Encyclopédie du paranormal - Matagot

     Matagot


Chat surnaturel du folklore français


Le matagot est un chat surnaturel dépeint dans les contes et légendes du folklore français ; il apporte chance et fortune à son propriétaire, en échange des bons soins que lui prodigue de ce dernier, voire de la damnation de son âme.

Le matagot est connu sous différents noms selon les régions : mandragot en Gascogne (probablement en lien avec la mandragore?, voir plus loin) ; matangon dans la Loire ; chat d'argent dans l'ouest de la France...
Le nom matagot est utilisé traditionnellement en Provence, mais les folkloristes ont contribué à le populariser dans tous le pays.


Description


Le matagot est le plus souvent dépeint dans les contes et légendes comme un chat noir. Plus rarement, il peut prendre la forme d'autres animaux : rat, renard, chien, singe...
De très nombreux contes ne décrivent pas le matagot et rares étaient les personnes qui prétendaient avoir pu en voir un.


Le matagot est typiquement décrit comme un chat noir, bien qu'il puisse prendre d'autres formes.
(Source : The Great Cat Family, dessin animé de Walt Disney (1956))


Le folklore donne différentes recettes pour attraper le matagot. En Gascogne, on raconte que le matagot erre à travers la campagne une seule nuit par an, à une heure inconnue entre le coucher et le lever du soleil. Celui qui voudrait attraper le matagot doit donc se mettre à l'affût chaque nuit ; pour maximiser ses chances, il peut attacher une poule à un carrefour de quatre chemins, ce qui attirera le matagot qui est très gourmand.
Une fois le matagot appâté, il faut le capturer dans un grand sac, mais sans lui faire de mal ou le violenter. Une fois le matagot dans le sac, il est conseillé au chasseur de rentrer chez lui sans parler, et sans jamais s'arrêter ni se retourner, quels que soient les bruits et visions dont il pourrait faire l'expérience sur le chemin.

Dans le Béarn, le matagot est supposé apparaître seulement pendant la nuit du 23 juin, avant la fête de la Saint Jean ; celui qui est assez habile pour l'attraper verra sa chance assurée pour l'année à venir.

D'autres histoires racontent que le matagot est une créature diabolique donnée par Satan au sorcier ou à la sorcière, en échange de la damnation de son âme. L'esprit familier habituellement représenté sous la forme d'un chat noir dans l'imagerie d'Epinal de la sorcellerie serait donc un matagot.


Pendant la journée, quand il n'est pas actif, le matagot est parfois gardé dans un grand coffre dans lequel il sommeille. Un conte de Gascogne précise que si une personne s'asseoit dessus par erreur, elle sera comme collée au coffre et ne pourra s'en lever à moins que le propriétaire du matagot n'ordonne de la libérer.

D'autres légendes précisent cependant que le matagot erre librement dans la maison de son propriétaire ; il s'établit alors souvent dans une étable ou dans une grange, à la façon de certains lutins et esprits domestiques.


L'esprit familier accompagnant les sorcières sous la forme d'un chat noir, dans l'imagerie d'Epinal de la sorcellerie (ici représenté sur une vieille carte de Halloween), est parfois décrit comme étant un matagot.


Le matagot fait la fortune de celui qui le possède. Ainsi, il est dit que le matagot quitte chaque nuit son coffre ; au matin, le chat rentre de son escapade en ramenant un écu à son propriétaire. Dans certains contes, c'est même un tas de louis d'or qui peut être trouvé chaque matin dans le coffre du matagot !
Dans le cas où le matagot a été obtenu suite à un pacte avec le diable, le sorcier a également reçu un petit sac ; s'il le donne au matagot le soir avec un certaine somme d'argent, le chat disparaît et revient le lendemain matin avec le double de cette somme dans le sac.

En échange de ses services, le matagot demande à être nourri : selon les sources, il peut se contenter simplement de pain ou au contraire demander de la viande ou des mets raffinés. Dans certaines histoires, son propriétaire doit lui donner la première bouchée de chacun de ses repas.

Si son maître cesse de s'occuper de lui ou de le nourrir, ou s'il lui manque de respect, le matagot peut se venger et le punir de façon cruelle. Une légende raconte qu'un sorcier de Biscaye fut étranglé par ses propres matagots, car il les avait abandonnés loin de chez lui une fois sa fortune faite.


Malgré une vie d'opulence, l'histoire finit souvent mal pour le propriétaire du matagot ; lorsque celui-ci est à la fin de sa vie, il doit impérativement se libérer du matagot et le donner à quelqu'un. Tant que personne n'a accepté d'hériter du matagot, son précédent propriétaire ne peut mourir et il connaît une agonie douloureuse et interminable.

Certaines légendes affirment que le matagot sert en réalité 9 maîtres ; c'est le dernier d'entre eux seulement qui aura son âme damnée et finira en enfer.


Origine du mythe


Le matagot a parfois été rapproché d'une sorte de génie domestique, à l'instar des dieux lares romains ou de nombreux esprits du folklore français, qui apportent bonheur et prospérité au foyer en échange de petites offrandes quotidiennes.
Le mythe du matagot a été plus certainement influencé par la mauvaise réputation du chat issue de l'imaginaire médiéval. A partir du XIIème siècle ap. J-C, le chat (et plus particulièrement le chat noir) fut considéré comme un animal infernal, l'une des nombreuses formes que pouvait prendre le diable lors de ses visites et un signe ostensible de sorcellerie pour la personne le possédant.


La mandragore (représentée sur une gravure du Stirpium historiae pemptades sex de Rembert Doedens, 1583) pourrait avoir inspiré totalement ou en partie le mythe du matagot.


Il a été avancé que le matagot pouvait résulter d'une déformation du mythe de la mandragore. En effet, dans les croyances populaires, de nombreuses propriétés sont attribuées aux racines de la mandragore? (Mandragora officinarum) dont la forme rappelle un être humain. Il est notamment dit que celui qui conservait chez lui une racine de mandragore? enveloppée dans un tissu précieux, et la nourrissait avec du lait ou son propre sang, était sûr de faire fortune et de voir tous ses voeux se réaliser.
Le nom de mandragot donné au matagot dans certains dialectes occitans pourrait être une déformation du mot "mandragore?" ; en outre, au sud de la Loire, la mandragore? était couramment appelée « l'herbe du matagot ». Le folkloriste Antonin Perbosc a avancé que les croyances populaires avaient modifié au cours du temps le mythe de la mandragore? (qui est probablement plus ancien que celui du matagot) : la racine charnue à l'aspect bestial de la mandragore? serait devenue un véritable animal.

Dans le célèbre conte franco-italien du Chat botté, raconté notamment par Charles Perraud en 1697, il a été spéculé que le chat botté était un matagot : le fils cadet hérite ainsi du félin avant le décès de son père. Dans certaines versions du conte, le chat s'absente la nuit pour accomplir des miracles et revient au petit matin auprès de son maître, qu'il va couvrir de richesse et de gloire.


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Nom alternatif : chat d'argent

Traduction anglaise : matagot (terme français inchangé, le matagot n'existant pas dans la tradition anglophone) ; money cat (traduction littérale de « chat d'argent »).

Localisation : France, nord de l'Espagne et de l'Italie ; Europe

Bibliographie :

  • Mythologie populaire : Le Drac, l’Étouffe-Vieille et le Matagot d’après les traditions occitanes, d'Antonin Perbosc (1945). Revue de Folklore français et de Folklore colonial de la Société du Folklore français et du Folklore colonial.

Sources et liens complémentaires :


Catégories : M ; Créatures ; Mythes et folklore
Auteur : Ar Soner
Mise en ligne : 04/09/16
Dernière modification : le 05/09/16 à 12:12