Wandjina |
|
Esprits ancestraux de la mythologie des aborigènes d'Australie, parfois assimilés à des extraterrestres par les partisans de la théorie des anciens astronautes
|
|
Les wandjina sont des esprits ancestraux de la mythologie des aborigènes du Kimberley, au Nord-Ouest de l'Australie. Les peintures rupestres les représentant sont devenues des attractions touristiques emblématiques de la région.
En raison de leur aspect sur les peintures traditionnelles et de certains détails des mythes les entourant, les wandjina sont parfois présentés par les partisans de la théorie des anciens astronautes comme une preuve d'un contact entre les aborigènes et une civilisation extraterrestre.
Un groupe de wandjina peints sur une écorce
Les wandjina dans la culture aborigène
Mythes et légendes
Les wandjina sont un élément incontournable de la mythologie des aborigènes du Kimberley, pour lesquels ils jouent un rôle de personnages créateurs et civilisateurs. Les wandjina seraient à l'origine de l'Australie, de ses êtres vivants et de ses paysages, mais également l'organisation sociale et les lois de ces tribus seraient basées sur leur enseignements.
Les wandjina peuvent également remplir occasionnellement un rôle similaire à celui des tempestaires? dans d'autres folklores, en tant qu'esprits contrôlant les éléments météorologiques et responsables de la mousson.
Les croyances aborigènes racontent que durant l'époque du temps du rêve, à l'aube du monde alors que l'être humain n'avait pas encore été créé, les wandjina vinrent du ciel. Ils voyagèrent à travers le monde, y vivant de chasse et de cueillette à la manière des futurs aborigènes, et leurs actions donnèrent leur forme actuelle à la terre et aux êtres vivants. Chaque clan aborigène se réfère à des wandjina mythiques, dont il serait le descendant et dont il aurait hérité ses caractéristiques : totems, parentés avec les autres clans, rituels, chants et danses...
Alors que leur tâche était accomplie et qu'il était temps pour eux de mourir, les wandjina laissèrent leurs images peintes sur les rochers en souvenir de leur passage.
Peintures rupestres de wandjina
(Source : Whinging Pom)
Les esprits des wandjina continuent cependant toujours d'arpenter la terre et de surveiller les actions des hommes. Les croyances aborigènes précisent ainsi que lorsque les wandjina sont offensés, ils peuvent punir les humains en les foudroyant, en invoquant une pluie diluvienne ou des vents violants qui balayeront tout sur leur passage.
Les peintures de wandjina sont traitées avec beaucoup de respect par les aborigènes ; lorsqu'ils doivent s'en approcher, ils respectent un certain protocole en criant pour prévenir de leur arrivée, en annonçant le nom des visiteurs, puis en affirmant aux esprits qu'ils ont bien respecté leurs obligations religieuses depuis la dernière visite.
Il est également de la responsabilité des aborigènes d'entretenir les peintures de wandjina pour éviter qu'elles ne s'effacent ; dans le cas contraire, si les peintures venaient à disparaître, la mousson n'aurait pas lieu, une grande sécheresse serait à craindre et la région perdrait sa fertilité.
Cette tâche d'entretien est dévolue à des anciens, initiés aux lois aborigènes, qui restaurent les peintures à la fin de la saison sèche ? soit entre les mois de janvier et février. Ces retouches se font en général dans un style légèrement différent des anciennes peintures... voire dans certains cas, de nouvelles peintures recouvrent purement et simplement les anciennes. Les représentations de wandjina ne sont donc pas statiques, et évoluent au fil des restaurations.
Peintures rupestres de wandjina
Peintures et représentations
Les wandjina sont un motif récurrent de l'art aborigène du Kimberley ; on les retrouve typiquement peints sur les parois d'abris rocheux et de cavernes peu profondes. Leurs représentations se retrouvent principalement au Nord et au Centre de la région du Kimberley, sur les territoires des tribus aborigènes de langues Worora, Ngarinyin, Wunambal et Bunuba, ainsi que sur l'île Koolan de l'archipel des boucaniers, territoire du peuple Umiida.
Des datations effectuées sur des pigments ont montré que certaines peintures avaient près de 1500 ans, ce qui atteste de l'ancienneté du thème des wandjina dans l'art rupestre. Cette ancienneté explique également que les aborigènes fassent remonter les peintures au temps du rêve, puisque de mémoire d'homme ces peintures ont toujours été présentes.
Peinture rupestre de wandjina
Tous les wandjina présentent le même aspect général, aux caractéristiques très typiques qui les rendent aisément reconnaissables. Certains d'entre eux ont des noms et des détails picturaux qui permettent de les distinguer individuellement des autres.
Les wandjina sont représentés de face, la plupart du temps en entier sur un portrait en pied, mais il arrive régulièrement que seule la tête ou le buste ne soient peints.
Les wandjina ont une visage rond, des yeux noirs situés de part et d'autre d'un nez droit et fin. La bouche est absente, la tradition précisant à ce sujet que les wandjinas étaient tellement puissants qu'ils n'avaient pas besoin de parler, ou que s'ils avaient eu une bouche, la pluie n'aurait cessé de tomber. La tête des wandjina est entourée d'un halo semi-circulaire de couleur, de points ou de lignes (symbolisant les éclairs de la saison des pluies), donnant l'impression que les wandjina portent un casque ou une coiffe.
Une forme ovale est située sur leur poitrine, dans laquelle certains ont vu le coeur des wandjina, un os, ou un pendentif en coquillage.
Peinture aborigène moderne représentant 2 wandjina
Les peintures rupestres sont de grande taille, voire monumentales (des exemples de wandjina longs de 4 ou 5 mètres sont connus), mais des dessins plus petits ont également répertoriés. Les wandjina peuvent être représentés seuls ou en groupe. Les peintures sont la plupart du temps réalisées sur un fond d'ocre blanc, tandis que les contours du wandjina sont réalisés avec des ocres noirs, rouge ou jaune, ce qui donne l'impression que les wandjina se détachent de la roche et fait ressortir certains détails de la composition (tels que les grands yeux noirs des wandjina).
Les wandering wandjina de Perth
Bien que le motif ait été sacré à l'origine, les wandjina sont devenus un thème fréquent de l'art profane du Kimberley. Les aborigènes les peignent sur divers supports comme des toiles, des écorces... à destination des marchés touristiques internationaux.
Les représentations de wandjina ont de fait acquis une certaine célébrité à travers toute l'Australie. Durant l'ouverture des Jeux Olympiques de Sydney de 2000, une installation montrait un groupe de wandjina.
Un des graffiti wandering wandjina de la ville de Perth
(Source : image uploadée par technobohemian en octobre 2006 sur flickr)
En 2006, de nombreux graffitis de wandjina sont apparus dans les rues de la ville de Perth, sur la côte Ouest de l'Australie Occidentale (à plus de 2300 km du Kimberley). Principalement réalisés au pochoir ou à la bombe de peinture, certains tags respectaient le style des peintures aborigènes traditionnelles, tandis que d'autres adoptaient des formes plus originales - mettant en scène des wandjina conduisant des voitures ou habillés de vêtements modernes.
Les graffitis, dont le nombre fut évalué à plus d'une centaine, furent pour la plupart non-revendiqués, contribuant à donner l'impression que les tags se répliquaient spontanément et mystérieusement pendant la nuit. Le phénomène acquit une certaine célébrité locale, et des curieux organisèrent une « surveillance des wandjina » (wandjina watching) : ils repéraient les nouveaux graffitis de wandering wandjina (« wandjina errants »), les photographiaient, puis diffusaient les images sur Internet avec les coordonnées géographiques du tag.
Ces graffitis suscitèrent des réactions très vives chez les aborigènes du Kimberley, qui toléraient mal que des étrangers s'approprient leurs croyances et reproduisent des figures sacrées que seuls certains anciens initiés aux lois avaient le droit de représenter. L'artiste aborigène Donny Woolagoodja avertit que les non-initiés qui peignaient les wandjina risquaient d'attirer à eux de puissantes énergies qui pouvaient les blesser ; toutefois, il salua le talent des artistes.
Un des graffiti wandering wandjina de la ville de Perth, dessiné ici au pochoir
(Source : image uploadée par bachco en décembre 2006 sur flickr)
Les wandjina dans le monde de l'ufologie
Les premières peintures de wandjina ont été identifiées par l'explorateur George Grey en 1839, sur un site de la rivière Glenelg. Grey doutait que des « sauvages » aborigènes aient pu réaliser de telles peintures : sans le savoir, il fut le premier représentant d'un mouvement remettant en question l'origine des wandjina, qui se poursuit encore de nos jours.
Dans son livre Les Chariots des Dieux, l'écrivain suisse Von Daniken utilisa les peintures rupestres de wandjina pour étayer sa théorie des anciens astronautes. Cette théorie fut reprise par la suite par des magazines et divers auteurs ; il n'est désormais pas rare de retrouver des dessins de wandjina dans la littérature ufologique.
Le halo coloré autour de la tête des wandjina a été souvent assimilé dans ce contexte à un casque de cosmonaute. La similitude de l'aspect des wandjina avec la représentation stérotypée du petit gris est également soulignée : grosse tête, peau blanche, grands yeux noirs et bouche réduite ou absente...
D'autres éléments de la mythologie aborigène autour des wandjina ont également été pointés du doigt comme une réminiscence d'un ancien contact avec des extraterrestres : les esprits seraient venus du ciel, et ils auraient transmis une partie de leur savoir aux aborigènes tels que les bases de leur société et leurs coutumes religieuses. Ces caractéristiques ne sont toutefois pas propres aux wandjina ; de nombreux autres ancêtres du temps du rêve jouent ce même rôle de héros civilisateurs dans d'autres croyances aborigènes à travers toute l'Australie.
Dessin de George Grey, représentant l'une des peintures rupestres de wandjina observées lors de son expédition de 1839
Un dessin réalisé par George Grey lors de son expédition, reproduisant l'une des peintures qu'il avait pu observer, a également fait couler beaucoup d'encre. Des signes semblables à ceux d'une écriture sont en effet visibles au dessus de la tête d'un wandjina ; quelques auteurs ont prétendu pouvoir réussir à les traduire ou ont tenté de les relier à d'autres écritures anciennes de par le monde (comme le script de Glozel).
Les ethnologues ont cependant répliqué que le dessin de George Grey n'avait que peu de choses à voir avec le style artistique aborigène et qu'il n'était vraisemblablement pas une copie fidèle de la peinture originale. Grey a donc pu prendre certaines libertés et interpréter des symboles aborigènes comme une forme d'alphabet.
| ||||||||||||
| ||||||||||||
|
Page associée : Images : Wandjina
Traduction anglaise : Wandjina
Noms alternatifs : le terme est parfois orthographié wondjina
Localisation : La tradition des wandjina est localisée dans la région du Kimberley, nord de l'Australie Occidentale, Australie, Océanie
Sources et liens complémentaires :
- Flickr [en]
Bibliographie :
- Mythology : Myths, Legends and Fantaisies, Mills Alice, Parker Janet, Stanton Julie et al (2005), éd. Global Book Publishing.
- Journal of two expeditions of discovery in North-West and Western Australia during the years 1837, 1838 and 1839, George Grey (1839)
|
Auteur : Ar Soner
Mise en ligne : 17/03/13
Dernière modification : le 23/12/14 à 01:53
|
|