Vu It 2 aujourd'hui. Disons le tout net, Ça 2 n'est pas un film qui m'a marquis.
Blague à part, Ça 2 est un véritable festival aux poncifs. On y retrouve des zombies, des psychopathes armés d'un couteau qui tentent de se frayer un chemin via la porte close d'une salle d'eau, une prophétie, un rituel à accomplir, un moment où les héros doutent, des jump-scares en pagaille, un groupe d'amis que tout oppose et qui réussiront à s'unir dans l'adversité; et une morale pourrave du type l'amitié est plus forte que les monstres.
Le film commence par une scène visiblement hors de tout contexte : dans une foire de Derry, la ville la plus sinistre du Maine, un jeune couple d'homosexuels se fait harceler par des péquenauds homophobes. L'un des deux gars est jeté dans la rivière, où il est dévoré, sous les yeux horrifiés de son compagnon, par un clown maléfique. Eh oui ! Vous l'avez deviné : le plus schumpéterien des monstres vient d'entamer un nouveau cycle.
Aussitôt, Noir le Noir prévient tous ses amis du club des Losers : Lunettes, Barbu le Sportif, l'Écrivain, l'Hypocondriaque, et Fille la Fille. Tous vivent une vie bien rangée et banale de jeune millionnaire un peu partout dans les USA ; seul Noir le Noir est resté au pays. Lors d'une scène d'exposition excessivement longue, les vieux amis se retrouvent au resto, prennent des nouvelles les uns des autres, et se font agresser par des fortunes cookies qui se transforment en monstres (qui rappellent beaucoup ceux des Idées noires de Franquin). Autant le dire tout de suite : le film est bourré de monstres très bien rendus, très bien animés, au design très intéressant, effrayant à souhait, et qui font voler en éclats la suspension consentie de l'incrédulité dès lors qu'on les voit.
Long story short : Pennywise est de retour, Noir le Noir en est sûr, les amis ne veulent pas le croire, tout le monde veut se barrer, mais finalement non, l'amitié est plus forte que tout, et ils vont rester pour lui botter ses fesses de clown une bonne fois pour toutes. Pour ce faire, ils doivent accomplir le rituel des Tchoudes, tel qu'indiqué par une vieille prophétie amérindienne (...) qui consiste à réunir pour chacun d'entre eux un objet auquel ils tiennent (....) et à les brûler tous ensemble dans un abat-jour magique (.....) afin que les ténèbres qui en résulteront (......) vainquent les lumières maudites qui animent Pennywise, dont on apprend au passage qu'il vient de l'espace et qu'il s'est posé sur Terre au XVIIIe siècle (.......). Mission est donc donnée à chacun des amis de trouver dans la ville un objet qui symbolise la première fois qu'ils ont eu à combattre le clown maléfique, afin de pouvoir accomplir correctement le rituel des Tchoudes. La quête au MacGuffin le plus idiot du monde a donc commencé.
Fille la Fille se rend dans son ancienne maison, où habite désormais une petite vieille affable. N'ayant jamais lu Le petit chaperon rouge, et ayant également loupé le passage de Harry Potter VII où la petite vieille affable était en réalité un serpent déguisé, Fille la Fille ne se méfie pas de la grand-mère, et farfouille dans ses papiers jusqu'à trouver une ancienne carte postale que lui avait écrit Barbu le Sportif du temps qu'il était gros. Évidemment, sur ces entrefaites, la mémère s'était transformée en mégère nudiste pleine de dents, qui manque de tuer Fille la Fille.
Nos autres héros ne chaument pas non plus et ont également tôt fait de trouver des artéfacts des temps anciens et de la première fois qu'ils ont eu à lutter contre Pennywise. L'Écrivain retrouve son vieux vélo de course, Lunettes un jeton de borne d'arcade, etc. Cependant, Foudingue le Redneck poignardeur parvient à s'enfuir de prison grâce à l'aide d'un zombie (...), et manque de peu de tuer l'Hypocondriaque. Il tente ensuite de tuer Noir le Noir, avant d'être finalement achevé par Lunettes. Le voilà hors-jeu, alors que toutes ses interventions dans le film étaient tellement anecdotiques que c'est à peine si on s'était rendu compte qu'il avait un rôle d'antagoniste à jouer.
Je précise par ailleurs que le film est traversé de flash-backs divers, et que les héros adultes ne peuvent pas mettre les pieds à un endroit sans qu'un fondu-enchaîné ne nous propulse dans le premier film pour nous en remontrer les scènes essentielles. Pour moi qui avait un peu oublié l'argument de Ça 1, c'est plutôt pratique.
Bref. Ayant tous récupéré leur MacGuffin respectif, les amis se rendent tous dans la maison hantée de Derry afin d'y traquer Pennywise. Parlons peu parlons bien, le clown maléfique prend un nombre incalculable d'apparences différentes, visuellement très intéressantes mais au final assez peu effrayante car bien trop irréalistes, et les combat du mieux qu'il peut. Les amis entreprennent de réaliser le rituel des Tchoudes pour le vaincre, mais celui-ci échoue. (C'était bien la peine si vous voulez mon avis). Cela nous donne cependant droit à quelques scènes d'anthologie où les six amis, trempés, à bout de souffle, hurlent des incantations sous une lumière stromboscopique, dans une esthétique qui n'est pas sans rappeler les grandes heures de StarGate.
Finalement, alors que l'Hypocondriaque est blessé à mort et s'apprête à mourir, un des Losers plus malin que les autres se rend compte qu'il suffit de cesser de croire à Pennywise pour qu'il cesse d'exister : tous se mettent alors à le traiter de tous les noms, à le rabaisser, à le bizuter, et à insulter sa mère. Le clown, qui jusqu'à présent tentait de les tuer et s'en sortait même plutôt bien, se laisse faire, prend bien garde de ne pas répondre, se contente de les regarder d'un air un peu triste tandis qu'il devient de plus en plus petit. Au bout d'un moment, il est suffisamment faible pour que l'un des Losers puisse s'emparer de son cœur, que tous écrasent ensemble. Pennywise n'est plus.
Son antre maléfique s'effondre alors sur elle-même, et tous les amis s'enfuient du mieux qu'il peuvent. La ville est sauvée, Pennywise est détruit. Deux morts sont cependant à déplorer : Stan, dont je n'ai pas parlé parce qu'il s'était suicidé au début du film plutôt que de repartir à la chasse au clown ; et l'Hypocondriaque. Les autres personnages s'en remettent du mieux qu'ils peuvent, et tentent de mener de nouveau une vie normale.
Note positive : Barbu le Sportif et Fille la Fille sortent désormais ensemble. Comme quoi, si Fille la Fille avait explicitement refusé de sortir avec le petit gros de la bande, il a suffi que ce dernier devienne super musclé, attrape un menton carré avec une belle barbe de kéké, et devienne le joueur vedette d'une équipe de football latino-américaine, et pouf il peut se la taper. La morale est sauve.
En conclusion, il y a de belles images, mais ce n'est pas spécialement un bon film. Nonobstant le fait qu'il soit un peu foutraque, et outre les poncifs plus qu'éculés qu'il collectionne avec insolence, ce que je lui reprocherais surtout, c'est de mêler en permanence les flash-back au présent, l'imaginaire au réel, le vrai au faux. Au final, on ne sait plus ce qui est "vrai" et ce qui est imaginaire, et il n'y a plus aucun enjeu.
_________________ « C'est une paralysie du sommeil. Ou bien un orbe. » (vieille sagesse zététique).
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