Encyclopédie du paranormal - Jiang Shi

     Jiang Shi


Créature du folklore chinois, intermédiaire entre le zombie et le vampire


Dans la tradition chinoise, le jiang shi (du chinois 殭屍 , pinyin jiāngshī : "cadavre raide" ; à prononcer "tjiang cheu") est un cadavre animé, se déplaçant par petits bonds, qui cherche à dévorer la force vitale des êtres vivants.

Le mythe du jiang shi s'est exporté en Corée où il est appelé gangshi, ainsi qu'au Japon où son nom est kyonshī.

Représentation moderne du Jiang shi, dans le film Mr Vampire

Origine légendaire


Selon les croyances taoïstes, le corps humain est le siège de différentes énergies vitales : le (), le () et le hun. Un jiang shi est créé lorsqu'après la mort, le pò n'arrive pas à quitter la dépouille, ce qui peut arriver pour différentes raisons :

  • soit parce la personne est décédée d'une mort violente ou non naturelle (suicide, noyade, assassinat);
  • soit lorsqu'un événement inhabituel se passe lors de la veillée mortuaire (chat sautant sur le cercueil, orage) ;
  • soit parce que la tombe est a été placée dans un endroit parcouru par des énergies néfastes, suivant les principes du feng shui.

Le cadavre revient donc à la vie, animé par le seul , et sort de son tombeau la nuit pour tuer ou dévorer les êtres vivants dans le but d'absorber leur .


Ainsi, bien qu'il soit souvent appelé "vampire chinois" par les Occidentaux, le jiang shi est davantage une sorte de zombie? qu'un vampire au sens strict du terme. Traditionnellement il ne suce pas le sang (bien que certains films modernes lui attribuent cette capacité), à l'inverse des vampires occidentaux modernes qui sont justement appelés "jiang shi suceurs de sang" en chinois.
En revanche, le jiang shi présente de nombreuses similitudes avec les "morts mâcheurs", les vampires traditionnels européens.

Aspect


Une caractéristique importante du jiang shi est qu'en raison du rigor mortis (la rigidité qui s'empare des cadavres quelques heures après le décès), il est forcé d'adopter un curieux mode de déplacement : il avance en sautant à pieds joints, les bras tendus devant lui.


La représentation traditionnelle du jiang shi a été fortement influencée par les nombreux films d'horreur le mettant en scène.

Le plus souvent, le jiang shi a l'aspect d'un cadavre anormalement bien conservé ; sa peau est livide ou gris-verte (bien que ses joues soient parfois fardées en raison du maquillage mortuaire), ses yeux cernés de noirs. Plus rarement, le corps se trouve dans un état de décomposition plus avancé. Il porte généralement le costume mortuaire dont on avait revêtu le défunt ; l'image popularisée par le cinéma est celle du costume des mandarins mandchous de la dynastie Qing.

Les jiang shi ont parfois les doigts terminées par des griffes ou par des ongles très longs qu'ils utilisent comme arme, des crocs (caractère non traditionnel lié probablement à l'influence grandissante du vampire occidental) ou de long cheveux blancs et épars.

Jiang shi en costume mandchous, immobilisés par un talisman fú, dans le film Mr Vampire

Moyens de protection


La tradition asiatique donne une multitude de ruses permettant de lutter contre le jiang shi. La méthode la plus répandue pour l'immobiliser, consiste à lui coller sur le front un carré de papier jaune sur lequel on aura écrit une formule magique. Ces talismans sont appelés ().

On peut également neutralyser les jiang shi à l'aide d'un miroir, d'un bāguà (八卦, diagramme octogonal de divination), d'une clochette, d'une épée de maître taoïste, ou avec du sang de poule. On peut aussi répandre du riz ou des haricots dans la pièce, que le jiang shi se sentira obligé de compter un à un.


Le est un principe de vie qui permet au cadavre de se mouvoir mais ce n'est en aucun cas le siège de l'intelligence ; aussi le jiang shi n'est pas très intelligent et n'a aucune identité propre.
Le jiang shi est incapable de sauter au dessus d'un obstacle trop élevé. L'architecture chinoise traditionnelle place ainsi un ménjiàn (門檻), une barre de de bois haute de 15 cm sur le seuil des portes, afin d'empêcher d'éventuels jiang shi de rentrer à l'intérieur des maisons.

Le jiang shi est parfois décrit comme un être aveugle qui repère les êtres vivants à leur respiration ; aussi on peut lui échapper en retenant son souffle.

Les déplacements de cadavres


Le mythe du jiang shi pourrait trouver son origine dans une pratique du folklore du Hunan, le « déplacements d'un cadavre sur une centaine de Li » (千里行屍) – un Li étant une unité de mesure chinoise correspondant à 500 m.

Selon la tradition chinoise, une personne qui décède et est enterrée loin de son foyer ne peut trouver le repos car son cadavre ressent le mal du pays. Dans une telle situation, les familles pauvres pouvaient faire rapatrier jusque chez elles les dépouilles de leurs proches en engageant des maîtres taoïstes du courant maoshan. Ceux-ci collaient des talismans sur le front des cadavres et leurs enseignaient à se déplacer en sautant à pied joint. Ces "processions de cadavres" parcouraient de longues distance pendant la nuit, le maître taoïste de tête sonnant une clochette pour écarter les mauvais esprits et avertir d'éventuels passants.

Cette légende peut s'expliquer par une pratique très répandue dans la région rurale du Xiangxi, à l'Ouest du Hunan, où beaucoup de gens pauvres devaient quitter leur village pour travailler ailleurs. Leurs dépouilles étaient ramenés suspendues par les bras à de longues perches de bambous. Lors de la marche, le balancement des bambous pouvait alors faire croire, observé à une longue distance, que les cadavres bondissaient ensemble à l'unisson.

Dans la culture chinoise


Le jiang shi a été une grande source d'inspiration de la littérature fantastique des dynasties Ming (1368-1644) et Qing (la dernière, de 1644-1911) ; les ouvrages de cette époque dépeignent différents types de vampires, dont certains possèdent des pouvoirs magiques leur permettant de voler ou de provoquer des sécheresses.
On peut notamment citer les livres Ce dont Confucius ne parle pas (子不語), de Yuan Mei (XVIIIème siècle), et les Notes du salon des petites herbes (閱微草堂筆記), de Ji Xiafeng (XVIIIème siècle).

Dans les années 80, l'industrie du cinéma hongkongais remet le jiang shi à l'honneur dans de nombreux films d'horreur/comédie. La saga de films Mister Vampire (殭屍先生, Jiāngshī Xiānsheng) de Ricky Lau a contribué à dépoussiérer le mythe et a définitivement fixé les caractéristiques du jiang shi moderne.


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Noms alternatifs : Vampire chinois

Traduction anglaise : Jiang shi ; Stiff corps ; Chinese Hopping corpse ; Chinese Vampire

Localisation : Chine (plus rarement Japon et Corée), Asie

Articles connexes :

Liens complémentaires :

Article Jiang Shi
Page Hopping Mad: A Brief Look at Chinese Vampire Movies
Article Histoire vampires
Article Chiang-shih (or kiang shi)
BANKARD Bob - Page The vampire guide
Page The Origin of Chinese Vampire aka. Jiang Shi

Catégories : J ; Créatures ; Mythes et folklore
Auteur : Ar Soner
Mise en ligne : 18/08/08
Dernière modification : le 08/05/14 à 13:02