Encyclopédie du paranormal - Necronomicon

     Necronomicon


Livre occulte imaginaire, inventé par H. P. Lovecraft dans le cadre de son univers de fiction


Le Necronomicon est l'un des célèbres ingrédients du « Mythe de Cthulhu », célèbre au point que certains admirateurs de l'œuvre de Lovecraft (1890 - 1937) sont persuadés de l'existence du livre.

Le Necronomicon est mentionné pour la première fois dans la nouvelle Le Molosse (écrite en 1922), bien que des vers attribués à l’auteur du grimoire soient cités dans La Cité sans nom, une nouvelle antérieure de 1921.

Une réplique du Necronomicon réalisée par un fan de H. P. Lovecraft

(Source : Shubi)

Etymologie


Le terme « necronomicon » serait un mot-valise basé sur du grec ancien de cuisine. Lovecraft lui-même traduisait le nom par « une image de la loi des morts » (du grec "nekros" νεκρός « mort » ; "nomos" νόμος « loi » ; et "eikon" εικών « image »)...
... mais d’autres traductions ont été forgées, comme « livre des noms des morts », « livre des lois des morts », « livre des noms morts », « connaisseur des lois des morts » ou « livre considérant les morts ».

Le titre arabe originel, Kitab al Azif (kitab-al-'azif, كتاب الءزيف en arabe), signifierait « livre de l'azif ». 'Azif est un terme arabe intraduisible qui, d'après Lovecraft, désigne le bruissement des insectes nocturnes (ce qui a donné naissance à une idée reçue fausse mais assez répandue). En réalité le mot 'azif désigne l'ambiance sonore du désert, le sifflement du vent notamment, qui est assimilée aux cris des djinns dans les anciennes croyances arabes.

Le Necronomicon au sein du mythe de Cthulhu


Lovecraft a rédigé une nouvelle très courte intitulée Histoire et chronologie du Necronomicon (1938), dont voici un résumé succint.

Le Kitab al Azif (parfois abrégé Al Azif ou Azif) a été écrit au VIIIème siècle par Abdul Alhazred?, un poète arabe originaire de l’actuel Yémen et ayant la réputation d’être complètement fou. Il meurt (ou du moins disparaît) en 738, fait à propos duquel beaucoup de versions contradictoires circulent - d'après la plus connue, il a été dévoré vivant par un monstre invisible sous les yeux de la foule.

L’ouvrage a un certain succès et se répand. En 950 un écrivain byzantin le traduit en grec et lui donne le titre sous lequel il devient célèbre. Une traduction latine voit le jour en 1228 – l’original arabe était alors perdu.

L’ouvrage sent le soufre et l’utilisation du savoir qu’il abrite provoque des accidents effroyables. Les Byzantins l’interdisent au XIIème siècle, tandis que la papauté interdit la traduction latine en 1232... Ce qui n’empêche pas les différentes versions de connaître des réimpressions.


En plus des copies détenues par des personnalités privées, cinq institutions sont supposées en détenir un exemplaire :

  • le British Museum ;
  • la Bibliothèque Nationale de France ;
  • la Bibliothèque Widener d’Harvard ;
  • l’Université de Miskatonic (située à Arkham, ville du Massachusetts inventée par Lovecraft) ;
  • l’Université de Buenos Aires.

Que contient le Necronomicon ? D’après différentes spéculations, il pourrait contenir :

  • une histoire de l’univers ;
  • les textes sacrés des divinités du Mythe de Cthulhu ;
  • une description de diverses créatures, (préhumaines, extraterrestres, infraterrestres) ;
  • des rituels, incantations et sortilèges, dont certains permettraient d’invoquer des créatures ou de voyager entre les dimensions.

Un passage de l’intrigue de L’Abomination de Dunwich (1929) tourne autour d’un des personnages qui essaie de consulter l’exemplaire conservé à Arkham pour compléter les informations contenues dans le sien, lacunaire.

Dans une continuation de Lovecraft intitulée Le Retour des Lloigors (Colin Wilson, 1969), le manuscrit de Voynich apparaît comme étant une copie du Necronomicon.

Quelques extraits


Les textes de Lovecraft (et de ses continuateurs) contiennent à l'occasion des extraits du Necronomicon. Si la longueur supposée du livre est inconnue (Lovecraft l'estime à au moins un millier de pages), l'extrait tiré de L'Abomination de Dunwich viendrait de la page 751 de l'édition conservée à Arkham.

« Les cavernes les plus profondes ne peuvent pas être aperçues par les yeux qui voient, car elles recèlent d’étranges et terrifiantes merveilles. Maudite soit la terre où les pensées mortes revivent sous des formes étranges, et damné soit l’esprit que ne contient aucun cerveau. Ibn Schacabao a dit, très justement, que heureuse est la tombe où n’a reposé aucun sorcier, que heureuse est la ville dont les sorciers ont été réduits en cendres. Car il est notoire que l’âme de celui qui a été acheté par le diable ne sort pas de son charnier d’argile mais nourrit et instruit le ver qui ronge jusqu’à que de la décomposition jaillisse la vie, et que les nécrophages de la terre croissent et deviennent assez puissants pour la tourmenter, et s’enflent monstrueusement pour la dévaster. De grands trous sont creusés en secret là où les pores de la terre devraient suffire, et les choses qui devraient ramper ont appris à marcher. »
(Le Festival, 1925)
« N'est pas mort ce qui semble à jamais dormir et en d'étranges éternités la Mort même peut mourir »
(L’Appel de Cthulhu, 1928)
« Et bien qu’il existe des gens ayant osé jeter un regard par-delà le Voile et accepter l’Entité comme guide, ils eussent été plus prudents en évitant tout commerce avec elle. Il est écrit dans le Livre de Thoth de quel terrible prix se paie le moindre regard.
Ceux qui vont de l’autre côté du Voile ne peuvent jamais revenir car, dans ces espaces infinis qui dépassent notre monde, il y a des ténèbres qui saisissent et qui lient. L’être qui, pas à pas, avance au hasard dans la nuit, le Mal qui défie les Anciens Signes, le Troupeau qui monte la garde dont on connaît l’existence dans chaque tombeau et vit de ce qui pousse des morts – tous ces êtres du monde des ténèbres sont de loin inférieurs de Celui qui garde la porte ; de Celui qui guidera l’imprudent par-delà l’univers dans l’abîme où gîtent des formes innommables toujours prêtes à dévorer. Celui-là, le très ancien, c’est UMR-AT-TAWILL, nom que le scribe a traduit par "Celui dont la vie a été prolongée" »
(À travers les portes de la clé d'argent., 1934)
« Il ne faut point croire que l’homme est le plus vieux ou le dernier des maîtres de la terre, ou que la masse commune de vie ou de substance soit seule à y marcher.
Les Anciens ont été, les Anciens sont, et les Anciens seront. Non dans les espaces que nous connaissons, mais entre eux. Ils vont sereins et primordiaux, sans dimensions et invisibles à nos yeux. Yog-Sothoth connaît la porte. Yog-Sothoth est la porte. Yog-Sothoth est la clé et le gardien de la porte. Le passé, le présent, le futur, tous sont un en Yog-Sothoth. Il sait où les Anciens ont forcé le passage jadis, et où Ils le forceront de nouveau. Il sait où Ils ont foulé les champs et la terre, et où Ils les foulent encore, et pourquoi nul ne peut les voir quand Ils le font.
À leur odeur, les hommes peuvent parfois connaître qu’Ils sont proches, mais de leur apparence aucun homme ne peut rien savoir, si ce n’est sous les traits de ceux qu’Ils ont engendrés chez les hommes ; et de ceux-ci sont plusieurs espèces, différentes par leur figure, depuis la plus véridique eidolon de l’homme à cette forme invisible et sans substance qui est Eux. Ils passent, nauséabonds et inaperçus dans les lieux solitaires où les Paroles ont été prononcées et les Rites ont été hurlés tout au long en leurs Temps. Leurs voix jargonnent dans le vent, et Leur conscience marmonne dans la terre. Ils courbent la forêt et écrasent la ville, pourtant ni forêt ni ville ne peuvent apercevoir la main qui frappe.
Kadath Les a connus dans le désert glacé, et quel homme connaît Kadath ? Le désert de glace du Sud et les îles englouties de l’Océan renferment des pierres où Leur sceau est gravé, mais qui a jamais vu la ville au fond des glaces et la tour scellée festonnée d’algues et de bernacles ?
Le Grand Cthulhu est Leur cousin, encore ne les discerne-t-il qu’obscurément.
Ïa ! Shub-Niggurath ! Vous les connaîtrez comme une abomination. Leur main est sur votre gorge, bien que vous ne Les voyiez pas ; et Leur demeure ne fait qu’un avec votre seuil bien gardé. Yog-Sothoth est la clé de la porte, par où les sphères communiquent.
L’homme règne à présent où ils régnaient jadis ; Ils régneront bientôt où l’homme règne à présent. Après l’été l’hiver, et après l’hiver l’été. Ils attendent, patients et terribles, car Ils régneront de nouveau ici-bas. »
(L'Abomination de Dunwich, 1929)

... Sans compter les textes où le simple titre du livre apparaît.

Necronomicon, canulars, superstitions


Lovecraft n’a jamais prétendu être le dépositaire d’un savoir terrible, au contraire il a toujours affirmé que le Necronomicon n’était qu’une invention. L'idée que le Necronomicon existe réellement circulait déjà avant la mort de Lovecraft. Il recevait des lettres de fans se renseignant sur l’authenticité du livre. En 1936 circulaient des publicités permettant de l’acheter (Lovecraft soupçonnait Robert Bloch, un des membres de son cercle d’amis, d’être l’auteur de ce canular).

Lovecraft a un temps eu l'idée d'écrire des extraits choisis du Necronomicon, mais a préféré ne pas le faire, pour ne pas induire en erreur des étudiants ou chercheurs en folklore et en magie.

La frontière entre réalité et fiction s’est encore plus brouillée lorsque des écrivains ont surfé sur le succès de Lovecraft pour publier leur propre Necronomicon. L’un des plus célèbres est le Necronomicon Simon, du nom de l’homme (un ecclésiastique grec) qui l’aurait apporté aux Etats-Unis ; il semble que le Necronomicon Simon tienne moins du mythe de Cthulhu que de la mythologie sumérienne.

La couverture du Necronomicon Simon

En terme de canulars, citons l’Anti-FAQ du Necronomicon, qui entre autre suppose que Lovecraft aurait eu l’idée du Necronomicon via Sonia Greene (femme de Lovecraft - leur mariage ne dura pas très longtemps), qui fréquentait à une époque l’occultiste Aleister Crowley - lequel aurait eu connaissance du Necronomicon…

Quelques représentations dans la culture populaire


Necronomicon Ex-Mortis, , du film Evil Dead 3 : L'Armée des Ténèbres. Ces films ne sont pas des adaptations de Lovecraft à proprement parler, le Necronomicon Ex-Mortis est plutôt un clin d'oeil


Le Necronomicon apparaît dans un épisode de la série animée S.O.S. Fantômes


Le Necronomicon tel qu'il apparaît dans le film du même nom. Ce film a la particularité de raconter trois histoires indépendantes, chacune tirée de l'œuvre de Lovecraft


Jaquette de Prisoner of Ice, un vieux jeu vidéo de type Point'n Click. Le dénouement de l'aventure passe par l'utilisation du Necronomicon

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Traduction anglaise : Necronomicon

Noms alternatifs : Kitab Al Azif, Al Azif

Localisation : voir ci-dessus la liste des institutions qui auraient une copie du Necronomicon.

Date : selon H. P. Lovecraft, le Necronomicon aurait été écrit au 8ème siècle par le poète arabe Abdul Alhazred?. Le livre a cependant été imaginé par Lovecraft à partir des années 20.

Liens complémentaires :

Histoire et Chronologie du Necronomicon, par H. P. Lovecraft'']
Étude des termes arabes présents dans l'œuvre de [Howard Phillips Lovecraft|H. P. Lovecraft]]

Bibliographie :

Toute l'œuvre de H. P. Lovecraft, et en particulier les livres cités dans cet article.

Articles connexes :


Catégories : N ; Canulars ; Mythes et Folklore ; Objets
Auteur : Psychopompos
Mise en ligne : 16/02/11
Dernière modification : le 10/07/12 à 17:43