Mimi

Esprits ancestraux de la mythologie des aborigènes d'Australie

Les mimi sont des esprits ancestraux de la mythologie des aborigènes de la Terre d'Arnhem, au Nord-Ouest de l'Australie. De nature ambivalente - bénéfiques ou maléfiques selon la situation, ils sont parfois comparés aux fées et lutins des croyances européennes.

Les mimi sont supposés vivre en groupe familiaux dans les escarpements et chaos rocheux.
Ils sont le plus souvent décrits comme des créatures au corps extrêmement long et mince ; cette particularité leur permettrait de se glisser dans les infractuosités et les crevasses des rochers. Une légende du clan Kunwinjku raconte que les mimi sont tellement minces qu'on peut voir à travers leur corps ; et que n'ayant pas de chair, leurs os s'entrechoquent lorsqu'ils marchent.
Leur cou est si fin qu'il risquerait de se casser comme une brindille en cas de fort vent, aussi les mimi ne sortent de leur abri que lorsque le temps est calme.

D'autres légendes mentionnent que depuis l'arrivée des hommes en Australie, les mimi sont devenus invisibles et que seules certaines personnes choisies peuvent arriver à les voir.

Peinture sur écorce représentant un mimi partant à la chasse, de Djawida Nadjongorle (Oenpelli, 2004)

Les mimi joue un rôle important de les croyances des aborigènes de l'Arnhem Land, pour lesquels ils sont des sortes d'ancêtres civilisateurs (rôle que d'autres créatures mythologies endossent dans les diverses régions de l'Australie : voir par exemple les Wandjina dans le Kimberley).
Des légendes racontent qu'à l'origine des temps, lorsque les aborigènes arrivèrent en Australie, ils rencontrèrent les mimi qui étaient les premiers habitants de l'île. Ils menaient alors un mode de vie de chasseurs/cueilleurs similaire à celui des aborigènes.
Les mimi auraient montré aux hommes comment survivre dans le bush : comment chasser et utiliser le feu pour cuire la viande, et quelles espèces de végétaux cueillir... Ils leurs auraient également légué leurs lois et coutumes, ainsi que leur organisation sociale. Enfin, ils auraient enseigné aux aborigènes certains de leurs arts, comme la pratique du didgeridoo, la danse et les peintures rupestres.

Depuis cette époque, les mimi seraient beaucoup plus discrets et ils ne se montreraient plus que rarement aux humains. Certaines traditions précisent toutefois qu'aux abords des rochers où ils vivent, on peut parfois entendre les chants et la musique des cérémonies des mimi sortir des profondeurs de la terre.

Les mimi ne sont habituellement pas méchants, mais ils sont volontiers capricieux et versatiles. Lorsqu'ils sont contrariés, ils peuvent se venger en envoyant diverses catastrophes naturelles ou en éloignant les animaux des chasseurs.
Les mimi domestiquent certains animaux sauvages et punissent très durement ceux qui iraient les tuer ; pour cette raison, les aborigènes évitent les animaux qui ne manifestent pas une peur naturelle des êtres humains.
Quelques contes Kunwinjku décrivent toutefois les mimis comme des anthropophages, capturant et dévorant les chasseurs qu'ils rencontrent sur leur passage. D'autres légendes font état de mimis attirant des êtres humains dans leurs cavernes et les y gardant captifs pendant de nombreuses années.

Peinture rupestre représentant des mimi, caverne d'Anbangbang dans le parc national de Kakadu
(Source : Dustin M. Ramsey)

Les escarpements et éboulements rocheux où sont supposés vivre les mimi sont traitées avec beaucoup de respect par les aborigènes ; lorsqu'ils doivent s'en approcher, ils respectent un certain protocole en criant pour prévenir de leur arrivée et annoncer le nom des visiteurs.

Les mimi désignent également un style de peinture rupestre particulière d'Arnhem Land, assez ancien, monochrome (de couleur rouge essentiellement) et mettant en scène des figures humaines en mouvement. Les aborigènes ne sont cependant pas toujours d'accord entre eux sur leur origine ; certaines traditions considèrent que les peintures ont été faites par les esprits eux-même, tandis que d'autres reconnaissent leur réalisation par des aborigènes.