Encyclopédie du paranormal - Béhémoth

     Béhémoth


Créature titanesque des traditions religieuses chrétiennes, juives et arabes


Le béhémoth est une créature présente dans la tradition écrite et orale des trois principales religions abrahamiques : le christianisme, le judaïsme et l'Islam.
Le mot vient de l'hébreu בהמות (b'hemoth), pluriel de בהמה (b'hemah), terme désignant anciennement les gros animaux domestiques. Il s'agit ici d'un pluralis excellentiae, une méthode employée dans la langue hébraïque consistant à mettre un mot au pluriel pour exprimer sa puissance ; il est donc sous-entendu que le béhémoth est l'animal le plus grand et le plus puissant de toute la création.

En langue française moderne, le terme désigne métaphoriquement un animal de très grande taille.

Le béhémoth, surplombant le léviathan?, sur une peinture de William Blake dans une de ses illustrations du livre de Job (1826)

Dans la tradition chrétienne


Dans le livre de Job (40:15-24), le béhémoth est décrit comme une bête robuste et indomptable, aux os et aux membres tels des barres de fer. Dieu dit l'avoir créé en même temps que l'Homme ; il est herbivore et vit dans les marais.
Dans certaines versions de l'Ancien Testament, le terme "béhémoth" est directement traduit par "hippopotame" ou "taureau".

« Regarde bien ce monstre qu'est l'hippopotame : je suis son créateur, comme je suis le tien. C'est un simple mangeur d'herbe, comme le bœuf. Mais regarde la force qu'il a dans sa croupe, admire la vigueur des muscles de son ventre ! Sa queue est puissante, comme le tronc d'un cèdre ; ses cuisses sont nouées par des tendons puissants. Ses os sont aussi forts que des tubes de bronze, ses côtes font penser à des barres de fer.
De tout ce que j'ai fait, c'est bien lui mon chef-d'œuvre ! Moi seul, son créateur, je le tiens en respect.
Les hauteurs lui fournissent sa part de fourrage sur les lieux où s'ébattent les bêtes sauvages. Mais il va se coucher à l'abri des lotus, il se cache parmi les roseaux des marais. Il trouve une retraite à l'ombre des lotus, autour des peupliers qui bordent la rivière. Si le courant est fort, il ne s'en trouble pas ; même si le torrent jaillit jusqu'à sa gueule, il garde tout son calme. Tant qu'il ouvre les yeux, qui peut le capturer ? Va-t-on le retenir en lui perçant le nez ? »
(Job 40 : 15- 24, Bible en français courant)

Dans le livre d'Enoch, un apocryphe reconnu comme canonique par l'Eglise Orthodoxe d'Ethiopie dans le), le béhémoth est dépeint comme une bête mâle, terrestre et le compagnon léviathan? qui lui est une bête femelle et aquatique (Enoch 60 : 7-8).
L'apocalypse d'Esdras, texte due au mystique israëlite Esdras (Ière siècle de notre ère) et figurant en annexe dans certaines éditions de la Bible anglophone, expose des faits similaires : le léviathan? et le béhémoth ont été créés simultanément par dieu, et le premier se vit attribuer les milieux aquatiques tandis que le second règne sur terre (4Edras 6 : 49-52).

Dans la tradition hébraïque


Associé à l'élément terre, le béhémoth fait partie de la triade des monstres primordiaux, associé au léviathan? (eau) et au ziz (air).
Dans la Midrash et l'Aggada, il est précisé qu'il est impossible pour quiconque de tuer le béhémoth, seul le créateur de celui-ci (Dieu) en possède le pouvoir. Il est également dit qu'à la fin des temps, le béhémoth et le léviathan? vont se battre et s'entre-tuer ; leur viande sera alors servie au banquet des justes.

La Bible hébraïque reprend également le passage descriptif du livre de Job dans l'Ancien Testament.

Le béhémoth (sous la forme d'un taureau), le léviathan? (poisson) et le ziz (griffon) sur une miniature hébraïque

Dans l'Islam


Le béhémoth est présent dans la tradition orale musulmane, sous le nom de Bahamut ( بهموت‎ ). A l'inverse des autres religions monothéistes qui le voient comme un animal terrestre, l'Islam le dépeint essentiellement comme un créature marine.

Le bahamut arabe est un poisson si grand que l'homme ne peut l'embrasser du regard ; il flotte sur une mer sans fond, et supporte sur son dos un taureau nommé Kujata. Le taureau porte entre ses cornes une montagne, au sommet de laquelle se trouve un ange ; l'ange porte lui-même sur ses épaule les 6 enfers, la Terre et les 7 paradis.
C'est donc au final le monde entier qui repose sur le dos du bahamut.

Plus rarement, le bahamut est décrit avec une tête de buffle ou d'hippopotame.

En démonologie? classique


Loin de la description biblique qui le dépeint comme un simple animal de très grande taille, le béhémot a été vu occasionnellement comme un démon par certains auteurs et occultistes de la Renaissance et de l'ère moderne.

L'inquisiteur Henry Boguet affirme ainsi dans son Discours des sorciers (1602 ap. J-C.) que le béhémoth était « le roi de tous les enfants d'orgueil et de superbe ».
Dans son Dictionnaire Infernal (XIXème siècle), Collin de Plancy cite également le béhémoth dans sa hiérarchie des démons ; il en fait un mastodonte caractérisé par sa gourmandise ainsi que l'échanson des Enfers (la grande taille du monstre supposant un appétit conséquent et un intérêt pour la nourriture).

« Béhémoth. Démon stupide, chef des démons qui frétillent de la queue. Sa force est dans ses reins. Ses domaines sont la gourmandise et les plaisirs du ventre. Il est, aux enfers, sommelier et grand échanson. »
(Edition de 1818 du Dictionnaire infernal de Jacques Collin de Plancy)

Les gravures accompagnant l'article de Colin de Plancy dépeignent le béhémoth comme un éléphant bedonnant se tenant sur deux jambes.

Illustration du béhémoth dans le Dictionnaire Infernal de Collin de Plancy

Origine et hypothèses explicatives


Il a été suggéré par certains archéologues et théologiens que le béhémoth et le léviathan? pourraient trouver leur origine dans la mythologie sumérienne. Ainsi l'Enûma Elish (l'épopée babylonienne de la création du monde) met en scène deux divinités du chaos, Apsû et Tiamat, sous l'apparence de monstres gigantesques vivants dans l'océan primordial.
Le béhémoth serait peu à peu devenu avec le temps le mastodonte décrit dans les religions chrétiennes et hébraïques, seule la tradition orale musulmane ayant conservé les attributs marins archaïques du monstre.

Le béhémoth est parfois comparé au Hadhayosh, boeuf de la mythologie perse et zoroastre.


Dans la mesure où dans le livre de Job, le béhémoth est cité au milieu d'animaux réels, certains spécialistes pensent que le monstre mythologique est peut-être inspiré d'un vrai animal.
Se basant sur la descriptions du livre de Job, ont été ainsi proposés : le buffle, le rhinocéros, l'éléphant... mais l'hypothèse qui rencontre le plus de succès est l'hippopotame.
En russe, le mot "behemot" (бегемот) désigne d'ailleurs l'hippopotame.

Des créationnistes Terre-Jeune ont également avancé que le béhémoth était un sauropode préhistorique, réminiscence de l'époque où selon eux, les Hommes et les dinosaures se côtoyaient.


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Traduction anglaise : Behemoth

Sources et liens complémentaires :

Ressources bibliographiques :

  • Ancien Testament, Livre de Job, 40:15-24.

Référence biblique au Béhémoth, mais le nom de l'animal est parfois traduit d'une façon différente (hippopotame, colosse) suivant la version


Catégories : B ; Mythes et folklore ; Créatures
Auteur : Ar Soner
Mise en ligne : 26/07/09
Dernière modification : le 10/07/12 à 16:30