Encyclopédie du paranormal - Rhytine de Steller

     Rhytine de Steller


Mammifère marin géant des eaux arctiques, supposé exterminé au XVIIIème siècle



La rhytine de Steller (Hydrodamalis gigas, bien que d'autres noms aient été historiquement proposés : Manatus borealis, Rhytina stellerie...) était un mammifère marin de l'ordre des siréniens — dont font également partie les dugongs et lamantins actuels.
Elle pouvait atteindre 9 mètres de long, et vivait dans les eaux froides du nord de l'océan pacifique.
Découverte en 1741 puis chassée intensivement pour sa chair et son huile, l'espèce s'est officiellement éteinte dans la seconde moitié du XVIIIème siècle.


Dessin d’une rhytine de Steller (XVIIIème siècle).

Découverte et extinction

La rhytine de Steller a été découverte en 1741 par l’explorateur et naturaliste russe Georg Wilhelm Steller, lors d’une expédition visant à déterminer si la Sibérie et l’Alaska étaient reliées entre elles par un bras de terre (c’est donc à cette occasion que fut découvert pour la première fois le détroit de Béring).

Sur le chemin du retour, le bateau de l’expédition fit naufrage sur l’île de Béring (voir chapitre suivant, Répartition), et Steller mit à profit les évènements pour observer longuement les rhytines — qu’il nomma simplement « vaches de mer » ; il compila par la suite ses notes dans son ouvrage De bestiis marinis (« Des bêtes marines »).

Au retour de Steller en Russie, la nouvelle de l’existence de la rhytine se répandit. L’animal produisait une graisse et une huile de bonne qualité, ainsi qu’un lait très réputé ; la chair d’une seule rhytine suffisait à nourrir un trentaine d’homme pendant un mois.
La rhytine de Steller suscita donc rapidement l’intérêt des chasseurs, et ce d’autant plus que son caractère placide en faisait une proie facile.


La première représentation connue d’un rhytine : croquis de Georg Wilhem Steller (milieu du XVIIIème siècle).

La population de rhytine était déjà très fragile au moment où Steller l’avait décrite : l’espèce ne comptait en effet qu’un petit nombre d’individus et était très peu prolifique (un petit naissant au bout d’une très longue période gestation, voir Description ci-dessous).
Chassées sans répit par les marins et les baleiniers, les effectifs de rhytine déclinèrent rapidement au point qu’en 1768, l’espèce était officiellement déclarée éteinte... Soit 27 ans après avoir été découverte.

Répartition

Les rhytines de Steller vivaient dans les eaux arctiques du détroit de Béring, séparant les continents américain et asiatique. Leur présence autour des îles du Commandeur (archipel se composant de deux îles : l'île de Béring et de l'île Medny) est attestée par des témoignages historiques, mais les cryptozoologues pensent qu'elles ont pu avoir une aire de répartition plus étendue.
Des ossements et des témoignages suggèrent en effet que l'animal existait anciennement aux îles Aléoutiennes, voire éventuellement au large des côtes du Kamtchatka.

Les restes fossiles d'un animal proche de la rhytine ont été découverts au large de la Californie ; ils ont été datés à vingt milliers d'années avant notre ère. D'autres, âgés de seulement dix mille ans, ont été trouvés sur l'île d'Honshu au Japon. La rhytine avait donc une aire de répartition très vaste avant l'apparition de l'homme.

Description

La rhytine de Steller était un mammifère marin de l’ordre des siréniens et de la famille des dugongs, dont elle était une lointaine cousine nordique.
Cependant, elle était bien plus grande : un adulte mesurait entre 7 et 9 mètres, pour un poids de 6 tonnes environ (bien qu’on puisse trouve des estimations plus grandes dans la littérature).

La rhytine de Steller possédait une petite tête comparativement à son énorme corps de forme ovale ; celle-ci était caractérisée par une épaisse lèvre supérieure pourvue de nombreuses vibrisses («moustaches»), à la façon des phoques et des morses actuels.


Squelette de rhytine de Steller conservé au Muséum d’Histoire Naturelle de Paris. Les mains, absentes du squelette original, ont été reconstituées mais ne correspondent pas à la réalité (les rhytines de Steller n’ayant pas de phalanges).

(Image de FunkMonk)

Son corps était intégralement recouvert d’une peau plissée, au cuir très épais (il était utilisé par les autochtones pour faire des pirogues) et de couleur noire -parfois parsemé de tâches claires chez certains individus.
Elle avait une nageoire caudale bilobée semblable à celle des baleines, ainsi que deux membres antérieurs de petite taille et dépourvus de doigts.

La rhytine passait le plus clair de son temps à brouter de grandes algues de type laminaires ou kelps ; sa mâchoire était dépourvue de dents, mais possédait à la place de grandes plaques cornées lui servant à mastiquer les algues de son régime alimentaire.
L’animal emmagasinait en été d’importantes réserves de graisses, lui donnant un aspect rebondi, qui lui permettaient d’affronter les rigueurs de l’hiver et des eaux froides de l’arctique.

Les rhytines de Steller vivaient principalement en petits groupes. Elles étaient monogames et formaient des couples stables sur de longues durées ; une femelle donnait naissance à un unique petit tous les 3-4 ans, au début de l’automne, après une longue gestation de 15 mois. Le petit restait dépendant de ses parents pendant une période d’environ 2 ans, et Georg Wilhem Steller lui-même signala que les structures familiales étaient bien visibles au sein des troupeaux.


Reconstitution d’une rhytine de Steller, par Valter Folgato, exposée au Muséum d’Histoire Naturel de Milan (Source)

Une possible survivance ?

La rhytine de Steller a été déclarée officiellement éteinte en 1768 (date à laquelle on tua le dernier animal solitaire).
Cependant un grand nombre de cryptozoologues s’accordent sur le fait que si l’espèce s’est réellement éteinte, elle a probablement perduré après cette date pendant plusieurs dizaines d'années avant de disparaître définitivement. Des témoignages indiquent en effet que la rhytine de Steller a pu survivre jusque dans les années 1850.

D’autres témoignages très récents (deux baleiniers en 1962 et un habitant du Kamtchatka en 1976), décrivant des animaux marins ne ressemblant à aucun cétacé ou pinnipède (phoque/otarie) connu, laissent penser que des populations très éparses de rhytines de Steller ont également pu survivre jusqu’à nos jours.

La majorité des zoologues affirment cependant que la rhytine de Steller s’est éteinte durant la seconde moitié du XVIIIème siècle, et que ces témoignages modernes résultent d’observations déficientes d’animaux marins bien connus comme le narval, le bélouga ou notamment l’éléphant de mer du Nord (Mirounga angustirostris) qui présente une apparence assez similaire à celle de la rhytine.


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Traduction anglaise : Steller's Seacow

Localisation : La présence des rhytines de Steller était attestée dans les eaux arctiques du détroit de Bering, et plus précisément autour de l'archipel des îles du Commandeur. Il est cependant probable qu'elles aient anciennement vécu dans d'autres endroits du Nord du Pacifique.

Liens complémentaires :

Le site du cryptozoologue allemand Hans Rothauscher, entièrement consacré à la rhtyine de Steller

Bibliographie :

L’ouvrage original de Steller, en latin


Catégories : R ; Cryptozoologie ; Créatures
Auteur : Ar Soner
Mise en ligne : 23/05/10
Dernière modification : le 10/07/12 à 17:53