George MacKay, qui joue Schofield, n'est pas si obscur que ça tout de même, même s'il n'a pas l'aura d'un Colin Firth ou d'un Benedict Cumberbach... Cela dit, il a une belle filmo à son actif (on l'a vu notamment dans le très beau
Secret des Marrowbones, voir plus haut...

).
Pour le reste... je rejoints Psychopompos. Je pense que Mendes a, enfin ?, trouvé son aboutissement de réalisateur (sans doute aussi que l'univers balisé de James Bond ne lui permettait pas d'évoluer librement), et renoue avec des sujets plus profonds, le souffle épique en plus.
J'avoue qu'au départ, j'ai crains le syndrome
Birdman et j'ai eu un peu peur que la recherche de perfection technique et visuelle (le plan séquence est impressionnant de maîtrise, avec des mouvement de caméra fluides, souples, jamais forcés) nuise à l'émotion... Au final, plus le film avance, plus celle-ci s'installe... On suit 2 hommes perdus dans une guerre qui les dépasse, qui semble monstrueuse et aussi fantasmagorique qu'absurde.
On voit très peu les "ennemis", ils surgissent ça et là, comme des fantômes sans visages, sous la forme de coups de feu ou de silhouettes à peine entrevues... ce qui les rend, eux aussi, en un sens monstrueux...
Les décors sont eux aussi très bien choisis : à un village de ruines irradiées d'une lumière orange venue d'on sait où (qui font penser à des cimetières de films d'horreur, ou les ruines d'une cité perdue...) répondent des paysages de campagne et de nature bucoliques, verdoyants, parfois puissants comme un torrent (qui font penser à la Nature sublime, parfois indifférente, parfois consolante, comme chez Malick)... là encore, les hommes sont perdus au milieu, poursuivis par une Guerre qu'ils comprennent à peine et dont les enjeux leurs échappent complètement. La guerre ne fait pas des hommes des héros, c'est un monstre sans yeux ni visage qui les dévore, et les rend monstrueux à leur tour. La critique de la logique belliciste est parfois plus incisive qu'il n'y parait, d'ailleurs. Dispensée par petites touches, elle est parfois acerbe... (Mendes s'est tout de même fait connaître par le mordant
American Beauty).
Finalement,
1917 est plus proche de films de fantasy et de genre, dans les codes visuels, et dans l'esprit, complètement raccord avec des films de guerre "sur la guerre" comme
La Ligne Rouge de Malick et assez loin des films de guerre à tendance "héroïsante" comme un
Il faut sauver le Soldat Ryan.
Le tout avec une maîtrise esthétique et technique impressionnante. Bref, si
1917 est très bien placé pour les Oscars, ce n'est pas pour rien. (même si ça s'annonce très serré... moi je verrais quand-même bien Meilleur Réal pour Mendes avec
1917, même si Meilleur film je suis moins sûre...

)