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La vie en société c'est quand tout le monde est là et qu'il n'y a personne. La vie en société c'est quand tous obéissent à ce que personne ne veut.
Celle-là, je ne suis pas d'accord, mais c'est plus par sentiment que rationnellement, donc je ne pense pas que ça soit utile qu'on en débatte.
Ah ah. J'en étais sûre qu'elle allait faire un peu causer.
Personnellement, j'aime bien ce genre de provocation contre-intuitive...
Car quand on y réfléchit bien... elle pose la question de "qu'est-ce que c'est qu'être
là" ? Il est évident que ce n'est pas juste être physiquement présent. Pourtant, la plupart des gens en société se contentent d'être physiquement présents. De fait, la plupart des gens se sentent seuls en société, et à juste titre : il n'y a
personne.
Etre là signifie être présent. Être présent au présent. Présent dans l'instant présent... or, la plupart des gens (en fait, tout le monde moi compris) sont à de très rares instants présents au présent. On est toujours dans une projection mentale du passé ou du futur, dans ses intentions. Dans l'idée que l'on se fait des gens, dans le jugement aussi, plutôt que dans l'écoute et dans l'attention à ce qu'ils
sont véritablement.
Bref, être véritablement présent, c'est en soi un exercice de pleine conscience.
D'autre part, sur la volonté... vous remarquerez que la vie en société, dans une société démocratique est essentiellement un consensus. Un compromis. Donc une forme de renoncement. De fait, chacun, pour vivre en société, a accepté, plus ou moins à regrets, des morceaux, plus ou moins grands, de sa volonté profonde. Et cette acceptation induit du déni, forcément.
En fait, ce que j'aime bien c'est que cette phrase pose des questions que l'on sans doute pas envie de se poser. Remet en cause des choses que l'on considère comme aller de soit... bref, elle remplit parfaitement le rôle de toute vraie spiritualité et toute vraie philosophie : nous détruire intérieurement, détruire toutes les fausses certitudes auxquelles on s'accroche pour s'illusionner d'être "vivants".
Le poète, le mystique et le philosophe (à ne pas confondre avec BHL ou Onfray, je précise au cas où) partage une chose : quelque part, ce qu'ils proposent c'est une forme d'anarchie. Une anarchie intérieure qui remet en cause les axiomes les plus basiques sur notre existence.
C'est pour cela que, lorsqu'une forme de totalitarisme se met en place et bien... ce sont eux que l'on commence à vouloir à faire taire, ou éliminer*.
*toute ressemblance avec la situation actuelle n'étant que purement fortuite...
