Encyclopédie du paranormal - Howard Phillips Lovecraft

     Howard Phillips Lovecraft


Ecrivain américain (1890 - 1937), créateur du mythe de Cthulhu et pilier fondateur du roman d'épouvante moderne


Né le 20 août 1890 à Providence (Rhode Island), H.P. Lovecraft se passionne pour la littérature dès ses cinq ans et écrit sa première nouvelle en 1896 « La petite bouteille en verre ». A l’âge de 5 ans, après la lecture des Mille et une nuits, il se déclare converti à l’Islam et se présente sous le nom d’Abdul Alhazred (nom qui donnera bien plus tard à l’auteur du livre imaginaire Necronomicon). Il découvre l’astronomie, la chimie et Shakespeare pendant les premières années de sa vie. En 1893, son père est interné pour troubles mentaux, il mourra en institut cinq ans plus tard. Howard a alors 8 ans. De santé fragile, il alterne entre des cours à domicile et l’école élémentaire. Sa mère sera internée en 1919 pour les mêmes raisons que son défunt mari, comme lui elle ne sortira pas de l’institut et y mourra en 1921. Ce sont les tantes de Howard qui l’élèveront comme leur propre fils.

Howard Phillips Lovecraft

Howard Phillips Lovecraft

Howard ne cesse d’écrire, fonde différents magazines et fanzines. Il rencontre Sonia Greene en 1921 et l'épousera en 1924. Ils s’installent à New-York la même année. Lovecraft n’est pas reconnu pour ses écrits, bien qu’il collabore au magazine Weird Tales, il corrige les nouvelles d’autres auteurs et amis, il tente sa chance dans de petits boulots. Il finira par retourner à Providence et le divorce sera prononcé en 1929. Les dernières années de sa vie, Lovecraft partagera sa vie entre Providence, de longues visites chez ses amis et de nombreuses excursions dont une à Québec. Il meurt d’un cancer de l’intestin le 15 mars 1937.

L’univers fantastique de H.P. Lovecraft


Le génie de Lovecraft a été reconnu bien après sa mort. Il est aujourd’hui un auteur de référence pour beaucoup d’écrivains mais aussi de réalisateurs et de scénaristes. Son univers est sombre, peuplé de divinités obscures et monstrueuses, de sorcellerie, de folie et de mort, inévitablement. Le premier tour de force de Lovecraft est sa capacité à imaginer ce qui n’existe pas : couleurs, formes, matières, son, etc. Il pousse ainsi le lecteur à se dépasser, il le force à tordre son esprit pour entrer dans l’univers qu’il a entièrement construit et pour lequel le terme d’"indicible" semble avoir été créé :

« Sa couleur, semblable, à certaines raies de l’étrange spectre de la pierre, était impossible à décrire : en fait, ils employèrent le mot « couleur » par simple analogie. » (in. La couleur tombée du ciel)
« Les rêves de Gilman étaient en général des plongées à travers des abîmes infinis de crépuscule indiciblement coloré et de sons au déconcertant désordre ; des abîmes dont les propriétés physiques et gravitationnelles, comme les relations avec sa propre essence, échappaient à toute tentative d’explication. » (in. Le cauchemar d’Innsmouth)

Dans ses écrits, Lovecraft met en scène de jeunes hommes solitaires confrontés à la manifestation de ces choses indicibles : image, peinture, monstre, musique... Dans l’œuvre de Lovecraft, il existe d’autres « plans », d’autres lois physiques auquel l’être humain ne peut être confronté sans devenir fou. C’est ainsi que dans ses nouvelles, le héros devient fou et/ou meurt (assassinat ou suicide). L’accès à la connaissance est synonyme de démence pour l’humain dont le cerveau étriqué ne peut supporter ce nouveau savoir et cette remise en cause du monde dans lequel il vit. H.P. Lovecraft résume cette pensée dans l’Appel de Cthulhu :

« Ce qu’il y a de plus pitoyable au monde, c’est, je crois, l’incapacité de l’esprit humain à relier tout ce qu’il renferme. Nous vivons sur une île placide d’ignorance, environnée de noirs océans d’infinitude que nous n’avons pas été destinés à parcourir bien loin. Les sciences, chacune s’évertuant dans sa propre direction, nous ont jusqu’à présent peu nui. Un jour, cependant, la coordination des connaissances éparses nous ouvrira des perspectives si terrifiantes sur le réel et sur l’effroyable position que nous y occupons qu’il nous restera plus qu’à sombrer dans la folie devant cette révélation ou à fuir cette lumière mortelle pour nous réfugier dans la paix et la sécurité d’un nouvel obscurantisme. »

Une mythologie originale


L’œuvre de Lovecraft regorge de monstres, qui si au premier abord n’ont pas de rapport les uns avec les autres, trouvent pourtant chacun leur place dans une immense mythologie créée par le maître. D’après cette mythologie, l’être humain n’est pas le seul animal vivant « intelligent ». Il est entouré par les Dieux Extérieurs (ou « Dieux Très Anciens ») et les Grands Anciens. La première catégorie regroupe des divinités, la deuxième des races extra-terrestres dont certaines ont été divinisées par des groupes d’adeptes humains. Les noms les plus célèbres du monde lovecraftien sont Azathoth, Nyarlatothep, Shub-Niggurath, Yog-Sothoth, Hastur et bien sûr Cthulhu. Ce monstre extra-terrestre est le « personnage » le plus célèbre de Lovecraft. Tous ces dieux et extra-terrestres sont adorés par des groupes d’humains qui usent de sorcellerie pour les invoquer ou acquérir pouvoirs et connaissances. On peut trouver dans les nouvelles de Lovecraft un important bestiaire de créatures plus ou moins liées à ces divinités : Profonds, Byakhees, Dôles, goules… Mais il serait fastidieux de décrire ici l’intégralité du bestiaire imaginé par H.P. Lovecraft. On notera seulement que ces entités ne s’intéressent que de très loin aux humains pour lesquels elles manifestent un très grand mépris.

Lovecraft caricaturé en Profond

Lovecraft caricaturé en Profond

La bibliothèque imaginaire


Autre tour de force de H.P. Lovecraft : la création de livres. Dans ses histoires, l’accès à la connaissance se fait souvent à travers de la lecture et ceux-ci sont nombreux dans l’univers lovecraftien. Il a ainsi créé une bibliothèque d'ouvrages dont les titres reviennent régulièrement dans ses nouvelles mais qui n’existent pas. On peut ainsi nommer Le culte des goules, Les manuscrits Pnakotiques ou le plus célèbre d’entre eux : le Necronomicon. Cet ouvrage n’existe que dans l’imagination de Lovecraft et est le plus dangereux de tous. Il aurait été écrit par un Arabe dément « Abdul Alhazred » (nom inventé lorsqu’il avait cinq ans) et il n’en existerait que cinq exemplaires, tous reliés en peau humaine. La lecture de ce livre rare rend fou car ce qu’il révèle dépasse l’entendement. Il remet en question les concepts de vie et de mort à travers cette maxime que le lecteur retrouvera régulièrement : N’est pas mort ce qui à jamais dort, et en d’étranges éternités la mort même peut mourir (dans la version originale : That which is not dead may eternal lie, and in strange aeons, even death may die, parfois traduit par N'est pas mort ce qui à jamais dort, et au long des ères peut mourir même la mort).

Un auteur de référence pour générations suivantes


S'il n'a pas été reconnu de son vivant, Howard Phillips Lovecraft est devenue une référence bien après sa mort. En littérature, des écrivains reconnus comme King, Masterton, Ramsey Campbell ou bien sûr Robert Bloch (la liste est longue) ne cachent pas être des admirateurs du "Maître de Providence". Masterton reprend par exemple le mythe dans son roman "Apparition" en s'inspirant de la nouvelle "La maison de la sorcière". On retrouve également Lovecraft dans le comics Batman à travers l'Arkham Asylum. Des auteurs de bande dessinnée se sont également essayés à mettre en images les histoires du célèbre auteur. Au cinéma, outre les quelques adaptations directes comme Dagon (Stuart Gordon, 2001) on notera les hommages plus discrets de certains réalisateurs. Dans Tobe Hooper's Mortuary on peut lire sur une tombe That which is not dead may eternal lie, and in strange aeons, even death may die. Chez Guillermo Del Toro, qui se définit comme fan de Lovecraft (et qui a racheté les droits pour adapter Les Montagnes Hallucinées) on trouve des références par exemple dans son adaptation du comics Hellboy. Les exemples sont nombreux. Enfin, l'influence de Lovecraft s'exerce même dans la musique. Le groupe Metallica a ainsi écrit une chanson intitulée "The Call of Ktulu". Toujours dans le rock, le groupe Craddel of Filth a sorti en 2002 un double album appelé "Lovecraft and Witch Hearts".

Howard Phillips Lovecraft et sa femme Sonia Greene en 1921

Un conservateur patriote


Howard Phillips Lovecraft est au-delà de l’écrivain, un personnage bien singulier. Qualifié de taciturne, hypocondriaque, xénophobe, il est surtout un homme ancré dans son époque et dont la vie ne fut pas des plus heureuses. On retiendra dans certains de ses écrits et dans ses nombreuses correspondances qu’il avait surtout peur du changement et des autres. Ainsi en 1912, il publie un article pour dénoncer l’afflux d’immigrés (« Providence en l’an 2000 ») dans lequel il imagine les rues de sa ville natale renommées à l’italienne. Il créé également le fanzine « Le Conservateur » en 1915 dans lequel il écrira un article contre le pacifisme et l’alcool. Il critiquera la Société des Nations et le bolchévisme en 1919. On sait également que sa découverte de New-York accueillant les premières grandes vagues d’immigration fut un choc pour ce natif d’une ville aussi tranquille et conservatrice que Providence. Au début du XXe siècle, ces opinions étaient largement partagées aux Etats-Unis. Il serait plus juste de parler de xénophobie que de racisme pour définir certaines positions de Lovecraft sur le monde de son époque.


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Date : 20 août 1890 - 15 mars 1937

Articles connexes :

Sources et liens complémentaires :

Article H.P. Lovecraft
Site francophone consacré à l'auteur

Bibliographie

  • Lovecraft, Howard Phillips. Oeuvres. Tome 1, 2, 3. Paris: Ed. Robert Laffont, 1991. Collection Bouquins
  • Belknap Long, Franck. H.P. Lovecraft: le conteur des ténèbres Paris : Ed. Encrage, 1987. Collections Portraits
  • Truchaud, François. H.P. Lovecraft Paris: Ed. de l'Herne, 1969
  • Allart, Patrick. Guide du mythe de Cthulhu Ed. Encrage, 1999. Cahiers d'études lovecraftiennes, VI.

Documentaire vidéo

  • Le cas Howard Phillips Lovecraft Pierre Tridivic , Patrick-Mario Bernard, Anne-Louise Trividic. Producteurs : La Compagnie des Taxi-Brousse

Catégories : L ; Personne ; Mythes et folklore
Auteur : Redrum
Mise en ligne : 22/01/10
Dernière modification : le 10/07/12 à 17:36