Encyclopédie du paranormal - Ange

     Ange


Créature céleste dans les différentes traditions religieuses


Aussi appelé Angelus en latin, Mal’ak en hébreu, ou Aggelos en grec, l’ange est défini par les différents courants religieux comme un être invisible, envoyé de Dieu, intermédiaire entre Dieu et les hommes. Sa fonction première est celle du messager chargé de transmettre les prières des fidèles, mais aussi de transmettre aux hommes les enseignements de Dieu. L’ange est également décrit comme un pur esprit soumis à la volonté divine. Il est chargé d’accompagner l’homme dans son cheminement spirituel en lui servant de guide et de conseiller, tout en respectant son libre arbitre. L’ange revêt également une fonction protectrice (l’ange gardien). Saint Basile affirmait ainsi que chaque être humain possède un ange gardien qui lui est propre. Dans certains cas, l’ange peut aussi apparaître dans un registre plus guerrier. Les écrits font ainsi parfois état « d’armée des anges », ou « armée des cieux ». Il n’existe pas vraiment de description précise quant au nombre exact des anges. Toutefois les textes bibliques parlent de « myriades », de « multitude », ou de «mille milliers ».

Il est bon de préciser que dans les textes anciens, l’ange n’est pas considéré comme une créature à part entière, mais comme la manifestation visible de Dieu lui-même apparaissant aux hommes. C’est au Moyen-Age que la notion d’anges messagers, intermédiaires entre Dieu et les hommes est énoncée.

Les représentations de l’ange sont multiples et varient selon les écritures et les religions. Dans leur forme la plus courante, les anges sont représentés ailés, afin de symboliser leur rôle de messagers. Cette symbolique est reprise dans le Coran qui précise que les anges peuvent ainsi revêtir de deux à quatre ailes leur servant également à se déplacer. Le prophète Mahomet décrit par ailleurs l’ange Gabriel vêtu de cent quarante paire d’ailes, alors qu’Isaïe vit des séraphins pourvus de six ailes : « deux pour se couvrir la face, deux pour se couvrir les pieds, deux pour voler ».

Les anges gardiens représentés dans une toile de J.H.S. Mann (XIXème siècle)

Les Evangiles de Matthieu, Marc et Luc font également état de « vêtements » ou « robes blancs comme la neige », « éclatants de lumière ». Selon l’Hadith (la parole de Dieu adressée à Mahomet puis aux hommes), les anges eux-mêmes sont constitués de lumière. On y retrouve également une autre allusion dans le récit qui accompagne l’apparition de l’ange venu rouler la pierre du tombeau dans lequel se trouvait Jésus : « Son visage avait l’aspect de l’éclair ». Cette notion de lumière éclatante accompagne donc souvent les récits d’apparitions angéliques. Dans ses enseignements, l’apôtre Pierre décrit par ailleurs les anges comme « supérieurs en force et en puissance » par rapport à l’homme. Ils sont également décrits comme rapides et pouvant parcourir ciel et terre en un clin d’œil, sans toutefois posséder le don d’ubiquité. Les différents écrits leur prêtent également une intelligence supérieure à celle de l’homme, mais inférieure à celle de Dieu qui lui seul est omniscient.

Parmi ses différentes formes de matérialisation, l’ange est également décrit comme une voix intérieure, symbolisant la conscience de l’homme et son éternel combat entre le bien et le mal. Il peut également se présenter sous la forme d’un souffle, d’une main qui pousse, ou d’un sentiment de calme, de bonheur et de paix intérieure. Dans certains passages bibliques, l’ange apparaît en songe à différents personnages, mais se présente aussi parfois sous une forme physique, à l’instar de l’ange Gabriel venu annoncer à Marie la naissance prochaine du Christ. Dans tous les cas, les écrits relatent systématiquement les apparitions d’anges sous une forme masculine, bien qu’ils soient également décrits par la religion islamique comme étant asexués.

Les anges ne se retrouvent toutefois pas seulement dans les écrits religieux. Certaines personnes affirment avoir été en contact avec leur ange gardien au cours de certaines expériences de mort imminente, ou parfois lors de grands conflits. C’est par exemple le cas de la légende des anges de Mons qui auraient protégé l’armée britannique au cours de la Première Guerre Mondiale. D’autres cas d’apparitions célestes similaires sont également mentionnés durant l’antiquité et au Moyen-Age.

Origines

Certains textes sumériens et babyloniens font déjà état de créatures semblables aux anges. On trouve également trace d’êtres similaires en Egypte, en Asie, en Mésopotamie et en Iran où l’ange, sous une forme invisible, possède une fonction dominante de protection des hommes, de la nature et des animaux, mais aussi des portes du paradis. Dans le mazdéisme indien, les anges sont très présents et regroupés en différentes hiérarchies correspondant à leurs fonctions.

La reconnaissance des anges a été rendue officielle par l’Eglise catholique lors du Concile de Latran IV en 1215, les faisant ainsi pleinement entrer dans le dogme chrétien.

  • Les anges dans la chrétienté

Il faut attendre l’annonce de l’Ancien Testament, et en particulier la Genèse, pour voir les premiers anges officiels apparaître. C’est ainsi une créature angélique qui empêche le sacrifice d’Isaac par son propre père. Par la suite, Jacob qui s’était endormi sur une pierre, vit en songe une échelle plantée dans le sol et se dirigeant jusqu’aux cieux, sur laquelle des anges montaient et descendaient. Jacob fit un peu plus tard à nouveau face à des anges au cours d’une lutte intérieure contre Dieu. Moïse, alors qu’il gardait son troupeau sur la montagne Horeb (ou Sinaï), rencontra l’ange de Dieu dans un buisson en feu. Les Israélites, lors de leur fuite d’Egypte, furent accompagnés par l’ange de Dieu marchant en tête d’armée. Alors qu’il faisait route avec les princes de Moab, Baalam, un devin mésopotamien, rencontra un ange armé d’une épée qui par trois fois lui barra le chemin. Un autre personnage du nom de Gédéon reçut la visite d’un ange venu lui confier la charge de délivrer Israël. Pour s’assurer que c’était bien l’ange de Dieu qui s’adressait à lui, Gédéon alla chercher des offrandes qu’il présenta à l’ange. Ce dernier tendit alors le bâton qu’il tenait à la main, et un feu jaillit, consumant viandes et pains. C’est également un ange qui apparaît en songe à Elie pour l’inciter à prendre des forces dans sa fuite de Jézabel.

L'ange s'opposant à Baalam, d'après les textes de l'Ancien Testament (gravure de Gustave Doré)

Le Nouveau Testament relate lui aussi quelques apparitions angéliques figurant parmi les plus connues des écrits bibliques. Ainsi Zacharie qui se rendait au Temple, vit apparaître un ange venu lui annoncer la naissance prochaine de son fils Jean. C’est ensuite l’ange Gabriel qui apparût à Marie afin de lui signifier la naissance d’un fils dont elle donnera le nom de Jésus. Le soir de Noël, les bergers veillant sur leurs troupeaux virent apparaître un ange puis une armée céleste qui les inonda de lumière, avant de leur annoncer la naissance du Christ. Un autre ange apparaît en songe à Joseph afin de l’avertir du danger qui menace l’enfant Jésus, dont la vie est menacée par le roi Hérode. Alors que Jésus est tenté par le diable sur la montagne du Temple de Jérusalem, des anges s’approchent de lui pour le servir. C’est également un ange qui descend du ciel pour rouler la pierre figurant l’entrée du tombeau de Jésus, avant d’annoncer la nouvelle de sa résurrection. L’apôtre Pierre, emprisonné par Hérode, eut ce qui lui sembla être une vision dans laquelle un ange lui apparut et l’aida à sortir de sa prison avant de disparaître. Enfin, c’est l’apôtre Paul qui, au cours d’un voyage vers Rome, eut un songe dans lequel il vit apparaître un ange.

Les textes de l’Apocalypse écrits par Jean font également allusion à l’apparition d’un ange venu avertir de la chute de Babylone, ou de Saint Michel et ses légions d’anges emportant la victoire face à un serpent. Enfin, les textes non canoniques tels que le livre d’Enoch évoquent quand à eux les anges en présentant certaines figures emblématiques telles que les anges Michel, Raphaël, ou Gabriel.

  • Les anges dans le judaïsme

L’angélologie juive commence à prendre forme dès 587 après J.C., lors de l’exil de Babylone par le peuple d’Israël. C’est à ce moment là qu’un courant de pensée s’inspirant beaucoup des anciennes traditions mésopotamiennes voit le jour, et les anges deviennent un moyen de communication entre Dieu et les hommes. Une personnification des anges permet d’attribuer à certains d’entre eux un nom correspondant à la fonction qu’ils sont censés occuper, ou à une caractéristique qui leur est propre.

La tradition juive présente quelques similitudes avec le courant de pensée chrétien, notamment par la présence des sept archanges entourant le trône de Dieu, dont trois portent un nom commun : Michel, Gabriel et Raphaël. On retrouve également quelques concordances dans la description même des anges qui sont représentés comme des êtres supérieurement intelligents et pourvus d’ailes, pouvant se manifester aux hommes sous une forme humaine.

  • Les anges dans l’Islam

L’angélologie est très présente dans la tradition musulmane qui dénombre trois types de créatures : les anges, les djinns, et les démons. Les anges (appelés rusul) sont considérés comme des êtres parfaits, dénués de tous défauts et supérieurs aux hommes et aux prophètes. Ainsi selon certains versets coraniques : « Ils ne désobéissent pas à l'ordre de Dieu, ils font ce qui leur est commandé. Ils ne devancent pas la Parole et ils agissent sur son ordre. Ils célèbrent ses louanges nuit et jour sans jamais s'interrompre ». Selon les écritures islamiques, les anges, hormis leur rôle de messagers, possèdent différentes fonctions, dont celle de protéger le ciel des éventuels démons désireux d’en percer les secrets.

L’ange Gabriel tient une place importante dans l’islam, puisque c’est lui qui inspire à Mahomet les écritures saintes qui formeront par la suite le Coran. Il se présente également sous une forme humaine à Abraham puis à Marie.

Les écritures signalent également l’existence d’un ange de la mort, chargé d’amener vers Dieu l’âme des défunts.

Hiérarchisation des anges

Suivant les différentes religions et courants de pensée, les anges ont toujours été en perpétuelle évolution qu’il s’agisse de leur apparence ou de leur rôle. C’est toutefois au VIème siècle sous l’influence du Pseudo-Denys l’aéropagite, que la hiérarchisation des anges devient effective. Cette hiérarchie (aussi appelée "hiérarchie céleste") se divise ainsi en trois catégories bien distinctes, comprenant chacune des sous-hiérarchies :

  • La hiérarchie supérieure : composée des chérubins, séraphins et trônes.
  • La seconde hiérarchie : composée des puissances, des dominations et des vertus.
  • La troisième hiérarchie : composée des principautés, des archanges et des anges.

Les chérubins et les séraphins revêtent une importance particulière puisqu’ils sont souvent associés au trône de Dieu qu’ils entourent et glorifient. Dans l’Ancien Testament, le chérubin est par ailleurs mentionné comme ornement du propitiatoire (ou trône) qui surmonte l’arche d’alliance. Ce sont également deux chérubins sculptés en bois d’olivier, leurs ailes déployées se rejoignant, qui se dressent au centre du temple du roi Salomon.

Les dominations, vertus et puissances sont traditionnellement chargées de l’accomplissement des miracles et de la lutte contre les démons. Cette catégorie d’anges est souvent représentée tenant un bâton de commandement d’une main, et le sceau de Dieu d’une autre.

La troisième hiérarchie regroupe les anges chargés de la protection des hommes et de la terre. On retrouve également les archanges dont le nom signifie « le plus puissant » ou « le premier ». Dans la Bible, seul Michel est cité sous son rang d’« archange saint Michel », ou « saint Michel archange ». On retrouve toutefois des références régulières aux archanges dans le Livre d’Enoch.

Vitrail de l'abbaye de Maredsous (Belgique) représentant l'archange Gabriel

Enfin à cette hiérarchie générale, il convient d’ajouter les anges déchus pour s’être détournés de leur fonctions initiales. Selon les textes de l’Apocalypse ainsi que les écrits coraniques, Satan lui-même aurait été un archange avant de se rebeller contre Dieu et être chassé du ciel.

Par ailleurs, la kabbale a défini un regroupement de soixante-douze anges gardiens dévolus à la protection de l’homme. Ces soixante-douze anges correspondent chacun à un degré du zodiaque, et le nom qui leur a été attribué individuellement répond à des exigences bibliques et ésotériques. De manière générale, on retrouve dans ces dénominations des terminaisons en El, ou Iha. Parallèlement, et sur un principe quasi identique, la kabbale a également déterminé soixante-douze démons censés incarner les faiblesses et les côtés sombres de l’homme. Cette symbolique démontre bien l’idée d’une perpétuelle opposition entre la bonne et la mauvaise conscience de l’être humain, mais démontre également combien la kabbale était étroitement associée à l’astrologie. Comme pour les anges, les démons se composent eux-aussi d’une hiérarchie particulière divisée en plusieurs sous-catégories. Parmi les démons de premier ordre dans cette hiérarchie figurent ainsi Belzébuth, Satan, Erynome et Lucifer.

Bien que l’existence des anges soit reconnue par les écrits bibliques, certains théologiens estiment aujourd’hui que leur présence dans les différents textes était principalement utilisée dans un but théophanique afin d’illustrer la manifestation visible de Dieu, et de permettre d’éviter la profusion des religions païennes polythéistes. Simple croyance sans fondements pour les uns ou moyen de communiquer avec Dieu pour les autres, les anges demeurent en tout cas bien présents dans l’imaginaire collectif, et constituent le trait d’union entre le matérialisme de l’homme et le chemin de la spiritualité.


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Traduction anglaise : Angel

Bibliographie :

  • Les anges et toi, de Jean-Charles de Castelbajack, Michel Lafon (1996)

Lien complémentaire :

Page Dictionnaire élémentaire de l'islam

Catégories : A ; Créatures ; Mythes et folklore
Auteur : Linele
Mise en ligne : 23/01/10
Dernière modification : le 13/12/13 à 14:49