Encyclopédie du paranormal - Pluie rouge du Kérala

     Pluie rouge du Kérala


Mystérieuses pluies colorées qui se sont abattues sur une partie de l'état de Kérala, en Inde, de juillet à septembre 2001



L'évènement

Le 25 juillet 2001, une mystérieuse pluie colorée s'est abattue sur les districts de Kottayam et d'Idukki de l'état du Kérala, au sud de l'Inde. Bien que généralement de couleur rouge, elle aurait été de couleur jaune, verte ou noire dans certaines localités.

Échantillons de pluie rouge recueillis au Kérala en 2001

Selon des habitants du Kérala, la première pluie colorée aurait été précédée d'un puissant coup de tonnerre et d'un éclair et suivie de la chute massive de feuilles de certains arbres, qui semblaient asséchées ou brûlées. Elle serait tombée sur des zones de quelques kilomètres carrés de surface seulement, parfois à quelques mètres seulement d'endroits touchés par une pluie normale.

Des pluies colorées ont encore été signalées sur l'état dans les dix jours suivants puis, de moins en moins fréquemment, jusqu'à la fin du mois de septembre. Les averses colorées, relativement courtes, ont en général duré moins de vingt minutes.

Chaque millitre de pluie colorée contenait environ 9 millions de particules, responsables de sa coloration, pour environ 100 milligrammes de solide par litre de pluie. En extrapolant cette valeur sur la quantité estimée de pluie colorée tombée cet été-là, on peut évaluer la masse totale de particules rouges tombées sur le Kérala à 50 000 kilogrammes environ.

Échantillon de pluie colorée dans lequel les particules sont en suspension (à gauche), échantillon après sédimentation (à droite) et les particules solides récupérées après séchage (au centre)


Analyses

Plusieurs groupes de chercheurs ont étudié la pluie colorée et la composition des particules solides responsables de sa coloration, pour arriver à des conclusions similaires :

  • le pH neutre et la conductivité normale de la pluie indiquent l'absence de sels dissous.
  • les particules étaient essentiellement composées de carbone et d'oxygène, avec des traces de silicium, de fer et de métaux lourds.
  • une analyse menée par J. Thomas Brenna de l'université de Cornell a révélé la présence d'au moins sept acides aminés dans les particules. Ce résultat concorde selon lui avec une espèce marine ou une plante réalisant la photosynthèse C4.

De formes ovales ou sphériques et de 4 à 10 micromètres de diamètre, les particules révèlent au microscope électronique une dépression en leur centre, comme certaines cellules, ainsi qu'une structure interne.

Les particules, vues au microscope électronique à balayage


Explications officielles

Plusieurs explications furent avancées au départ pour expliquer la coloration inhabituelle de la pluie : les pluies colorées ne sont pas rares et sont généralement dues à la présence de poussières dans l'atmosphère. Ainsi, les pluies colorées du Kérala furent originellement suspectées d'avoir été causées par des poussières venues des déserts d'Arabie, de l'éruption du volcan Mayon, aux Philippines, ou encore d'un météore.

Ainsi, le Centre for Earth Science Studies (CESS) du Kérala annonça initialement que les pluies colorées étaient vraisemblablement dues à l'explosion d'un météore, qui avait dispersé une tonne de débris dans le ciel de la région. Le Centre revint cependant sur cette déclaration quelques jours plus tard, lorsque l'étude au microscope des échantillons de particules révéla qu'il s'agissait de sortes de spores et qu'il devint évident que les fragments d'un météore n'auraient pu continuer à tomber si longtemps sur une même zone, indépendamment du vent.

Un échantillon des particules rouges fut donc transmis pour étude au Tropical Botanic Garden and Research Institute (TBGRI) Indien, où les spores furent mis en culture dans un milieu adapté au développement des algues et des champignons. En novembre 2001, le Centre for Earth Science Studies et le Tropical Botanic Garden and Research Institute publièrent un rapport conjoint expliquant que le coloration de la pluie était due à la présence d'une grande quantité de spores d'une algue formatrice de lichen appartenant au genre Trentepohlia et qu'une étude sur le terrain avait montré que la région présentait effectivement de tels lichens en grande quantité. Le rapport mentionnait également que des échantillons de lichen pris à Changanacherry et cultivés dans un milieu adapté aux algues avaient développé le même type d'algues que celles observées dans les échantillons venant des pluies colorées, indiquant que les spores responsables de la coloration étaient bien d'origine locale.

Lichen Trentepohlia sur l'écorce d'un cèdre du Japon, île de la Réunion

La région fut encore étudiée le 16 août 2001, révélant que presque tous les arbres, rochers et même les lampadaires de la région étaient couverts de lichen Trentepohlia et il fut estimée que le lichen était présent en suffisamment grande quantité pour générer la quantité de spores observée dans l'eau de pluie.

Le rapport du CESS et du TBGRI annonçait également l'absence de poussières provenant de météore, de volcan ou de désert dans l'eau de pluie et écartait l'hypothèse selon laquelle sa coloration aurait été due à des gaz ou des polluants dissous. Il concluait que les pluies importantes au Kérala ayant précédé les pluies rouges pouvaient avoir provoqué la croissance des lichens de la région, qui avaient à leur tour entraîné la présence d'une grande quantité de spores dans l'atmosphère. Bien que la cause de la coloration de la pluie ait été découverte, le rapport laissait plusieurs questions en suspens : il semble improbable que tout le lichen d'une région libère ses spores pratiquement au même moment, et la dispersion importante des spores ou leur absorption apparente par les nuages n'ont pas encore trouvé d'explications satisfaisantes.


Hypothèse d'une origine extraterrestre

Le phénomène n'a gagné l'attention des médias qu'en 2003, lorsque Godfrey Louis et Santhosh Kumar deux physiciens de l'université Mahatma Gandhi de Kottayam, dans le Kérala, ont publié un article intitulé Cometary panspermia explains the red rain of Kerala (« La panspermie? cométaire explique la pluie rouge du Kérala ») sur le site arXiv.org, sur lequel des articles scientifiques sont pré-publiés sans peer review.

Selon la théorie de la panspermie?, la vie ne serait pas apparue sur Terre mais y aurait été apportée (par des météorites, par exemple) sous la forme d'organismes extrêmophiles?

Dans cet article, ils reprennent l'explication originale du CESS selon laquelle la coloration de la pluie serait liée à l'explosion d'un météore et basent cette hypothèse sur le flash et la détonation entendue peu avant le début des pluies colorées, que le CESS considérait pourtant comme fortuit dans son rapport initial. De plus, cette hypothèse n'explique pas le fait que des pluies rouges ont été observées dans la même région pendant deux mois, alors que les débris provenant d'un météore auraient été déplacés par le vent, raison pour laquelle (avec la découverte des spores) le CESS avait finalement écarté cette explication.

Selon ces auteurs, les cellules retrouvées dans la pluie seraient originaires de l'espace et auraient été apportées par le météore, ce qui confirmerait l'hypothèse de la panspermie?. Les tests au bromure d'éthidium, composé utilisé pour le marquage de l'ADN, ne révéleraient selon eux ni la présence d'ADN ni celle d'ARN dans les particules.

Deux mois après le premier, les deux mêmes auteurs publièrent un autre article sur arXiv intitulé cette fois New biology of red rain extremophiles prove cometary panspermia (« La nouvelle biologie des extrêmophiles? de la pluie rouge prouve la panspermie planétaire »), dans lequel ils affirment que « les microorganismes de la pluie rouge du Kérala présentent des caractéristiques extraordinaires, comme la capacité à se multiplier de manière optimale à 300°C et celle de métaboliser une vaste gamme de composés organiques et inorganiques ».

Ces affirmations n'ont cependant jamais été vérifiée ni publiées dans un journal soumis au peer review. Dans un article publié trois ans plus dans une telle revue, Louis et Kumar répétèrent leur hypothèse selon laquelle les spores responsables de la pluie rouge étaient d'origine extraterrestre et prouvent la panspermie, en ne mentionnant cette fois pas les caractéristiques extraordinaires supposées de ces cellules.

L'un des spores, agrandi 20000 fois au microscope électronique à transmission

L'hypothèse de Louis et Kumar a fait l'objet de critiques dans le monde scientifique. Des échantillons des particules rouges ont été envoyés à Milton Wainwright de l'Université de Sheffield et à Chandra Wickramasinghe à l'Université de Cardiff. Wickramasinghe rapporta en 2006 qu'il pensait avoir détecté de l'ADN, mais que cette identification n'était pas encore totalement confirmée et risquait d'être considérée comme équivoque. Wainwright a erronément été cité dans The Observer comme confirmant l'absence d'ADN dans l'échantillon, mais un erratum a ensuite été publié indiquant que Wainwright n'a pas d'opinion quant à l'absence ou la présence d'ADN dans les spores responsables de la pluie rouge.

Parmi les reproches faits aux travaux de Louis et Kumar, on compte notamment :

  • l'omission du fait que les pluies rouges ont eu lieu pendant plusieurs mois, incompatible avec l'hypothèse selon laquelle elles auraient été causées par l'explosion d'un météore.
  • les difficultés rencontrées lors de la recherche de l'ADN des spores ne sont pas étonnantes, puisque leurs parois cellulaires sont prévues pour assurer leur survie et sont par conséquent naturellement résistances aux radiations UV et gamma, au dessèchement, aux lysosomes, aux hautes températures, à l'inanition et aux désinfectants chimiques. Leur visualisation au microscope optique peut être difficile en raison de l'imperméabilité des parois des spores aux colorants utilisés en biologie cellulaire. Ainsi, l'absence supposée d'ADN rapportée par Louis après un unique test de coloration au vert de malachite est vraisemblablement due à l'imperméabilité des parois des spores à ce colorant : ce test est normalement utilisé pour détecter l'ADN des endospores bactériens et pas celui des spores d'algue, qui doivent d'abord être mis en culture dans un milieu adapté pour provoquer la germination pour que l'ADN puisse être observé. Louis ne semble pas avoir effectué de culture des spores pour observer leur germination.

Les particules, observées au microscope optique


Phénomènes connexes

Des pluies colorées sont signalées dans le Kérala et ses environs depuis 1896. Le 21 août 2007, une pluie rouge s'est encore abattue sur le district de Kozhikode, dans le Kérala.

En février 2008, une pluie d'eau et de poissons s'est abattue sur un village du Kérala. Rien n'indique toutefois que ce phénomène est lié aux pluies colorées.

De manière générale, les pluies de couleur rouge sont appelées « pluies de sang ».


Traductions anglaises : Red rain of Kerala, Red rain in Kerala et autres variantes

Date : du 25 juillet au 23 septembre 2001

Localisation : Région du Kérala, Inde, Asie

Liens complémentaires :

Page Red Rain in Kerala
Article The red rain phenomenon of Kerala and its possible extraterrestrial origin de Godfrey Louis, A. et Santhosh Kumar, 2 janvier 2006
Article de The Observer Red rain could prove that aliens have landed

Catégories : P ; Ufologie ; Phénomènes
Auteur : Paul Binocle
Mise en ligne : 03/11/09
Dernière modification : le 10/07/12 à 17:50