Encyclopédie du paranormal - Boules de feu du Naga

     Boules de feu du Naga


Phénomène lumineux non identifié observé sur le fleuve Mékong


Les boules de feu du Naga (en thaï : บั้งไฟพญานาค , transcription RTGS : bang fai phaya nak) sont un phénomène lumineux observé dans certaines zones du fleuve Mékong, prenant l'apparence de boules de lumière rouge s'élevant de la surface d'un plan d'eau jusqu'au ciel.
Selon le folklore, les boules de feu seraient lancées par un serpent gigantesque vivant dans le fleuve : le naga, d'où leur nom.

Statue d'un naga, le serpent mythologique qui serait selon la croyance à l'origine des boules de feu, au temple Vat Sisakhet de Ventiane
(Source : Adam Carr)

Les boules de feu du Naga sont similaires sous certains aspects aux feux follets ou à la foudre en boule? qui sont signalés à travers le monde.


Description et contexte du phénomène


Les boules de feu du Naga sont principalement signalées dans une région particulière du Mékong, longue d'environ 250 km de long, à un endroit où le fleuve forme une frontière naturelle séparant l'extrême nord de la Thailande (province du Nong Khai) du sud du Laos (province de Vientiane). Cette zone, loin d'être inhabitée et reculée, est au contraire très densément peuplée. Des signalements de boules de feu ont été également été rapportés plus à l'intérieur des terres, au dessus de lacs, de rivières ou de mares.

Les boules de feu sont réputées se manifester particulièrement au cours de la nuit de Wan Ok Phansa, la pleine lune du 11ème mois du calendrier lunaire thaï, soit en général pendant la seconde moitié du mois d'octobre. Cette date correspond traditionnellement à la fin de la saison des pluies et marque le dernier jour du Vassa, une période de 3 mois durant laquelle les moines bouddhistes cessaient leur itinérance pour adopter une vie sédentaire.
Dans la province du Nong Khai, la nuit de Wan Ok Phansa est l'occasion d'une grande fête où des processions de bateaux illuminés et décorés sont organisées sur le Mékong. L'observation des boules de feu du Naga est une étape importante de la fête, le public se massant sur les berges du fleuve dans l'espoir de les apercevoir.

Photographie de supposées boules de feu du Naga au dessus du Mékong, date inconnue
(Source : Tourism Authority of Thailand)

Les boules de feu du Naga sont décrites d'une couleur rouge ou orange, et de la taille d'un œuf - bien que des boules de feu grosses comme un ballon de football aient également été rapportées. Elles s'élèvent silencieusement de la surface de l'eau et montent dans le ciel jusqu'à une trentaine de mètres, avant de disparaître dans le ciel nocturne.
Le nombre de boules de feu visibles semble aléatoire et très variable selon les nuits : de quelques lumières à une dizaine, voire une centaine. Il serait déjà arrivé que les festivités de Wan Ok Phansa se terminent sans qu'aucune lumière n'ait été observée.

Les boules de feu tirent leur nom du phaya naga, un esprit de l'eau de la mythologie asiatique se manifestant sous la forme d'un serpent gigantesque et qui aurait élu domicile dans le Mékong. Selon la tradition locale, le phaya naga serait à l'origine des boules de feu ; il les jetterait dans le ciel pour marquer la fin du Vassa, fêtant ainsi le retour du Bouddha sur Terre ou remerciant les habitants de protéger le Mékong - selon la légende.

Les pierres rondes vendues sur les étals des marchands thaï et nommées "yeux du Naga" sont souvent présentées comme des boules de feu du Naga retombées sur Terre sous la forme d'un cristal, qui auraient été récupérées puis taillées. La tradition prête de nombreux pouvoirs à ces pierres, comme celui de protéger leur porteur de tout péril sur l'eau, d'octroyer des capacités surnaturelles...


Exemple de "yeux du Naga" modernes en verre, vendus aux touristes

Les boules de feu du Naga n'ont commencé à faire parler d'elles que dans les années 90. Des habitants âgés de la région du Nong Kha affirment toutefois avoir toujours vu le phénomène depuis leur plus jeune âge, et que leurs parents et grand-parents avant eux le connaissaient aussi, mais que les boules de feu attiraient moins l'attention à l'époque.

A partir de 2000, le festival qui est consacré aux boules de feu du Naga durant la nuit de Wan Ok Phansa fut l'objet d'une forte promotion de la part des autorités thaïlandaises, ce qui en a fait un haut-lieu du tourisme en Thaïlande et a attiré l'attention internationale sur les boules de feu du Naga.
Le film Full Moon Party (15 ค่ำ เดือน 11, Sip Ha Kham Duean Sip Et) du réalisateur Jora Maligool, sorti en 2002 et traitant des boules de feu du Naga sous un aspect semi-documentaire, acheva de consacrer la notoriété mondiale du phénomène (et ce, bien qu'il présente les boules de feu comme un canular).


Hypothèses explicatives


Bien que les boules de feu du Naga apparaissent toujours au même lieu à la même date chaque année et qu'elles aient été observées par des milliers de personnes, voire photographiées et filmées en certaines occasions, elles n'ont été l'objet que de très peu d'études scientifiques et de compte-rendus objectifs.


Il a été avancé par le docteur Kanoksilpa, pédiatre à l'hôpital de Nong Khai, que les boules de feu du Naga étaient des bulles de gaz (comme un mélange de méthane et de phosphine) issues de la décomposition et la fermentation de matière organique dans les eaux stagnantes, ce qui rapprocherait les boules de feu des feux follets. Ces gaz seraient très inflammables au contact de l'air.
Il y aurait un lien entre la date d'apparition des boules de feu et la fin de la saison des pluies (la terre étant gorgée d'eau et de nombreuses mares naturelles s'étant créées), mais celui-ci n'est pas connu.

Cette hypothèse a cependant été réfutée par l'auteur sceptique Brian Dunning, qui avance que les gaz tels que le méthane et la phosphine ne sont inflammables que dans un environnement très riche en oxygène, et sous certaines conditions qui ne sont pas présentes naturellement au bord du Mékong. Enfin, outre que la phosphine est plus lourde que l'air et qu'aucune bulle de gaz ne pourrait s'élever dans les airs à une telle vitesse, le mélange méthane/phosphine brûle en faisant une flamme bleu-verte et en produisant une forte fumée (toxique), ce qui ne correspond pas aux boules de feu du Naga.

Un orbe de plasma créé artificiellement en laboratoire
(Source : Caroline J. v. Wurden et Glen A. Wurden, APS Physics)

Les boules de feu du Naga ont été rapprochées des orbes de plasma, produits par le passage brutal d'un courant électrique intense dans une solution ionique. Ce phénomène n'est toutefois pas susceptible de se reproduire dans des conditions naturelles, et l'orbe a une durée de vie très courte (de l'ordre de la demi-seconde) qui ne correspond pas aux boules de feu.


En 2002, une émission de la chaîne de télévision thaïlandaise iTV démontra que certaines boules de feu étaient produites par des munitions traçantes tirées par les soldats laotiens de l'autre côté du fleuve Mékong. Cette théorie explique avec succès les caractéristiques observées du phénomène : taille, couleur, durée et vitesse... Brian Dunning ajoute également que dans la mesure où les boules de feu émergent d'une section du Mékong où le fleuve est particulièrement large (les deux rives sont séparées de 500, voire jusqu'à 800 mètres), la détonation de la munition est atténuée et elle met plusieurs secondes pour parvenir aux spectateurs - où elle arrive couverte par les cris de joies et la musique diffusée par les haut-parleurs.


Photographie d'une boule de feu du Naga présentant des caractéristiques très similaires à une munition traçante, origine et date inconnue
(Source : Tourism Authority of Thailand)

L'émission de 2002 suscita toutefois des réactions violentes et des protestations chez les villageois du Nong Khai qui toléraient mal que le mythe autour du naga et de ses boules de feu soit remis en question. Les croyances religieuses jouent encore de nos jours un grand rôle dans la société thaïlandaise.

Certains partisans de l'existence des boules de feu du Naga ont avancé plusieurs arguments qui démontreraient que l'hypothèse de balles traçantes est caduque. Le phénomène aurait ainsi été observé dans des endroits très reculés — ce qui réfute qu'il puisse être d'origine humaine), ou sur de très larges portions du fleuve — plusieurs dizaines de kilomètres, ce qui demanderait des moyens humains conséquents aux organisateurs du canular. Enfin, des observateurs situés très près des boules de feu n'ont entendu aucun bruit ni détonation, et attestent que les lumières ne semblent pas provenir de l'autre rive du Mékong mais bien du fleuve lui-même.

Brian Dunning avance malgré tout que les boules de feu serait un phénomène tout à fait moderne, puisqu'il n'existe pas de trace écrite le mentionnant avant le milieu du XXème siècle. Les affirmations selon lesquelles les boules de feu auraient été observées dans l'ancien temps, dans des endroits reculés à l'intérieur des terres, en d'autres périodes que la nuit de Wan Ok Phansa... ne seraient que des on-dit et des rumeurs issus d'une population très croyante et superstitieuse.
Brian Dunning souligne également les forts intérêts financiers en jeu : le festival des boules de feu a attiré près de 400 000 personnes et ramené 100 millions de baht (soit environ 2,50 millions d'euros). Des gradins en béton ont été construit pour accueillir le public, et les festivités sont passées d'une unique nuit à 4 jours - avec des apparitions de boule de feu presque chaque nuit.

Affiche de l'édition 2009 du festival des boules de feu du Naga


Il n'existe pas à l'heure actuelle d'explication officielle aux boules de feu du Naga, mais l'hypothèse des munitions traçantes est souvent retenue.


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Traduction anglaise : Naga fireball

Noms alternatifs : Mekong lights

Localisation : province du Nong Khai, Thailande ; et province de Vientiane, Laos, Asie

Articles connexes :

Sources et liens complémentaires :

Article de Brian Dunning

Catégories : B ; Mythes et folklore ; Phénomènes
Auteur : Ar Soner
Mise en ligne : 18/01/13
Dernière modification : le 19/01/13 à 21:15