No Body a écrit:
Ouais, t'a bien raison. Gardons les paresseux et les incompétents et détruisons les actionnaires et les managers. Après tout, c'est eux le vrai problème......
Vu que l'on parle de structures ayant mis en place un système de procédures et de suivi informatique du travail, j'imagine qu'il s'agit d'entreprises de taille conséquente. La TPE ou la petite PME n'a pas les moyens ni l'utilité de ce genre de choses.
Et donc, oui, je persiste et signe : les actionnaires ou les managers sont souvent infiniment plus nocifs à la santé économique ou humaine de l'entreprise que n'importe quel salarié paresseux ou incompétent.
Dans le cas des actionnaires, la tendance actuelle pour ces derniers est de vouloir rentabiliser au plus vite leur investissement, au détriment de toute vision à long terme pour l'entreprise. Le summum de ce type de comportement se trouve dans les fonds d'investissements, dont la méthode habituelle consiste à mettre de l'argent dans une boîte pour la moderniser et 'rationaliser' son fonctionnement, puis la presser comme un citron, et la revendre complètement exsangue au bout de quelques temps (l'entreprise met souvent la clé sous la porte dans les années qui suivent) afin de réaliser une plus-value. Accepter un fond d'investissement parmi ses actionnaires, c'est presque l'équivalent pour une entreprise d'un « baiser de la mort » (ce n'est pas pour rien que ce sont d'ailleurs plutôt les start-up ou les jeunes entreprises désespérément en manque de capitaux qui acceptent ce genre de deal).
Je n'ai malheureusement pas d'exemple québécois dans ma besace, mais en France, l'exemple le plus caricatural et honteux de ce type « d'actonariat vampire » est celui de l'aéroport de Toulouse - Blagnac . Les parts détenues par l'état français dans l'aéroport ont été vendu en 2015 à un actionnaire chinois pour une somme modique, ce dernier s'étant engagé à investir en retour dans la modernisation de l'infrastructure. Résultat des courses : l'actionnaire a largement siphonné les réserves de la structure (c'est-à-dire la trésorerie accumulée depuis des années !), puis il a voulu verser en dividendes
l'intégralité des revenus de l'aéroport pendant 5 ans. Ce n'est heureusement pas passé. Voyant que l'affaire n'était finalement pas aussi rentable qu'espéré, l'actionnaire est actuellement en train de chercher un acheteur auquel revendre l'intégralité de ses parts (en réalisant une grosse plus-value, cela va sans dire). Quant aux investissements dans l'infrastructure... 4 ans après, on les attend toujours.
Je pense que cet actionnaire a été infiniment plus nocif à l'aéroport que n'importe quel de ses employés, fut-ce le dernier des tire-au-flanc.
En ce ce qui concerne les managers, on leur apprend dès les bancs de l'école à ne considérer les salariés que comme de simples variables d'ajustement qu'on peut pressurer à fond pour les forcer à donner le maximum d'eux-mêmes (quitte à ce que ça soit au détriment de leur santé ou de leur vie de famille). C'est un phénomène bien documenté, tant par les sociologues que par les témoignages d'anciens managers/DRH 'repentis'.
Des boîtes françaises comme Orange (35 suicides entre 2008 et 2010) et la Poste (50 suicides entre 2016 et 2018) illustrent bien le coût humain qu'a ce nouveau management, qui cherche la productivité et la rationalisation avant tout.
M'est avis que les managers de La Poste ont produit bien plus de malheurs autour d'eux que le plus mauvais des facteurs de l'entreprise, non ?
No Body a écrit:
On veut le meilleurs pour les employés mais on refuse les outils pour évaluer les charges de travail qui permettrais de définir quel poste est en surcharge et quel poste est sous utilisé.
Justement, c'est ça le truc : il n'y a
absolument pas besoin de ces outils pour évaluer la charge de travail.
Les salariés sont en général suffisamment avisés/compétents/honnêtes pour estimer leur nombre d'heures travaillées, et s'ils sont ou non en surcharge ou en sous-charge. Et si on ne fait pas entièrement confiance aux salariés (ils pourraient ne pas être complètement objectifs), il suffit de demander aux autres employés quels services semblent manifestement être en surcharge : en général, au sein d'un boîte, on sait très bien quels sont les gens qui sont sur-sollicités (ce sont ceux qu'on voit partout en même temps et qui courent dans tous les sens l'air épuisé/excédé

).
Il y a d'autres outils (comme l'analyse des flux au sein de l'entreprise) qui permettent également de déterminer à quel régime tournent les postes. Je ne les connais pas tous, très loin de là... Mais il faut bien se dire qu'on se débrouillait très bien pour faire ce genre de choses avant l'invention de l'informatique, et sans avoir à fliquer les moindres faits et gestes des employés !
Dans le cas de Metrotte, si le technicien auquel elle a eu affaire est vraiment mauvais, il y a d'autres façons pour le management de le savoir. Le directeur du service informatique pourrait par exemple réaliser une enquête anonyme auprès des personnes ayant bénéficié d'un appui technique pour récolter leur avis.
A mon sens, la balance bénéfice/risque de ce suivi informatique des tâches est clairement défavorable ; d'un côté, il n'est absolument pas indispensable, et de l'autre, il met un pouvoir bien trop grand dans les mains de la direction.
No Body a écrit:
A moins que ce soit radicalement différent en France, le rôle de l'usager est de remplir un ticket et le rôle du tech info est de les traiter. Ce n'est, ni dans un cas ni dans l'autre une surcharge, c'est partie intégrante du boulot.
Sauf que cela peut représenter un temps conséquent : je l'avais calculé, le reporting de mes activités me prenait 2 jours entiers (16 h, pour un travail mensuel de grosso-modo 160 h par mois).
Et encore : comme je le disais ci-dessus, je me permettais de réaliser ce reporting de façon assez légère. D'autres de mes collègues devaient documenter le moindre contact avec des personnes extérieures à la structure, la raison de ce contact, etc. Cela leur prenait un temps monstrueux... qui n'était même pas compté dans leurs heures de travail, en plus !