Masques de plomb

Décès mystérieux de deux techniciens brésiliens, retrouvés sur une colline avec des masques de plomb sur les yeux

Découverte des corps

Le 20 août 1966, Jorge da Costa Alves, alors âgé de dix-huit ans, joue avec un cerf-volant sur la colline de Morro do Vintém à Niterói (état de Rio de Janeiro) lorsqu'il découvre les cadavres de deux hommes, couchés sur le dos.

Ils portent tous les deux un costume-cravate, un imperméable et un masque de plomb sur les yeux. Au moment de leur découverte, les corps ont déjà commencé à se décomposer.

Vue d'artiste de l'évènement
Image : Valter Dionísio Alves

Note : Bien que les masques de plomb soient parfois décrits comme des masques à visière similaires à ceux utilisés en soudure, il ne s'agissait en réalité que de lunettes découpées dans une plaque de plomb. Les suppositions à leur sujet veulent qu'elles aient visé à protéger les yeux des victimes contre une lumière intense ou contre des radiations.

Lorsque la police arrive sur les lieux, elle découvre plusieurs objets à proximité des corps : une bouteille d'eau vide, un paquet contenant deux serviettes et un mouchoir. Dans la poche de l'une des victimes, elle trouve un carnet contenant des formules et des schémas d'appareils électroniques et un papier sur lequel sont écrites des instructions :

16h30 : Être à l'endroit convenu.
18h30 : avaler les capsules, après effet se protéger avec le visage avec les masques et attendre le signal

Photographies des instructions, écrites par l'une des victimes
Image : INFA

Enquête

Selon la source consultée, on trouve des informations contradictoires au sujet des résultats de l'autopsie. Les gens s'accordent à dire qu'elle n'a pas permis de déterminer les causes du décès et qu'elle n'a révélé aucune trace de blessures.

Selon l'une des versions des faits, des examens toxicologiques auraient été menés et auraient permis d'écarter la possibilité d'un empoisonnement, tandis que selon une autre version des évènements, ces examens n'auraient pas pu être menés immédiatement car le médecin-légiste était surchargé de travail puis auraient été rendus impossibles par l'état de décomposition des organes.

Des pompiers emportent les corps

Leurs papiers d'identité permettent toutefois de les identifier : il s'agit de Miguel José Viana et Manuel Pereira da Cruz, deux techniciens âgés de 34 et 32 ans respectivement. L'enquête permet de reconstituer une partie des évènements qui ont précédé leur décès.

Le 17 août, les deux hommes ont quitté leur ville de Campos dos Goytacazes en disant partir acheter du matériel pour leur travail. Ils ont emporté avec eux des lunettes découpées dans une feuille de plomb (retrouvée dans leur atelier), sont arrivés à Niterói en bus à 14h30 et y ont acheté leurs imperméables, puis une bouteille d'eau dans un bar. Selon la serveuse qui la leur a vendu, Miguel José Viana semblait nerveux et regardait fréquemment sa montre. Il semble que les deux hommes aient ensuite quitté le bar, malgré le temps pluvieux, pour se rendre directement à l'endroit où leurs corps ont été retrouvés trois jours plus tard.

Photographies des deux victimes, Miguel José Viana et Manuel Pereira da Cruz
Image : INFA

Les masques de plomb en ufologie

Peu après l'annonce de la découverte des corps des victimes dans la presse, Gracinda Barbosa Coutinho do Souza déclare à la police avoir aperçu un phénomène étrange le soir de leur décès. Alors qu'elle roulait dans les environs de la colline de Morro do Vintém en compagnie de ses trois enfants, elle dit avoir aperçu, entre 19h10 et 19h20, un objet volant ovoïde orange entouré d'un anneau de feu qui émettait des rayons bleus dans différentes directions. La publication de ce témoignage dans la presse a à son tour entraîné d'autres témoins à se manifester et à rapporter des observations similaires.

Une rumeur veut que les deux victimes aient présenté un intérêt pour la possibilité de contacter des formes de vie extraterrestres et se soient rendues sur la colline ce soir-là dans ce but. Certains croient même que les mystérieuses instructions leur avaient été données par des extraterrestres, dans ce contexte, les masques de plomb sont généralement présentés comme un moyen de protection contre le rayonnement de leur vaisseau spatial.

Les masques de plomb des victimes

L'affaire a notamment été popularisée par l'ufologue ? français Jacques Vallée ?, qui s'y est intéressé dans les années 1980 et qui la mentionne dans son livre Confrontations : un scientifique à la recherche d'un autre monde. Il y mentionne notamment que l'herbe ne pousse plus à l'endroit où les corps ont été retrouvés, un phénomène plus tard expliqué par la quantité de formaline jetée en ce lieu par la police pour masquer l'odeur des cadavres.

Tentatives d'explication

La police suspecte à l'époque l'implication d'une troisième personne, que les deux victimes devaient rencontrer le soir de leur mort. L'hypothèse privilégiée par l'inspecteur José Venancio Bittencourt, en charge de l'affaire, est celle d'un double assassinat : il est en effet dit que les deux techniciens transportaient avec eux une grande somme d'argent en liquide, qui n'a jamais été retrouvée. Cet argent aurait servi de mobile au meurtre et les circonstances étranges dans lesquelles les corps ont été retrouvés constitueraient une mise en scène pour brouiller les pistes.

Les instructions retrouvées sur l'un des corps laissent à penser que les deux hommes ont ingéré une substance toxique, volontairement ou à leur insu. Ainsi, une explication veut que l'assassin, motivé par l'appât du gain, ait poussés les deux hommes à se rendre sur la colline et à ingérer des capsules empoisonnées afin de pouvoir dérober leur argent.

Une autre hypothèse veut que les deux hommes aient été tués par la foudre, puisqu'ils se trouvaient en altitude durant une soirée orageuse avec des masques en métal sur le visage. Si c'était le cas, leurs corps auraient cependant vraisemblablement présenté des brûlures qui auraient été détectées lors de l'autopsie (si celle-ci a bien eu lieu).

L'enquête sur la mort des deux « masques de plomb » est aujourd'hui clôturée mais de nombreuses questions restent suspens : que faisaient-ils sur cette colline ? Pourquoi portaient-ils des masques ? Que contenaient les capsules qu'ils devaient avaler ? Comment sont-ils morts ?