Encyclopédie du paranormal - Qilin

     Qilin


Animal chimérique du folklore asiatique


Le qilin (en chinois 麒麟, pinyin : qílín, à prononcer "tchilin") est un animal légendaire du folklore chinois, considéré comme bénéfique car apportant autour de lui la prospérité et le bonheur.
Il est également parfois appelé sibuxiang (四不象, « qui ne ressemble à rien »), bien que ce nom puisse être utilisé pour d'autres créatures du folklore chinois.

Le mythe du qilin est extrêment ancien : la première référence historique connue se trouve dans Les chroniques de Zuo, un livre écrit au 4ème siècle av. JC. A l'origine probablement purement chinoise, la légende s'est exportée dans d'autres pays asiatiques comme le Japon, où l'animal est nommé kirin (nipponisation du nom chinois) ou ikkakujū (mot japonais signifiant "bête unicorne"). Il est également présent en Corée, où son nom est girin, et au Vietnam où il s'appelle kỳ lân.

Statue de qilin, devant le palais d'Eté à Pékin. On notera les deux cornes de cerf, au lieu de la corne unique décrite par la littérature

Description


Le qilin est décrit comme un animal chimérique ayant une tête de dragon, et un corps semblable à celui d'un boeuf ou d'un cerf mais recouvert d'écailles de poisson. Ses pattes se terminent par des sabots ou plus rarement, par cinq doigts. Le qilin est souvent dépeint avec des flammes sortant de sa bouche, ou tenant un livre dans sa gueule (en allusion à la légende de Confucius, voir plus loin).

La littérature chinoise précise que le qilin possède une unique corne sur la tête, ce qui lui a valu d'être considéré comme l'équivalent asiatique de la licorne? occidentale ; sur les statues et dans l'iconographie, le qilin est cependant représenté le plus souvent portant deux cornes de cerf.
Dans tous les cas, l'érudit Duan Yucai (1735 - 1815) note que les cornes du qilin ne sont pas des armes, mais qu'elles symbolisent sa sagesse et qu'il les utilise pour séparer les justes des gens mauvais.

Statue d'un qilin couché, au temple de shaolin

(Crédit : Robin Chen)

Un symbole bénéfique


Le qilin peut être vu comme un incarnation de l'harmonie et de la sagesse. C'est un animal au caractère doux et tranquille. Il est herbivore, et veille à ne faire du mal à aucun être vivant ; même la végétation sur laquelle il marche n'est pas détruite. Il déteste se salir ; il ne dort donc que dans les endroits propres, et peut marcher sur l'eau sans se mouiller s'il le souhaite.

Cependant et bien que son caractère soit profondément pacifique, le qilin peut cracher des flammes et se montrer terrifiant s'il doit lutter contre les forces du mal ou contre une personne malintentionnée.

Pour ces différentes raison, le qilin n'élit domicile que dans les endroits calmes, heureux et protégés. Ainsi la présence d'un qilin dans une région était perçu jadis comme un signe de prospérité et d'abondance agricole pour celle-ci – d'où son surnom de 瑞獸, ruì shòuou « animal porte chance ».
De même, la présence du qilin dans un territoire indiquait que la contrée était dirigée par un souverain sage et vertueux.

Il était défendu de chasser ou de tuer un qilin. La mort de cet animal était par ailleurs vu comme un mauvais signe : l'annonce du décès futur d'un monarque, le présage de temps funestes à venir...

Pour s'attirer les bons auspices du qilin et amener la paix et l'harmonie chez eux, les dignitaires chinois avaient l'habitude de placer des statues de qilin dans leurs palais et leurs jardins. On trouve également de telles statues de qilin dans les temples, et plus occasionnellement dans les cimetières sur les tombes.


Estampe de Nouvel An, représentant un qilin apportant un fils talentueux à ses parents (début du XXème siècle)

(Source : Columbia University Libraries)


Le qilin a également la particularité d'apparaître pour annoncer la venue ou la naissance prochaine d'un sage, d'un grand roi ou d'une personne très talentueuse.
Ainsi selon une légende chinoise, un qilin serait apparu devant la mère de Confucius et aurait déposé à ses pieds un livre de jade sorti de sa bouche (ce qui explique que sur certaines statues, l'animal ait un livre placé dans la gueule).
Des estampes représentant des qilin étaient offertes aux jeunes mariés à Nouvel An, dans l'espoir que le qilin viendrait honorer le couple d'un enfant qui serait promis à un grand avenir. De même, les jeunes femmes souhaitant avoir un fils étaient incités à toucher la barbe des statues et des masques de danseurs représentant l'animal.

Les érudits chinois des dynasties Ming et Qing étaient de l'avis que le qilin était un animal extrêmement rare, voire même peut-être éteint. Selon certains, il commençait déjà à disparaître durant l'antiquité chinoise, à l'époque de Confucius. La corruption des hommes et des gouvernements l'avaient peut-être incité à vivre dans des endroits reculés, ou avaient rendu la terre invivable pour un tel animal recherchant l'harmonie et la justice.


En astrologie chinoise et en feng shui, le qilin fait partie du quatuor d'animaux sacrés (四獸, pinyin : sì shòu) gardiens des quatres points cardinaux, avec le dragon?, l'oiseau vermillon? (phénix) et la tortue. Il est cependant souvent remplacé dans ce rôle par le tigre.
De même dans les danses traditionnelles chinoises, la danse du qilin est particulièrement importante et elle arrive juste après les danses du dragon?, du lion et du fenghuang? (phénix) dans la hiérarchie.

Hypothèses explicatives


La légende du qilin pourrait provenir d'animaux réels, comme certains boeufs ou cervidés. Une espèce de cervidé quasiment éteinte dans la nature, le cerf du Père David (Elaphurus davidianus), est appelée sibuxiang en chinois, ce qui est aussi l'un des noms du qilin.

Peinture de la girafe ramenée par Zheng He en 1414, par Shen Du (XVème siècle)

Lorsqu'en 1414 l'explorateur chinois Zheng He ramena une girafe de ses expéditions en Afrique et l'offrit à l'empereur Yongle, l'animal fut pris pour un qilin, témoignant de la sagesse et des qualités de bon dirigeant du souverain. Cet événement a influencé l'aspect du qilin traditionnel, qui est parfois décrit comme ayant un pelage jaune tacheté de noir.

Sur les miniatures perses et mogholes du Moyen-Age, les buraq sont parfois représentés d'une façon très similaire au qilin, ce qui s'explique par les nombreux contacts avec les armées mongoles durant ces époques.


Des réactions ou des remarques au sujet de cet article ?
Venez en parler avec les rédacteurs et autres lecteurs sur le forum.


Noms alternatifs : Kilin, Licorne chinoise

Traduction anglaise : Qilin, Chinese Unicorn

Localisation : Chine, dans une moindre mesure Japon et Corée (Asie)

Liens complémentaires :

Article Quilin
Page Quilin

Ressources bibliographiques :

  • Annotations du Shuōwén Jiězì (說文解字注) par Duan Yucai (1735 - 1815 ap. J.C.).

Edition annotée du Shuowden Jiezi, un dictionnaire des caractères chinois datant de fin de la dynastie Han (2ème siècle ap. JC.)

  • Classique des rites ou Li Jing (礼经).

Compilations d'ouvrages écrits par les confucéens durant la dynastie Zhou (1046 - 256 av. J.C.)

  • Chroniques de Zuo (左傳), de Zuo Qiuming (4ème siècle av. J.C.)

Première référence historique connue au qilin


Catégories : Q ; Mythes et folklore ; Créatures
Auteur : Ar Soner
Mise en ligne : 05/01/09
Dernière modification : le 10/07/12 à 17:52