Encyclopédie du paranormal - Aura

     Aura


Dans les spiritualités et en parapsychologie, halo lumineux supposé entourer les personnes ou les objets



L'aura est un concept ésotérique désignant un halo rayonnant autour des objets ou des êtres vivants, manifestation extérieure de leur « force vitale » sous la forme d'un champ d'énergie. L'aura se caractériserait typiquement par sa forme et sa couleur, et serait particulièrement développée chez les personnes saintes ou spirituellement évoluées.

Vue d'artiste de l'aura, sur l'Homme de Vitruve de Leonard de Vinci

Selon les clairvoyants affirmant pouvoir percevoir les auras, celles-ci apparaissent comme un nuage de brume ou de vapeur plus ou moins lumineuse, plus ou moins colorée, avec des contours plus ou moins définis, s'étendant sur une distance variable (de quelques centimètres à plus de 1 mètre) au delà du corps humain.

L'existence de l'aura n'a toutefois jamais pu être démontrée et n'est donc pas reconnue par la communauté scientifique.


Origine et histoire du concept


L'origine exacte de la notion d'aura et son évolution à travers le temps ne sont pas connus avec certitudes.
L'étymologie la plus couramment acceptée est que le terme vient du grec αὔρα et du latin aura, signifiant « brise » ou « souffle d'air ». Les ésotéristes privilégient cependant une autre étymologie : आर (ara), terme sanskrit désignant les rayons d'un roue, ce qui est vu comme une allusion aux radiations énergétiques émanant du corps humain.


L'aura est très probablement liée aux halos lumineux autour de la tête, convention artistique et symbole marquant une divinité ou un saint homme dans la plupart des religions de l'ancien monde. Cette idée est attestée depuis l'Antiquité, puisque Homère rapportait déjà dans l'Iliade que la tête des héros sur le champ de bataille semblait entourée d'une lumière surréelle.
On retrouve par la suite cette notion dans les 3 grandes religions abrahamiques :

  • dans le christianisme, les auréoles des saints, des prophètes et des anges ; ou la mandorle (halo en forme de fuseau) entourant le Christ sur certaines représentations ;
  • les miniatures perses présentent des halos de flamme (nommé en perse farr « gloire ») autour du visage du prophète Mohammed ou de certains sages, dans le monde de l'Islam ;
  • le judaïsme fait assez peu usage des auréoles et halos comparativement à l'Islam et au christianisme ; on peut toutefois citer l'exemple de Moïse et de ses « cornes lumineuses » après avoir reçu l'appel de Dieu.

Sur une miniature perse, Mohammed mène Jésus, Abraham et d'autres prophètes à la prière. Le halo farr figure sous la forme d'un cercle de flammes ; on notera que celui de Mohammed est plus grand que celui des autres prophètes
(Source : S. Ramezanmahi et H. Bolkhari Ghahi, The Manifestation of Fire and Light in the Icons of Mir-Heidar’s Miraj Nameh)


Dans le bouddhisme et l'hindouisme, ces halos ne se limitent pas forcément à la tête et peuvent éventuellement englober l'ensemble du corps. Selon la tradition orale, Bouddha aurait eu le corps entouré de 6 auras de couleur différente après avoir atteint l'illumination ; ce motif de 6 couleurs fut repris dans le drapeau bouddhiste créé à la fin du XIXème siècle.
Dans le jaïnisme, selon le concept de lesya, l'âme passe par différentes couleurs selon son poids karmique et ses qualités en matière de compassion et de bienveillance.
Le mystique indien Meher Baba (1894 - 1969) affirmait que l'aura possédait 7 couleurs ; emmagasinant les pensées et les émotions, elle était susceptible de se transformer en un véritable halo grâce à des entraînements spirituels.

Les différentes auras et leur couleur ont été souvent associées (tant par les hindous eux-même que par les auteurs New-Age modernes) aux 7 chakras, des points vitaux énergétiques répartis le long du corps et à chacun desquels la tradition du kundalini yoga attribue également une coloration particulière.

Thangka (peinture sur toile) tibétaine, représentant le dieu Mahakala entouré d'une mandorle enflammée


Le concept d'aura dans son sens moderne semble avoir pris forme au sein de la Société Théosophique, une association spiritualiste formée à la fin du XIXème siècle. Les membres de la Société Théosophique tirait une grande partie de leur inspiration des religions orientales et en particuliers de la mystique indienne (la Société a d'ailleurs son siège à Adyar en Inde), aussi peut-on supposer que c'est par ce biais que ce concept a été diffusé.
Le théosophe (et clairvoyant auto-proclamé) Charles Leadbeater écrivit en 1897 un ouvrage entier consacré à l'aura, dont il fixa les caractéristiques et propriétés. Leadbeater décrivait l'aura comme une brume lumineuse entourant le corps humain, et il reprenait l'idée d'un classement par couleur. Par la suite, de nombreux auteurs affiliés à la Théosophie (ou à des mouvements voisins comme l'Anthroposophie) développèrent leurs propres théories sur l'aura.


A la fin du XIXème et au début du XXème siècles, suite à la découverte de la radioactivité et des rayons X, l'idée que les progrès de la Science finiraient par démontrer l'existence de l'aura était très répandue chez les ésotéristes.
La photographie était également en plein essor, et les clichés montrant des halos et des brouillards lumineux autour des personnes (notamment les célèbres photos prises par le docteur Hippolyte Baraduc dans les années 1890) passaient pour des preuves matérielles de la réalité des auras auprès des théosophes... Tandis que les spiritistes, eux, y voyaient plutôt une manifestation des esprits et de l'âme humaine.

Durant les années 1910 et 1920, le médecin londonien Walter John Kilner mena des recherches pour identifier et caractériser l'aura de ses patients. Convaincu de son existence, Kilner assimilait l'aura à une forme de rayonnement ultraviolet dont les caractéristiques dépendaient de l'humeur et de la santé du sujet. A l'aide d'un dispositif particulier se présentant sous la forme de lunettes (voir chapitre suivant, Caractéristiques supposées de l'aura), Kilner prétendait pouvoir distinguer l'aura.
Par la suite, les travaux de Kilner furent assimilés par les Théosophes (notamment Arthur E. Powell) et ils sont encore parfois utilisés de nos jours comme des preuves scientifiques de l'existence de l'aura.

Modèle de lunettes de Kilner modernes, en vente dans le commerce

Les idées de Kilner sont apparentées à d'autres théories comme celle des L-Fields (proposée par le médecin Harold Saxton Burr dans les années 1930) ou celle des champs morphogénétiques (avancée par divers scientifiques dès le début du XXème siècle et popularisée par le biologiste Rupert Sheldrake en 1981). Ces diverses hypothèses postulent l'existence d'un "champ énergétique" généré par les êtres vivants, changeant selon leur santé, leurs expériences... et pouvant les influencer en retour, voire transmettre des informations sur plusieurs générations.
Ces théories ont influencé le milieu du New-Age, et certains auteurs les mélangent occasionnellement avec des conceptions plus "traditionnelles" de l'aura.


Le concept d'aura a été vulgarisé auprès du grand public dans les années 60 avec le développement du New-Age et de la contreculture hippie, qui se sont fortement nourris des spiritualités précédentes (Théosophie, Anthroposophie) ainsi que des religions asiatiques. Le célèbre « faux lama » Lobsang Rampa lui consacre un livre entier (Les secrets de l'aura, 1965).
En 1999, le couple Lee Carol et Jan Tober publièrent le livre Les enfants indigo : Enfants du troisième millénaire et popularisent la théorie des enfants indigo, qui prétend s'appuyer sur les auras pour déterminer l'évolution spirituelle des gens.

L'aura est devenue depuis très populaire dans certains milieux. Les personnes se proclamant « vampires psychiques » affirment parfois puiser l'énergie des autres gens par leur aura.
Dans la mesure où de nombreuses théories New-Age affirment que les caractéristiques de l'aura changent en fonction de la santé ou de l'humeur des personnes (voir partie suivante), certains magnétiseurs ou « bio-énergéticiens » prétendent pouvoir détecter l'aura et agir sur celle-ci pour guérir les troubles de la santé.


Caractéristiques supposées


Comme souvent dans le New-Age, de très nombreuses variations et divergences conceptuelles se sont développées autour de la notion d'aura. Il est donc très difficile de dresser une liste exhaustive des caractéristiques attribuées à l'aura, qui ne sont pas unifiées et peuvent fortement varier selon les sources et les auteurs.


Selon les théories, l'aura se développerait autour du corps entier, ou seulement au dessus de certaines parties du corps.
De même, conformément à la conception religieuse ancienne des halos et auréoles, seuls les saints hommes ou les sages posséderaient une aura... Toutefois Helena Blavastky, la fondatrice de la Société de Théosophie, stipulait dans son Glossaire théosophique (1892) que tous les êtres vivants et même des choses inanimées comme les objets ou les rochers en étaient pourvus. Cette idée semble être devenue la norme chez les auteurs New-Age actuellement.

Image présentée comme la photographie de l'aura d'un enfant, observée via des lunettes de Kilner

La nature de l'aura est rarement explicité par les partisans de son existence, qui la décrivent simplement comme une « énergie vitale », une « force magnétique » ou « électrique », un « éther »... sans rentrer davantage dans les détails. L'aura a pu également être vu comme une émanation de l'âme de la personne, ou de son corps astral - qui rentrerait en jeu dans les phénomènes de décorporation et de NDE.
De nombreuses théories affirment que l'aura trouve son origine dans le qi et le prana, des concepts d'énergie vitale issus des cultures asiatiques, ou qu'elle résulte de l'activité de chakras.

L'auteur Robert Bruce a avancé dans son livre Auric Mechanics and Theory (2000) que l'aura n'est pas réellement lumineuse, mais qu'elle est perçue par un 6ème sens encore inconnu de l'être humain et ensuite interprétée comme une forme de lumière par le cerveau. L'aura ne peut être vue dans le noir complet, à moins qu'au moins une partie du corps de la personne ne soit éclairée.


Il est souvent affirmé qu'il n'y aurait pas une, mais plusieurs auras qui se développeraient en "couches" successives autour du corps humain.
D'après Rudolf Steiner (1861 - 1925), fondanteur de l'Anthroposophie et ancien théosophe, l'aura posséderait deux composantes dont les paramètres (couleurs et forme) seraient déterminés pour l'une par le corps physique de la personne, et pour l'autre par son état spirituel. Son contemporain, l'occultiste britannique Walter Ernest Butler affirmait pour sa part que la première aura était spirituelle et la seconde éthérique.
Walter J. Kilner prétendait avoir identifié 3 auras grâce à ses lunettes (voir ci-dessous) : le double éthérique, l'aura interne et l'aura externe, se développant sur une dizaine de centimètres au delà du corps de ses patients.
De nombreux auteurs new-age modernes distinguent de 4 à 7 auras différentes, aux noms et aux caractéristiques variables (par exemple : les auras physique, éthérique, énergétique, émotionnelle, intellectuelle, divine et spirituelle).

Dans de nombreuses théories, le nombre et la couleur des auras sont calqués sur les 7 chakras du kundalini yoga

Les auras seraient caractérisées par leur couleur. Cette couleur dépendrait du sexe de la personne, ou de son "évolution spirituelle". Les enfants indigo sont ainsi nommés par leurs inventeurs car leur aura serait violette, signe de leur maturité psychique.
Selon d'autres théories, les auras n'auraient pas de couleur fixe mais au contraire une teinte variable, changeant en fonction de la santé de la personne (ce qui permettrait aux clairvoyants de détecter des maladies), de son état émotionnel et de ses sentiments (l'aura changerait si l'on éprouve de la colère, de la tristesse ou de la joie)...


Dans la plupart des croyances, l'aura serait invisible au commun des mortels ; seuls les gens dotés de capacités spéciales, comme les médiums ou les magnétiseurs, pourraient les distinguer à l’œil nu. Dans le meilleur des cas, les auras très fortes laisseraient une impression vague et diffuse aux personnes se trouvant dans leur périmètre.
Toutefois, la perception des auras serait possible à tous via le biais de certains exercices d'entrainement, de la méditation, ou par l'usage d'appareils particuliers.
Le médecin Walter J. Kilner est connu pour avoir inventé dans les années 1910 les "lunettes de Kilner", un dispositif se présentant sous la forme de lentilles remplies de solutions alcooliques colorées. Placées sur les yeux, ces lunettes facilitaient selon Kilner la perception du spectre lumineux entre dehors des zones normalement visibles à l'oeil nu, et donc rendaient possible la vision de l'aura. Avec de l'entraînement, il était même possible de se passer du dispositif et de percevoir les auras sans les lunettes.

Photographie d'un effet Kirlian autour d'une clé à molette

En 1936, le russe Seyon Kirlian créa un dispositif permettant de prendre des « clichés » de halos colorés autour des êtres vivants et objets placés dans un fort champ électrique. Ce phénomène a été interprété comme une preuve de l'existence de l'aura, bien qu'il soit réfuté par les scientifiques (voir partie suivante).


Point de vue sceptique et critiques


La principale critique formulée par les sceptiques de l'existence de l'aura est que celle-ci n'a jamais été mise en évidence de quelque façon que ce soit. Elle n'a ainsi jamais pu être mesurée malgré l'usage d'appareils sophistiqués – alors qu'il n'y aucune raison physique pour que des machines ne puissent percevoir l'aura si l'oeil humain en est capable. L'existence de l'aura postule en outre l'existence d'une mystérieuse « énergie vitale » complètement inconnue de la Science, ce qui s'intègre mal dans l'ensemble de nos connaissances en biologie et en physique.

Les exercices qui permettraient de s'entraîner à voir les auras et qui sont proposés par les auteurs New-Age ou les forums sur Internet, reposeraient en réalité sur des phénomènes physiologiques simples comme la persistance rétinienne ou des illusions d'optique... et n'auraient donc rien à voir avec une quelconque capacité surnaturelle.
Les migraines ou la fatigue peuvent également provoquer des perturbations du champs visuel et favoriser la perception de « lumières fantomatiques » similaires à des auras.

De façon plus générale, certains travers du courant New-Age (tels que l'absence de consensus entre les auteurs qui peuvent parfois soutenir des idées contradictoires, ou le recourt à des théories erronées d'un point de vue scientifique) sont reprochés chez les partisans de l'existence des auras.

Sur cette illusion d'optique très connue, la persistance rétinienne liée au contraste blanc/noir et les micro-mouvements de l’œil contribuent à créer une mince « aura » autour de la silhouette de Jésus

Plusieurs études ont démontré que les fameuses « photographies Kirlian », qui montrent des halos lumineux entourant des objets et qui sont souvent présentées comme une preuve de l'existence de l'aura, résultent en réalité de l'effet corona. Le fort potentiel électrique auquel est soumis l'objet placé dans le dispositif va entraîner une ionisation de l'air autour de celui-ci. Ce halo d'ionisation, éventuellement visible sous la forme d'un champ de lumière diffuse, est utilisé sur le dispositif de Kirlian pour impressionner une plaque photographique et ainsi donner naissance au cliché.
De nombreux paramètres comme l'humidité à la surface de l'objet, la température... influencent la façon dont l'air va se ioniser, et donc la taille et la couleur du halo, ce qui en fait un phénomène complexe et difficilement prédictible.


Depuis une dizaine d'années, de nombreux scientifiques ont avancé que la perception des auras pouvait s'expliquer par un trouble neurologique : la synesthésie. Cette maladie se caractérise par des dysfonctionnements cognitifs où deux ou plusieurs sens se retrouvent associés. Certains types de synesthésie affectent la vision, d'autres l'odorat, le goût, l'ouïe... La forme la plus répandue de synesthésie est dite "graphèmes-couleurs" : elle conduit à voir les nombres et les lettres colorés. Dans d'autres formes de synesthésie, les note de musique sont associées mentalement à des couleurs ; ou la lecture d'un mot va conduire la personne à percevoir immédiatement et involontairement un goût bien spécifique sur la langue.
Les formes visuelles de synesthésie pourraient expliquer la capacité de certaines personnes à voir ce qu'elles pensent être des auras. En 2004, le psychologue Jamie Ward du University College London a ainsi rapporté le cas d'une patiente qui percevait des halos colorés autour d'objets, de mot ou de personnes en fonction des émotions qu'elle ressentait pour eux.

Vision d'artiste de la façon dont une personne souffrant de synesthésie perçoit les lettres et les chiffres

Environ 4% de la population souffrirait de synesthésie, de façon plus ou moins marquée et parfois sans réaliser leur état (puisque vivant avec depuis toujours). Les origines neurologiques de cette maladie sont mal connues, mais il semble qu'elle soit génétique et donc potentiellement héréditaire.


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Traduction anglaise : Aura

Liens complémentaires :

Point de vue sceptique sur les auras, par Les Sceptiques du Québec
Point de vue New-Age sur les auras

Bibliographie :

  • Iconographie de l'aura : du magique au sacré, de Marie Giula Dondero (2005). Rivista dell'Associazione Italiana di Studi Semiotici.
  • The human aura : astral colors and thought forms, de Swami Panchadasi (1916). Ed. Advanced Thought Pub Co.

Auteur : Ar Soner
Mise en ligne : 03/03/13
Dernière modification : le 04/03/13 à 12:57