Pablo Servigne semble reprendre du service.
En quelques jours à peine, ce sont déjà deux entrevues avec lui qui viennent d'être publiées.
La première ici :
https://www.youtube.com/watch?v=SUt6g6sMzVALa deuxième là :
https://www.youtube.com/watch?v=SvYEOh7VDVUPour l'instant, je n'ai regardé que la première en intégralité. J'entame tout juste la seconde.
Je suis assez contente de voir ces vidéos émerger car j'ai souvent repensé à lui et à la collapso ces derniers temps, et je me demandais justement comment Servigne voyait les choses avec grosso modo 10 ans de recul, et quel bilan il tirait de tout cela.
Sur la première vidéo, je n'ai pas eu de grosses surprises. J'ai trouvé que Servigne manquait peut-être un peu de précision parfois dans le bilan qu'il dressait des 10 dernières années et qu'il passait aussi un peu vite sur certains points, voire même qu'il avait l'air de se contredire par moments, comme par exemple lorsqu'il glisse entre deux phrases que c'était une "erreur de jeunesse", à l'époque, de fixer une date pour l'effondrement (horizon 2030) alors que personne ne peut prédire l'avenir mais qu'il ajoute immédiatement après qu'il le "croit toujours".
Ca aurait sans doute mérité d'être développé/approfondi (il cite juste vite fait l'IA qui, d'ici 2 ans, aura transformé le monde, mais sans aller plus loin).
Par contre, et même si j'ai globalement de la sympathie pour le personnage, que je trouve intéressant et auquel je reconnais le talent d'avoir sensibilisé une bonne partie de la population à des questions jusque-là assez largement ignorées, j'avoue être toujours un peu dérangée par ce que je juge être des pirouettes réthoriques assez commodes, en mode "pile je gagne, face tu perds".
Par exemple, il vient maintenant nous expliquer que pour lui, l'effondrement a toujours été synonyme de renaissance par la suite et que cela n'a pas été bien compris à l'époque alors que ça lui semblait à lui évident. Soit, pourquoi pas. Mais dans ce cas, si cela lui semblait si évident, pourquoi ne l'a-t-il pas plus martelé à l'époque, alors même que nombreux étaient celles et ceux qui le taxait de catastrophisme ?
Idem, dans la deuxième vidéo. Celle-ci débute à peine que je me questionne déjà sur deux de ses déclarations : d'abord quand il dit que pour lui, nous sommes en plein milieu de l'effondrement et que l'effondrement n'est pas un moment mais bien un processus. Alors ok, soit, je peux entendre l'argument. Et vu le contexte national et international actuel, loin de moi l'idée de fermer d'emblée la porte à cette idée. Mais il manque alors un point fondamental : peut-il ici nous dire exactement ce qu'il entend par effondrement, nous en donner une définition propre et nette et nous dire quelle(s) forme(s) celui-ci est supposé prendre lors de sa survenue ? Parce que sans définition précise, il pourra toujours arguer qu'il a raison et ce sera impossible d'en débattre ou de le contredire si on ne sait pas exactement de quoi il parle (mais bon, peut-être va-t-il développer le point par la suite, je lui laisse donc le bénéfice du doute).
Mais aussi (surtout ?) : quel sens cela peut-il bien avoir de dire que l'effondrement est un processus et de dire dans le même temps qu'il croit toujours à un effondrement d'ici 2030. Si c'est un processus, alors comment le dater aussi précisément ? Qu'est supposé représenter 2030 ? Le début de l'accélération du processus ? Son milieu ? Sa fin ? Et une fois cela posé, comment définit-on et repère-t-on son début, son milieu, sa fin ?
J'avoue par ailleurs que je commence aussi un peu à grincer les dents quand il attaque directement la seconde vidéo en disant que la collapso a, depuis le début, été un pari, une pirouette philosophique qui consiste à dire : "Nous n'avons pas la certitude du futur et ne savons pas ce qu'il va se passer mais on va considérer la catastrophe comme certaine afin justement de pouvoir l'éviter".
Alors moi j'veux bien mais c'est quand même un peu facile. Parce qu'à supposer que l'on se mette d'accord sur une définition valide et partagée de l'effondrement, si celui-ci n'advient pas, ce sera bien commode de venir nous dire ensuite : "Mais oui, c'est normal puisque grâce à la collapso on a réussi à l'éviter".
Et pourquoi parler de pari si c'est pour nous dire dans le même temps qu'il est en fait convaincu qu'on est déjà dedans ?
Bref, je trouve tout cela tout de même assez vague et confus. Je devine que ces remarques ne sont pas nouvelles et qu'elles ont dû lui être objectées un paquet de fois déjà, mais c'est au moins l'occasion de constater qu'il n'a pas forcément beaucoup bougé là-dessus depuis.
Mais sans doute faut-il que j'écoute la deuxième entrevue dans son intégralité avant de trop juger. Et je suis en tout cas plutôt contente qu'il refasse parler de lui car ça peut de toute façon donner lieu à des discussions intéressantes.