Encyclopédie du paranormal - Homoncule

     Homoncule


En alchimie, homme artificiel miniature


Un homoncule (du latin homunculus, « petit homme », pluriel : homunculi) est un être humain artificiel que certains alchimistes cherchaient à obtenir au Moyen-Age. Les homoncules sont décrits le plus souvent comme des ébauches imparfaites et inachevées, de très petite taille.

Le concept prend racine dans une forme de croyance en la "génération spontanée". De la matière organique putréfiée est sensée rejaillir une forme de vie. L'idée fausse, mais originale, de certains alchimistes est alors d'orienter la génération de la vie vers une forme humaine. Pour ce faire, certains exploitent comme matière première des moitiés de cadavres, d'autres du sperme ou du sang distillé.

L'alchimiste Paracelse est supposé avoir donné différentes recettes permettant de produire des homoncules, dans ses livres semi-légendaires De natura rerum (« De la nature des choses ») et De Homunculis (« Des homoncules »). Paracelse utilisait de la matière organique d'origine animale, soumise à une chaleur progressive et à l'influence favorable de certaines planètes ; une vapeur s'élevait du récipient et se solidifiait pour former peu à peu un homoncule. Paracelse détaillait également les avantages qu'on pouvait retirer de la possession d'un homoncule et la façon de le nourrir.

D'autres noms célèbres sont assimilés, parfois injustement, aux homoncules : Rhazès al-Rhazi , Thomas d'Aquin, Arnaud de Villeneuve, Henri d'Aragon, Cornelius Agrippa de Nettesheim, Paul Kraus, Robert Fludd...


Le concept de l'homuncule est assez similaire à celui du golem, qui est lui aussi un humanoïde artificiel créé au moyen d'une science ésotérique (la kabbale?) ; il se rapproche également de celui de la mandragore?, qui elle est une caricature miniature d'être humain.

Wagner et son homoncule, d'après le Faust II de Goethe. Gravure du XIXème siècle

Dans la seconde de partie du Faust de Goethe, Wagner, l'ancien assistant de Faust, arrive à créer un homoncule ; celui-ci guide Faust et Méphistophélès à la deuxième nuit de Walpurgis pour y rencontrer les anciens dieux de la Grèce Antique.
Dans les Homélies pseudo-clémentines, Simon le Magicien crée un petit garçon par transformation successive de l'élément air.


L'homoncule de l'alchimie européenne trouve son équivalent dans l'alchimie islamique : c'est le takwin (تكوين), qui est la recréation artificielle de la Vie en laboratoire. A l'inverse de l'homoncule, le takwin n'est donc pas nécessairement un être humain ; ce peut être un animal, un végétal ou un minerai.
L'obtention d'un takwin était l'obsession de nombreux alchimistes musulmans ismaéliens, dont le célèbre et semi-légendaire Jabir ibn Hayyan (qui fut connu en Europe au Moyen-Age sous le nom latinisé de Geber) qui en parla longuement dans son ouvrage le Livre des Pierres.

Les homoncules dans les spermatozoïdes de l'homme. Dessin de Nicolas Hartsoeker, dans son "Essai de dioptrique" (1695)

Le concept d'homoncule fait également écho à la théorie de la préformation, très en vogue chez les savants de l'Antiquité et du Moyen-Age pour expliquer le développement de l'embryon.
Selon cette théorie, le sperme de l'homme contient une version miniature du futur enfant à naître (l'homoncule), entièrement formée et opérationnelle, mais si petite qu'elle en est invisible à l'oeil nu. L'utérus de la mère ne joue que le rôle d'un réceptacle, d'un "nid" dans lequel l'homoncule est déposé lors de l'acte sexuel pour s'y développer et grandir. L'hérédité de l'enfant ne dépend donc que du père, la mère se contentant de jouer le rôle d'une "couveuse".
Avec la découverte des spermatozoïdes (qui seront longtemps appelés "animalcules") en 1667, la théorie de la préformation est popularisée. Des savants comme Nicolas Hartsoeker affirment que l'homuncule, réplique microscopique du foetus, est logé dans la tête du spermatozoïde.
Certains d'entre eux, comme François de Plantade en 1699, prétendront même à avoir réussi à l'apercevoir au microscope.

La théorie de la préformation s'est éteinte peu à peu au cours du XIXème siècle, avec l'essort de l'embryologie expérimentale et de la théorie de l'évolution.

Le concept d'homoncule est cependant toujours utilisé :

  • en psychiatrie, pour désigner l'attribution à une partie du corps humain d'un esprit qui lui serait propre ;
  • et en neurosciences : les homoncules sensitifs et moteurs sont des représentations imagées du développement sensoriel et de la commande des muscles suivant la surface qui leur est accordée sur le cortex du cerveau humain.

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Traduction anglaise : Homunculus

Noms alternatifs : Homunculus (pluriel : Homunculi)

Liens complémentaires :

Article Homunculus

Ressources bibliographiques :

  • The alchemical creation of life (takwin) and other concepts of Genesis in medieval Islam, de Kathleen Malone O'Connor (1994).

Auteur : Ar Soner ; Trotmany
Mise en ligne : 17/03/09
Dernière modification : le 10/07/12 à 17:26