patto a écrit:
C’est une affaire de goût. Moi j’ai trouvé ce film surfait, surjoué (Vincent Cassel : au secours !) et au final d’un vide vertigineux. Le personnage principal est tellement effacé et enfermé dans son silence que ça en devient horripilant. Pendant tout le film on se demande : va-t-il se décider à parler ? Au lieu de ça, il faut supporter les scènes d’hystérie familiale avec la mère, la sœur, le frère, dont il semble être le déclencheur sans qu’on comprenne jamais le pourquoi du comment. Et quand le générique de fin arrive, la seule question qui vient à l’esprit se résume à un mot : « Et ?.. »
Je crois que j'arrive à percevoir pourquoi tu penses ça et je dois dire que tout n'est pas complètement faux dans ce que tu dis. Par contre, personnellement, je n'arrive pas à parler de "vide vertigineux". Il se passe et se dit quand même plein de choses dans ce film. Idem pour la notion de "surfait": c'est une notion que, personnellement, je n'aime pas car telle que je l'entends et la comprends, elle a l'air de dire qu'il y aurait des choses ou des oeuvres qui sont
objectivement meilleures que d'autres. Le "surfait" suppose forcément qu'on situe son jugement par rapport à ce qui devrait être attendu collectivement (je ne sais pas si je suis très claire?). Dans cette optique et qu'on le veuille ou non, on est donc en train d'invalider le jugement de celles et ceux qui auraient aimé et qui, limite, devraient presque avoir honte d'avoir aimé. Perso, c'est pas trop mon truc. Tout le monde a d'excellentes raisons d'aimer ou de détester une oeuvre. Il n'y a donc jamais d'oeuvre "surfaite" dans la mesure où quand elles ont été aimées par des gens, nous n'avons absolument pas à juger ou décrédibiliser ce qui a motivé ce goût.
Par contre, Cassel fait dans ce film, il est vrai, du Cassel donc aucune surprise. Mais personnellement, je suis justement très cliente de Cassel qui fait du Cassel donc j'étais bien contente de le voir à nouveau camper avec brio un beau salopard. Dans
Mon roi, de Maïwenn, il est parfait aussi.
Quant aux scènes d'hystérie familiale, elles font justement partie de ce que j'ai personnellement aimé dans ce film. Elles viennent évidemment réagir à la violence muette infligée par le personnage d'Ulliel.
Lorsque tu dis "sans que l'on comprenne le pourquoi du comment", je ne sais pas trop par contre à quoi tu fais référence? Car l'enjeu du film est évident dès le début et on comprend au contraire très bien d'emblée ce qui motive le silence de l'un et les cris et pleurs des autres, qui ne veulent surtout pas entendre ce qui s'en vient.
Autre truc que j'ai beaucoup aimé à titre perso: le jeu d'acteur d'Ulliel et Cotillard. Ulliel, très taiseux, réussi à faire passer tout ce qu'il veut avec son regard. Même chose pour Cotillard. J'ai trouvé que c'était une des grandes forces du film et que c'était de belles performances d'acteurs.
Après et en conclusion, je te rejoins quand même sur le fait qu'on est pas sur le film du siècle. Dolan a déjà fait bien mieux (et moins bien aussi

). Mais je trouve que ça reste un bon film à voir.