Encyclopédie du paranormal - Manuscrit Voynich

     Voynich, Manuscrit de


Livre mystérieux, entièrement rédigé dans un alphabet inconnu et orné d’images étranges


Cet étrange ouvrage, découvert dans la bibliothèque d’une demeure italienne par l’antiquaire Wilfrid Voynich, n’en finit pas de déchaîner les passions. En effet, il est connu comme un des livres les plus mystérieux jamais écrits : il est entièrement rédigé dans un alphabet mystérieux, et décoré de peintures techniques ésotériques.

Wilfrid M. Voynich (ou Michał Habdank-Wojnicz) est né en 1865 à Hrodna, à l’époque en Russie. À cause de ses convictions de gauche, il est arrêté à Varsovie en 1886 et emprisonné un an et demi. Il est ensuite envoyé en Sibérie, mais il s’enfuit en 1890 et gagne l’Angleterre. Il épouse Ethel Boole et ils émigrent aux États-Unis, où ils ouvrent une boutique d’Antiquités.

Découverte du manuscrit

En 1912, il se rend en Italie, à Frascati, près de Rome. Là, en effet, les Jésuites veulent commencer la restauration d’un vaste palais (la Villa Mondragone), mais ils manquent de moyens. Ils décident alors de vendre une partie de leur collection de livres anciens à des antiquaires. Voynich entre donc en contact avec les religieux : il achète une trentaine de manuscrit, et finit par voir le livre en question.

« Alors que j’examinais les manuscrits (dit-il), dans l’intention d’acquérir une partie de la collection, mon attention fut spécialement attirée par un volume. Comparé aux autres qui étaient richement décorés d’or et de couleurs, il ressemblait tellement à un vilain petit canard que mon intérêt s’éveilla aussitôt. »

En effet, quand on voit son état, on ne peut que se demander les raisons de sa présence au milieu d’un si prestigieux ensemble. Il est assez moyen (22,5×16cm), sale, taché, moisi et troué. La couverture de vélin reliée par des cordons de cuir ne comporte ni titre, ni auteur. Il manque un certain nombre de feuillets (quatorze selon Voynich), et le parchemin des pages est tellement fin qu’on voit fréquemment le verso des pages par transparence. Voynich est tellement intrigué par ce manuscrit qu’il va l’emporter avec lui et tenter de le déchiffrer le restant de sa vie.

Constitution de l'ouvrage

Les 200 et quelques pages du manuscrit contenant environ 170 000 caractères peuvent se diviser en cinq parties, suggérées par le sujet des dessins :

  • Une première partie est dite Herbier. Dans celle-ci, on trouve les dessins de tout un ensemble de plantes. On trouve, en règle générale, un grand dessin d’une ou deux plantes par page, agrémenté d’un paragraphe. Selon la conservatrice en chef de la bibliothèque de l’Université de Yale Paula Zyats, où est conservé le document, il serait probable de dire que l’auteur y explique où trouver ces plantes, comment elles poussent et à quoi elles servent. Les dessins paraissent réalistes dans ce qu’il désignent et non dans leur exécution qui ne paraît pas fidèle à la réalité. Les illustrations se rapprochent de plantes bien connues (fougères, pavot, tournesol…) mais sont parfois garnis d’éléments étranges : des racines ornées de pointes, des sortes de pattes griffues, des greffons farfelus… Les dessins sont de style assez naïf, et coloriés assez maladroitement. Cet herbier prend environ toute la première moitié de l’ouvrage.
  • La deuxième partie est communément appelée Astronomie (bien que plus proche de l'Astrologie et de la Cosmologie). Elle contient un ensemble de dessins assimilés à des constellations : ce sont des cercles au centre desquels sont figurés étoiles, astres divers… Il est intéressant de constater qu’au milieu de certains de ces cercles, on retrouve des signes du zodiaque : dans l’ordre, Poisson (avec indiqué Mars), Bélier (Abril), Taureau (May), Gémeaux (Yony), Cancer, Lion (Anyst), Vierge (illisible), Balance (Octēbre), Scorpion (Novēbre), Sagittaire (illisible). On peut noter que le scorpion est représenté par une sorte de lézard, et que le lion ressemble davantage à un guépard.
  • La troisième partie est appelée Biologie/Balnéothérapie. Cette partie, on peut voir des femmes nues se baigner dans des sortes de bassins ou de baignoires remplis d’un liquide vert. Les baignoires et bassins sont reliés par des conduites et des rigoles. Un des feuillets montre une sorte de douche. Certaines des baigneuses portent des couronnes, d’autre tiennent des végétaux à la main ; le texte est ici très dense. Il est assez étrange de constater que certains bassins ressemblent à des organes.
Manuscrit Voynich

On peut voir ici une baigneuse installée dans une sorte de baignoire alimentée par un système de tuyauterie.

  • La quatrième partie, Cosmologie, recèle des diagrammes circulaires assez obscurs. Sur un feuillet dépliant en neuf parties, on peut voir un dessin compliqué de neuf « îles » reliées par des chemins. Deux des îles contiennent des châteaux.
  • La cinquième partie est appelée Pharmacologie. On y trouve beaucoup de petits dessins de plantes et d’appareils dits "de pharmacie", qui présentent des analogies avec les fours utilisés en Alchimie (athanor, four cosmique, four chimique) ; ces dessins sont légendés et garnis d’explications. Parfois, on retrouve une page de type herbier, avec un grand dessin de plante garni de son texte. On peut supposer qu’il y est expliqué comment couper et préparer ces plantes.
Manuscrit Voynich

Appareils pharmaceutiques et plantes légendés dans la partie "Pharmacologie".

La dernière partie – une vingtaine de pages – ne contient que du texte. Chaque paragraphe commence avec une puce en forme d’étoile.

Un autre aspect mystérieux du Manuscrit Voynich est l’alphabet qui constitue les textes qui le compose. Cet alphabet est totalement inconnu : on y décèle certains caractères inspirés du latin (a, o, i…), d’autres du grec, d’autres encore ressemblent à des chiffres arabes.

Manuscrit Voynich

Texte mystérieux extrait du Manuscrit Voynich, écrit dans un alphabet inconnu. Personne n'a réussi à décrypter ces textes jusqu'à présent.

Cet alphabet ne ressemblant à aucun autre (ou plutôt, au contraire, ressemblant un peu à tous les alphabets de l'époque) a donné du fil à retordre à bien des chercheurs. Jusqu'à aujourd'hui, personne n'a réussi à traduire le Manuscrit Voynich.

Tentatives d'explication

La fréquence d’utilisation des mots semble indiquer qu’il s’agirait d’une langue naturelle. De nombreuses hypothèses ont été avancées à ce sujet : certains penchent pour un simple système de cryptage, d'autres pour un système de transcription phonétique de langues d'extrême-orient, d'autres encore pour une "langue polyglotte" qui serait mélange d'allemand, de français et de flamand....

Au sujet de l'usage du livre, plusieurs hypothèses s’offrent à nous : ce livre était-il un recueil alchimique, un livre scientifique/médical crypté, une œuvre ésotérique cathare, un rapport relatant une guerre ancienne et oubliée ?

De même, plusieurs auteurs ont été proposés : Edward Kelley, alchimiste du XVIe siècle ? Son ami John Dee, physicien et occultiste ? Roger Bacon, moine et prestigieux scientifique médiéval ? Ou alors Voynich lui-même, pour des motifs pécuniaires ?

Pendant ses recherches, Voynich fera des reprographies du manuscrit et mettra au jour, sur la première page, une signature effacée seulement visible aux ultraviolets. Jacob de Tepenech, médecin et herboriste du début du XVIIe siècle. A l’époque, la science et l’alchimie (considérée comme science occulte) étaient très liées ; pour éviter d’avoir des ennuis avec l’Eglise et les autorités, les alchimistes consignaient leurs recettes et savoirs secrets de manière codée. Ce qui discrédite Tepenech est la façon de dessiner les plantes. En effet à son époque au XVIIe siècle, les ouvrages de botanique contenaient des dessins précis et réalistes ; alors que ceux du manuscrit entrent dans l’époque du Moyen Âge avec des dessins moins proches du réel (comme évoqué précédemment) ou la « tendance » était de souligner les vertus que possèdent les plantes en grossissant telle ou telle partie du végétal par exemple. Tepenech aurait donc fait ces dessins dans la mouvance de son époque. Sa signature, retrouvée sur d’autres livres lui ayant appartenu, il est conclut que celui-là lui aurait été pendant un moment en sa possession.

Un autre auteur possible aurait été Roger Bacon, philosophe et savant anglais du XIII siècle dont les travaux portaient sur l’optique, la réflection et réfraction de la lumière. Il utilisait notamment des verres grossissants. L’hypothèse ici est que sur les dessins de la partie Astrologique notamment, on peut voir certaines formes semblables à des cellules composants les plantes, uniquement visibles au microscope. Le texte codé serait alors justifié, car au XIIIe siècle, une avancée scientifique de cette taille aurait valu à son auteur une mort certaine. Mais les verres grossissants de Roger Bacon n’étaient pas de taille à faire apparaître l’infiniment petit. Pour cela il faudra attendre le début du XVIIe siècle avec Cornelius Drebbel.

D’autres pensaient que Voynich lui-même aurait pu écrire ce manuscrit, grâce à son expérience d’antiquaire, tant l’écriture est propre et non raturée ou modifiée. Mais encore une fois, les différentes analyses (microscopie optique, analyse élémentaire des particules, techniques de spectroscopie et de cristallographie) des matériaux utilisés pour la rédaction du manuscrit révèlent bien qu’ils sont des matériaux qui étaient utilisés au XVe et XVIe siècles dans la rédaction d’ouvrages ; et rien n’indique qu’ils ont été reproduits plus tard pour le faire croire.

Une autre hypothèse, avancée par Edith Sherwood, veut que les dessins notamment des femmes nues soient l’oeuvre de Léonard de Vinci, mais enfant, du fait de leur imprécision et de leur caractère imparfait. D’après cette femme, une image représenterait la date et l’heure de naissance de l'artiste. Quinze femmes enceintes y sont montrées portant chacune une étoile, signe de nativité. Le bélier au centre serait le signe du bélier, autrement dit le moi d’avril. Il y aurait donc la date du quinze avril. De plus, la femme tenant son étoile au bout d’une écharpe à gauche de la tête de l’animal indiquerait 22h. Cela dit, Léonard de Vinci dessinait avec beaucoup de soin dès son enfance, ce qui met en doute cette théorie.

D’après le linguiste Gordon Rugg, l’hypothèse la plus plausible serait que le manuscrit de Voynich soit volontairement dénué de sens. Le candidat idéal serait Edward Kelly (1555 - 1597), alchimiste, écrivain et homme de loi anglais du XVIe siècle. Il se serait fait passer pour un savant en Europe où il aurait pu abuser de la crédulité de l’empereur Adolphe II, féru d’ésotérisme. Celui-ci l’aurait engagé, lui donnant les moyens de réaliser le manuscrit de Voynich en le faisant passer pour un recueil secret d’alchimie. Adolphe II qui a acheté ce livre, l’a payé une petite fortune. Outre le motif financier, Kelly était connu pour son charlatanisme et (pour certains) son esprit quelque peu altéré ; il pensait en outre pouvoir communiquer avec les anges. Le mathématicien anglais John Dee aurait retranscrit les conversations de son ami dans le manuscrit de Voynich.

Une nouvelle va pourtant balayer toutes les hypothèses énoncées précédemment. Une datation au Carbone 14 fut effectuée par Greg Hodgkins du département d'anthropologie et de physique de l'Université d'Arizona sur quatre échantillons, et les résultats indiquent que le manuscrit de Voynich a été fait entre 1404 et 1438. Cette découverte va cependant éclairer les scientifiques. En effet, une des petites forteresses dessinées dans le manuscrit présente des crénaux dits en queue d'hirondelle : or, au début du XVe siècle, les créneaux en queue d’hirondelle ne sont présents qu’au nord de l’Italie. C’est donc au nord de ce pays que le manuscrit de Voynich aurait été écrit.

Il est maintenant d’actualité que des recherches soient entreprises dans les différentes archives de cette zone géographique.

On peut cependant noter que sur la dernière page, se trouve une phrase hermétique en caractères latins (très) mal dessinés : ''michiton oladabas + multos + te tccr cerc + portas six + (illisible) + vix + ahia + mama + (illisible) valschobrey o mm gasmich o'' D'aucuns ont prétendu que là se trouvait la clef du code. Mais en attendant, personne n'a obtenu de résultat satisfaisant. Jusqu’à aujourd’hui, le mystère reste entier… et le manuscrit, réfractaire à toute tentative de déchiffrement.


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Traduction anglaise : Voynich Manuscript

Localisation : Université Yale, Amérique du Nord

Date : Vraisemblablement écrit entre 1450 et 1520

Sources et liens complémentaires :

Police de caractère reprend les caractères du Manuscrit Voynich

Article détaillé de Géraldine Fabre sur le Manuscrit Voynich

Bibliographie :

  • Le Code Voynich, "le manuscrit le plus mystérieux du monde" aux éditions Jean Claude Gawsewitch Editeur, texte d'introduction de Pierre Barthélémy.

Regroupement des scans en haute résolution de chaque page du Manuscrit Voynich


Catégories : V ; Objets ; Histoire, Ésotérisme
Mise en ligne : 25/01/09
Dernière modification : le 25/03/16 à 11:49