Encyclopédie du paranormal - Poltergeist de Rosenheim

     Rosenheim, poltergeist de


Célèbre affaire allemande de poltergeist de la fin des années 60



Le poltergeist de Rosenheim est une célèbre affaire de poltergeist s'étant déroulée dans un cabinet d'avocat à Rosenheim en Allemagne en 1967. Le poltergeist se serait principalement manifesté sous la forme de perturbations des appareils électriques et de déplacements d'objets. Ces manifestations étaient centrées autour de la personne de Anne-Marie Schaberl, une jeune fille de 18 ans.

Le poltergeist de Rosenheim est essentiellement connu par l'investigation menée par le parapsychologue Hans Bender et les observations de quelques témoins. Il est souvent considéré comme l'un des cas modernes de poltergeists les mieux documentés, bien que son authenticité ait été remise en question.


Anne-Marie Schaberl prise en photo dans le cabinet d'avocat à Rosenheim, en 1967


Déroulement de l'affaire


L'affaire s'est déroulée dans un cabinet d'avocat de Rosenheim, dans le sud de la Bavière en Allemagne, à une cinquantaine de kilomètres de Munich. Le cabinet était fréquenté par l'avocat Sigmund Adam ainsi que quelques employés.

Le poltergeist aurait commencé à se manifester au mois d'octobre 1967. Ces manifestations auraient pris essentiellement la forme de dysfonctionnement au niveau du matériel électrique, notamment :

  • l'éclairage : pannes inexpliquées et répétées des luminaires, balancement des plafonniers, voire explosion des ampoules en quelques occasions.
  • les téléphones : sonneries simultanées des 4 postes du cabinet sans que personne n'ait été présent au bout du fil ; interruption momentanée ou coupure des conversations téléphoniques ; appels spontanés sans qu'aucun employé n'ait utilisé le téléphone.
    Le 20 octobre 1967, 46 appels à l'horloge parlante (qui est un service payant en Allemagne) auraient ainsi été enregistrés en 15 minutes, soit un appel toutes les 20 secondes ! Les factures téléphoniques du cabinet atteignaient en conséquence des montants anormalement élevés.
  • des équipements divers : plombs qui sautaient sans raison ; liquide de développement des photocopieurs retrouvé projeté hors de son réservoir...

Ces dysfonctionnements étaient parfois accompagnés de forts bruits de détonation ou de craquements, ou de coups dans les murs dont l'origine exacte ne pouvait pas être déterminée.


Dans un premier temps, soupçonnant une perturbation au niveau du réseau électrique, Sigmund Adam fit venir des employés de la régie d'électricité et du réseau téléphonique pour résoudre le problème. Les employés furent également témoins des diverses manifestations surnaturelles du poltergeist.
Une étude du réseau révéla de fortes variations d'intensité du débit électrique, qui coïncidaient avec les dysfonctionnements observés sur le matériel. Le cabinet fut alors raccordé à un générateur de secours, et les ampoules et les fils électriques furent remplacés par du matériel fourni par la régie... mais les variations d'intensité et les phénomènes continuèrent malgré tout.


Paul Brunner, un employé des services techniques municipaux, témoignant avoir vu un cadre accroché au mur tourner sur lui-même de 320 degrés

Adam Sigmund fit alors appel à Hans Bender, parapsychologue et professeur à l'université de Fribourg, qui arriva à Rosenheim le 1er décembre 1967.
En accord avec la théorie communément admise selon laquelle les poltergeists sont associés à un ou une adolescent(e), Bender remarqua que les phénomènes avaient essentiellement lieu à proximité d'Anne-Marie Schaberl, une jeune secrétaire de 18 ans. Les manifestations du poltergeist débutaient le matin avec l'arrivée d'Anne-Marie dans le cabinet d'avocat et se terminaient avec son départ à la fin de la journée.

Une semaine plus tard, Bender fut rejoint par F. Karger et S. Zicha, deux physiciens de l'Institut Max Planck. Ils réalisèrent des études complémentaires sur les réseaux électriques au moyen d'oscilloscopes et d'enregistreurs de données, protégés de façon à écarter toute possibilité de fraude.
Les analyses des deux physiciens écartèrent un grand nombre d'hypothèses qui auraient pu expliquer les dysfonctionnements électriques constatés (variation de tension du réseau, champ magnétique externe, secousse sismique, etc), mais sans toutefois arriver à déterminer l'origine exacte du phénomène.
Karger et Zicha admirent que les phénomènes qu'ils avaient observé n'étaient pas explicables en l'état par les théories de la physique. Ils n'écartèrent pas cependant la possibilité que les perturbations aient une origine mécanique, voire humaine ; ils notèrent également que les manifestations du poltergeist donnaient l'impression d'être « intelligentes » et de vouloir échapper aux observations par les chercheurs.

Consécutivement à l'arrivée de Hans Bender, entre décembre 1967 et janvier 1968, l'activité du poltergeist s'intensifia en prenant la forme de déplacements d'objets : assiettes décoratives qui tombaient des murs ; tableaux se balançant sur eux-même (voire effectuant un tour complet de 360°) ; tiroirs s'ouvrant sans intervention humaine ou éjectés de leur meuble ; classeurs, documents ou même de lourds meubles comme des bureaux ou armoires se déplaçant seuls.

Selon Hans Bender, Anne-Marie était de plus en plus nerveuse tandis que l'activité du poltergeist allait croissante ; à son apogée, Anne-Marie présentait des contractions incontrôlables des bras et des jambes.

Anne-Marie prit quelques jours de congés pour se reposer, et les phénomènes surnaturels cessèrent suite à son départ. Peu de temps après, en janvier 1968, elle se trouva un emploi ailleurs ; plus aucun souci particulier ne se produisit alors dans les bureaux du cabinet d'avocat qui retrouva son calme habituel.

Hypothèse explicatives


Hypothèse parapsychologique

Après son arrivée à Rosenheim en décembre 1967, Hans Bender a assez rapidement avancé l'idée que la jeune Anne-Marie Schaberl était à l'origine du poltergeist.
En effet selon une hypothèse répandue dans le milieu de la parapsychologie, les poltergeists peuvent être provoqués par des personnes (typiquement des adolescents, le plus souvent de sexe féminin) traversées par des émotions très fortes et intenses. Ce trouble émotionnel se manifeste extérieurement sous la forme d'une psychokinèse inconsciente (en anglais : Recurrent Spontaneous PsychoKinesis ou RSPK), responsable des perturbations surnaturelles constatées et attribuées à un esprit frappeur (bien qu'il n'y ait en fait aucun fantôme ou esprit en jeu).

Selon Hans Bender, Anne-Marie Schaberl souffrait de nombreux troubles émotionnels : elle détestait son travail de secrétaire ainsi que son employeur, mais réprimait intérieurement sa colère et sa frustration. Anne-Marie avait également été quittée par son fiancée et cette déception amoureuse avait été difficile à vivre pour elle.


Le parapsychologue Hans Bender, à la fin des années 60

Bender interprétait les innombrables coups de téléphone passés à l'horloge parlante comme la manifestation physique du sentiment d'ennui d'Anne-Marie : pour elle, les journées de travail semblaient ne jamais finir.

Hans Bender signala que dans le nouveau lieu de travail où se trouvait Anne-Marie, quelques légères perturbations eurent lieu dans un premier temps mais cessèrent rapidement.
En 1969, toujours selon Bender, Anne-Marie se serait mariée et les phénomènes paranormaux auraient alors complètement cessé dans son entourage.

Hypothèses rationnelles

Des auteurs sceptiques comme le hollandais Piet Hein Hoebens ont souligné plusieurs points qui remettent en question l'authenticité de l'affaire du poltergeist de Rosenheim :

  • l'affaire est essentiellement connue par le récit que le parapsychologue Hans Bender en a fait après coup. Or, si Hans Beder a témoigné subjectivement de ce qu'il avait observé à Rosenheim, en revanche il n'a jamais publié un quelconque rapport de son investigation. Il n'est donc pas possible de se faire une idée objective des phénomènes ayant eu lieu dans le cabinet d'avocat pendant l'hiver 1967, ni d'évaluer dans quelle mesure le parapsychologue a cherché à écarter des explications cartésiennes aux phénomènes observés.
  • la neutralité d'Hans Bender a été critiquée. Bender semble en effet avoir volontairement omis certains éléments qui jetaient le doute sur l'authenticité du poltergeist, comme le fait qu'Anne-Marie aurait été attrapée en train de simuler par un policier. L'auteur Hans Joachim Bogen a montré que contrairement aux affirmations de Bender, il n'y avait jamais eu aucun phénomène paranormal dans le nouveau lieu de travail d'Anne-Marie Schaberl.


Les physiciens F. Karger et S. Zicha furent essentiellement témoins de perturbations électriques. Ils observèrent en de rares occasions les plafonniers se balancer sur leur support, dans des conditions où de leur propre aveu le canular était peu probable mais pas impossible.
Dans leur rapport, Karger et Zicha consignèrent certains éléments troublants, comme le fait que les filaments des ampoules ayant éclaté étaient intacts — ce qui suggère une action extérieure. Hans Joachim Boden rappelle qu'il est facile de faire exploser des lampes à incandescence chaudes en pulvérisant de l'eau dessus.

Selon Hans Joachim Boden, certaines perturbations électriques du poltergeist auraient pu s'expliquer par la mise en marche d'une machine de radiographie dans le même bâtiment que celui du cabinet d'avocat.


Exemple de graphique enregistré par l'équipe Karger et Zicha en 1967 ; la flèche montre une déformation de la courbe qui ne peut pas être obtenue par l'action d'un courant électrique mais trahit une action mécanique (à la main ?) sur l'aiguille de l'enregistreur

Le physicien John Taylor a examiné les graphiques des variations d'intensité de courant électrique du cabinet d'avocat de Rosenheim : certains d'entre eux présentaient selon lui des traces manifestes de fraude, comme si on avait essayé de déplacer à la main l'aiguille de l'enregistreur. Karger et Zicha avaient placé l'enregistreur dans un coffret pour éviter toute manipulation frauduleuse, mais ils reconnaissaient eux-mêmes ne pas pouvoir expliquer ces résultats.
Pour John Taylor, le poltergeist de Rosenheim était un mélange de perturbations électriques authentiques, de tricheries et d'hallucinations des témoins.


En 1970, dans le livre Falsche Geister, echte Schwindler (« Faux fantômes, vrai escroc ») les enquêteurs Albin Neumann, Herbert Schiff et Gert G. Kramer ont affirmé que l'avocat Sigmund Adam avait mis en scène certaines manifestations du poltergeist.
Lors de leur visite au cabinet d'avocat, Neuman, Schiff et Kramer observèrent des fils de nylon attachés à des plafonniers et des cadres accrochés au mur, permettant de les faire se balancer simplement en tirant sur les fils.
En outre, ils mirent la main sur une matraque cachée derrière une armoire, utilisée selon eux pour produire les bruits de coups dans les murs ; des traces noires visibles sur les murs de certains bureaux purent être reproduites en les cognant avec cette même matraque.
Sigmund Adam tenta d'empêcher la publication du livre en déposant un recours devant les tribunaux, sans succès.


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Traduction anglaise : Rosenheim poltergeist

Localisation : Rosenheim, Bavière, Allemagne, Europe.

Liens complémentaires :

Bibliographie :

  • Pursuing the Elusive Poltergeist, de Allen Spraggett. Article du journal The Pittsburgh Press du 2 janvier 1974.
  • Physikalische Untersuchung des Spukfalls in Rosenheim 1967 de F. Karger et S. Zicha. Zeitschrift für Parapsychologie und Grenzgebiete der Psychologie de novembre 1968.

Catégories : R ; Évènements ; Parapsychologie
Auteur : Ar Soner
Mise en ligne : 07/05/16
Dernière modification : le 16/05/16 à 11:11