Encyclopédie du paranormal - Poltergeist

     Poltergeist


Phénomène paranormal consistant en des bruits et des déplacements d'objets (ou entité responsable de ce phénomène)


Dérivé de l'allemand de poltern (faire du bruit) et geist (esprit), le mot "poltergeist" désigne à l'origine un esprit frappeur, c'est-à-dire une entité invisible se manifestant par des bruits et/ou le déplacement d'objets divers. En français, son sens semble cependant avoir évolué pour désigner également ces phénomènes eux-mêmes, et non l'entité supposée en être responsable.


Célèbre photographie montrant Janet, l'une des victimes du poltergeist d'Enfield en 1977, en train de léviter. Le même effet peut cependant être obtenu en photographiant quelqu'un en train de sauter.

Bien que des phénomènes de type poltergeist soient rapportés depuis des siècles et dans le monde entier, ils n'ont pu faire l'objet d'aucune étude et sont à l'heure actuelle encore mal compris en raison de leur sporadicité et de leur imprévisibilité.


Description du phénomène

On parle de poltergeist lors de la manifestation de l'un ou de plusieurs des phénomènes suivants :

  • bruits divers sans source apparente : bruits de coups frappés dans les murs ou dans les portes ; bruits de meubles lourds qu'on déplace ou de vaisselle qu'on entrechoque, comme si la pièce était mise sens dessus dessous (manifestations courantes dans les affaires de poltergeist du XIXème siècle) ; bruits de pas ; et plus rarement cris, sifflements, voix humaines...

    Quelques témoignages font état de poltergeists reproduisant tels des magnétophones des sons quelconques ou des conversations, plusieurs minutes ou heures après qu'ils se soient produits.
    Ces manifestations sonores peuvent également être subjectives c'est-à-dire qu'elles ne sont perçues qu'en certains endroits, par exemple dans une certaine pièce d'une maison. Les personnes situées hors de cette pièce (même de l'autre côté de la porte) ne les entendent pas, aussi bruyantes soient-elles.
    Dans certains cas, ces bruits peuvent constituer une forme de communication, en morse par exemple ou en utilisant la fameuse convention « un coup pour oui, deux coups pour non » développée par les soeurs Fox dans les années 1840.
  • déplacement d'objets par lévitation ou par téléportation?. Ces phénomènes peuvent se présenter sous la forme d'objets se matérialisant ou disparaissant sans raison ; de meubles lourds déplacés ou renversés sur eux-mêmes ; ou d'objets lancés dans les airs, parfois en direction des personnes.
    Les jets de pierre inexpliqués (lithobolie?) constituent une manifestation typique des poltergeists, déjà mentionnée dans de très anciens témoignages.
  • actions directes sur des êtres vivants par une force invisible : blessures (griffures, morsures, pincements ou gifles), et dans de rares cas lévitation voire possession?.
  • enfin, les poltergeists peuvent se manifester de façon plus spécifique dans certaines affaires : dysfonctionnement des appareils électrique (comme ce fut le cas pour le célèbre poltergeist de Rosenheim), pyrokinésie (objets prenant spontanément feu), écriture spontanée (graffiti sur les murs), foudre en boule?...

On ne parle généralement de poltergeist que lorsque ces phénomènes sont involontaires : ainsi la télékinésie? ou le ouija, bien qu'apparentés au phénomène poltergeist selon certaines hypothèses, n'en font pas partie intégrante.


Exemple de photographie de phénomène de type poltergeist, qui aurait été prise en 1955 dans une ferme de Saint-Jean-de-Maurienne dans les Alpes par un journaliste venu enquêter sur des phénomènes paranormaux.


Lorsque le phénomène se répète, il ne le fait généralement que dans une zone limitée (à l'intérieur d'une seule et unique maison, par exemple) ou autour d'une personne particulière, qui sert de catalyseur aux manifestations du poltergeist (voir partie suivante Hypothèses explicatives).

Sauf lors des cas (rares) d'agressions physiques, les poltergeists ne font habituellement pas de mal aux personnes, même lorsque celles-ci sont possédées ou soulevées dans les airs. Ainsi, l'évêque Guillaume d'Auvergne notait déjà au XIIIèmesiècle que les jets de pierres démoniaques ne blessaient que très rarement — si ce n'est jamais — les humains.
En revanche, les poltergeists peuvent occasionner des dégâts matériels importants, les objets projetés ou retournés pouvant être brisés lors de leur déplacement.

Dans la plupart des situations, aucun but ou raison précise ne peuvent être trouvés aux manifestations du poltergeist. Le phénomène se déchaîne par vagues successives et pendant une durée généralement assez courte de quelques semaines (même si des cas extrêmement courts de quelques jours et d'autres plus longs allant jusqu'à 2 ans ont été documentés). Puis, il se termine aussi soudainement et inexplicablement qu'il avait commencé.


Hypothèses explicatives

Le terme "poltergeist" désigne un large éventail de phénomènes, qu'il semble difficile d'attribuer à une cause unique. Il n'est donc pas surprenant que de nombreuses explications aient été avancées pour les expliquer :

  • hypothèse religieuse : cette explication fut la première proposée historiquement pour expliquer le phénomène, et elle fut privilégiée dans les pays occidentaux jusqu'au XIXème siècle avant d'être remplacée par d'autres hypothèses explicatives d'apparence plus rationnelle.
    Dans le cadre de cette hypothèse, les phénomènes de type poltergeist passent pour être causés par le Diable, des démons, des fantômes, des lutins ou être le fruit d'un acte de sorcellerie. Ils peuvent cependant être arrêtés par un exorcisme? ou en luttant directement contre la source du poltergeist (lutin, fantôme, etc) au moyen de rituels issus des croyances religieuses ou populaires.
  • hypothèse spiritiste : pour Allan Kardek?, ces phénomènes sont causés par des esprits et facilités par la proximité d'un médium (conscient de son don ou non), qui va leur céder l'énergie nécessaire pour se manifester dans le monde physique :
    « Sixième classe : Esprits frappeurs et perturbateurs. Ces Esprits ne forment point, à proprement parler une classe distincte, eu égard à leurs qualités personnelles; ils peuvent appartenir à toutes les classes du troisième ordre. Ils manifestent souvent leur présence par des effets sensibles et physiques tels que les coups, le mouvement et le déplacement anormal de corps solides, l'agitation de l'air, etc. Il paraissent, plus que d'autres, attachés à la matière; ils semblent être les agents principaux des vicissitudes des éléments du globe, soit qu'ils agissent sur l'air, sur l'eau, le feu, les corps durs ou dans les entrailles de la terre. On reconnaît que ces phénomènes ne sont point occasionnés par une cause fortuite ou physique, quand ils ont un caractère intentionnel et intelligent.»
Allan Kardek, Le livre des esprits
Résultat de l'activité d'un poltergeist

Source inconnue

  • hypothèses parapsychologiques? : les poltergeists sont causés par une forme de télékinésie? involontaire et inconsciente. Cette explication se base notamment sur le fait — constaté dès le XIXème siècle — que les phénomènes poltergeist ont statistiquement plus souvent lieu autour d'adolescents (ou plus précisément, d'adolescentes) et de personnes névrosées ou instables émotionnellement : leurs troubles psychologiques seraient à l'origine de ces manifestations inconscientes de pouvoir psi incontrôlé, parfois appelé RSPK (Recurrent Spontaneous PsychoKinesis, psychokinésie spontanée récurrente).
    L'existence de la télékinésie n'a cependant jamais été prouvée.

    Selon d'autres parapsychologues, cette psychokinèse involontaire serait provoquée par la possession de la victime par un fantôme ou un esprit quelconque, ce qui rejoint les deux premières explications.

    L'astronome et spiritiste Camille Flammarion observait pour sa part qu'à côté de poltergeists provoqués par les esprits inapaisés de défunts, il en existait d'autres qui ne semblaient pas être le fruit de forces pensantes agissant intentionnellement. Par conséquent, il admettait les deux hypothèses spiritiste et parapsychologique.
  • hypothèses rationnalistes : les poltergeists présentant des formes très variables selon les cas, les sceptiques ont avancé qu'il était vain de vouloir trouver une explication unique au phénomène. Les poltergeists seraient le fruit d'un ensemble de phénomènes : canulars, hallucinations ou auto-persuasion des témoins, phénomènes naturels ayant des explications diverses... qui, mis bout à bout, donnent l'impression qu'une force surnaturelle est à l'oeuvre.

    Les déplacements d'objets observés pourraient par exemple être expliqués par des courants d'air, des tremblements de terre ou par le phénomène de lévitation acoustique.
    Dans certains cas de poltergeists (comme celui de Vailhauquès?), les coups frappés dans les murs ont pu être expliqués avec succès par la présence d'une rivière souterraine circulant en dessous des lieux. Cette rivière donnait naissance à des phénomènes de cavitation : la formation de bulles d'air éphémères, qui vont imploser en transmettant une onde de choc perceptible jusqu'à la surface sous la forme d'un coup sourd.

    De nombreuses affaires de poltergeists se sont avérées être des canulars : les soi-disantes victimes ont fini par se dénoncer ou ont été surprises en train de simuler une intervention paranormale, par exemple en lançant elles-même des objets dans les airs.
    Même des affaires très connues et souvent présentées comme véridiques (comme le poltergeist d'Enfield ou le poltergeist de Rosenheim) présentent des éléments qui jettent un doute sur leur authenticité.
    Enfin dans quelques cas, des médias à la recherche de sujets vendeurs (voire les enquêteurs et parapsychologues eux-mêmes) ont exagéré les phénomènes constatés par les témoins ; une enquête plus neutre réalisée après coup a révélé que l'ensemble de l'affaire reposait sur des bases assez légères.

    En 1902, l'écrivain et parapsychologue Frank Podmore? a proposé une explication appelée naughty little girl theory (« théorie de vilaine petite fille »). Analysant de nombreux cas où des adolescents étaient à l'épicentre des phénomènes de poltergeists, Podmore a postulé que les jeunes gens étaient directement et volontairement responsables des phénomènes surnaturels : cette supercherie viserait à les amuser, à attirer l'attention de leurs parents sur eux ou à les effrayer, mais prendrait progressivement de l'ampleur et pourrait aller jusqu'à provoquer des hallucinations chez les parents et les divers témoins. Malgré son nom (apparemment inventé par ses détracteurs pour la décrédibiliser), cette hypothèse ne s'applique selon Podmore pas uniquement aux adolescents ni aux femmes.
    La « théorie de la vilaine petite fille » s'est toutefois avérée correcte dans de nombreux cas de poltergeists relevant du canular.

    D'une point de vue sociologique, les poltergeists sont généralement considérés comme une croyance populaire née de l'inconscient collectif, au même titre par exemple que les lutins — auxquels on attribuait anciennement dans les campagnes la responsabilité des poltergeists. Cette explication est similaire au modèle sociopsychologique du phénomène OVNI?.
Selon sa légende, cette photographie montrerait un téléphone projeté par un poltergeist

Source inconnue

Historique du phénomène et cas célèbres


Bien qu'il soit souvent affirmé que les poltergeists seraient attestés depuis l'Antiquité, il n'existe que très peu de textes anciens antérieurs à l'an mil évoquant le phénomène. Les premières mentions de poltergeists datent du début du Moyen-Age ; le phénomène n'est alors pas toujours identifié ainsi, mais est le plus souvent présenté comme les agissements d'un lutin ou d'un mauvais esprit tourmentant les humains.

  • 858 ap. J-C : cas du poltergeist de Bingen, qui aurait jeté des pierres, engendré des départs de feux spontanés et donné des coups dans les murs d'une ferme en Allemagne. Il s'agit de la toute première affaire de poltergeist documentée et sans ambiguïté.
  • 1191 : le chroniqueur Giraud de Barri a documenté un poltergeist ayant frappé deux foyers au Pays de Galles ; il se serait manifesté en jetant des pierres et diverses immondices sur les habitants, déchirant leurs vêtements et conversant avec eux.
  • 1668 : Joseph Glanvill parle dans Saducismus Triumphatus du tambour de Tedworth?, considéré par certains comme un poltergeist.
  • 1698 : Ricard Chamberlain décrit dans son pamphlet Lithobolia les lancers mystérieux d'objets divers par une force invisible (nommée the stone throwing devil, soit « le diable lanceur de pierres ») observés durant plusieurs mois à New Castle dans le New Hampshire aux USA.
  • 1797 : en Virginie Occidentale, un fermier appelé Adam Livingston? est hanté par une entité bruyante, qui découpe de nombreux objets de sa maison sans raison ni explication apparentes.
  • 1817 : affaire de la Sorcière des Bell?, dans le Tennessee.
  • 1848 : hantise des Soeurs Fox?.
  • 1878-1879 : le « mystère d'Hamerst? ».
Couverture d'une édition du journal La Vie Mystérieuse d'avril 1911, représentant l'observation d'un phénomène de type poltergeist par une domestique à Chéragas (Algérie)
  • 1923 : en Roumanie, la jeune Eleonore Zugun? est hantée pendant plusieurs années par un poltergeist (et contribuera par la suite à populariser ce terme).
  • 1937 : affaire du poltergeist du presbytère Borley?.
  • 1960 : cas du poltergeist de Saint Catharine?, dans l'Ontario.
  • 1966 : manifestations du poltergeist de Miami?, responsable de très nombreuses destructions dans l'entrepôt d'un magasin, notamment observées par des journalistes, des policiers, des parapsychologues et un magicien sceptique.
  • 1967 : cas du poltergeist de Rosenheim, dans un cabinet d'avocat en Bavière. Il fut observé et étudié par le parapsychologue Hans Bender? et divers témoins dont des scientifiques, et est souvent présenté de ce fait comme l'un des cas modernes de poltergeists les mieux documentés. Le poltergeist se manifestait notamment sous la forme de dysfonctionnement des appareils électriques.
  • 1966-1969 : affaire du Moine noir de Pontefract?, caractérisée par des phénomènes de type poltergeist étalés sur plus de deux ans parfois accompagnés de l'apparition d'un mystérieux personnage vêtu de noir.
  • 1977-1980 : cas du poltergeist d'Enfield, dans une maison de la banlieue de Londres. Ses manifestations de nature très variée furent observées par divers parapsychologues et par de nombreux témoins. L'affaire fut abondamment couverte par les médias internationaux et a été retracée par plusieurs films et séries, ce qui en fait l'un des cas de poltergeists les plus célèbres du XXème siècle.


Le parapsychologue Maurice Grosse essayant de maintenir Janet, l'une des victimes du poltergeist d'Enfield, alors que celle-ci est « possédée » par une entité

  • 1990-? : depuis son ouverture par un vagabond souhaitant s'y abriter, le mausolée de l'avocat anglais George Mackenzie? (Édimbourg) et ses environs seraient l'objet d'une intense activité de type poltergeist. Une force invisible aurait déjà poussé, blessé et provoqué des malaises chez des centaines de visiteurs du cimetière, dans lesquelles des visites touristiques appelées ghost tours exploitant la popularité du phénomène sont désormais organisées.
  • 2004-2005 : certains aspects des incendies mystérieux de Canneto di Caronia? évoquent les phénomènes de types poltergeists.

En plus de ces cas de poltergeist historiques, on peut également citer Old Jeffrey?, poltergeist hantant le presbytère d'Epworth, dans le Lincolnshire.


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Traduction française : littéralement « esprit bruyant » ou « esprit turbulent »

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Catégories : P ; Parapsychologie ; Phénomènes
Mise en ligne : 31/03/09
Dernière modification : le 20/12/16 à 14:39