experience, de Alan S. Brown, Psychology Press (2004)

Catégories : D ; Parapsychologie ; Phénomènes ; Sciences
Auteur : Anty ; Ar Soner
Mise en ligne : 21/02/11
Dernière modification : le 10/07/12 à 16:43