Zone 51

Le nom de « Zone 51 » est celui qui a été attribué par l'United States Atomic Energy Commission au secteur contenant une base de l'US Air Force appartenant au complexe de Nellis, située à côté du lit asséché du lac Groom au Nevada. Par extension, le terme est souvent utilisé pour désigner la base elle-même (ou d'hypothétiques autres bases secrètes souterraines cachées sur le même territoire).

Image satellite de la base et de ses environs
Image : NASA

Cette base sert au développement et au test d'avions expérimentaux depuis 1955 et est au coeur de plusieurs théories de la conspiration? concernant l'armée américaine.

Situation et historique

La Zone 51 à proprement parler est un rectangle d'environ 155 km² situé dans le comté de Lincoln, dans le Nevada, entouré par le territoire de l'US Air Force de Nellis et le Nevada Test Site (NTS), site de test d'armes nucléaires.

La Zone 51 (en jaune) et les autres territoires environnants appartenant au gouvernement
Image : NASA

Par abus de langage, le terme « Zone 51 » est souvent utilisé pour désigner la base militaire qui s'y trouve, située au bord du lit asséché du lac Groom (Groom Lake). Durant la seconde guerre mondiale, le site aujourd'hui occupé par la base était utilisé comme champ d'exercice de bombardement. Après un abandon temporaire, il est choisi par Lockheed comme lieu de test pour le projet d'avion espion U-2? en 1955, en raison de son isolement.

La base sert ensuite au développement du Lockheed A-12 dans le cadre du projet OXCART de la CIA, un appareil de reconnaissance à haute altitude précurseur du SR-71 « Blackbird ».

Photographie aérienne de la base de Groom Lake prise en 1968, antérieure à la construction de plusieurs autres pistes

En 1977, la base de Groom Lake est le lieu des premiers vols du prototype d'avion furtif Lockheed Have Blue, qui est suivi par une série d'autres prototypes secrets débouchant sur le F-117 NightHawk. Elle sert également au test d'armement pour le F-117 et de lieu d'entraînement de ses pilotes.

Au fil des années, la base fait l'objet de nombreux travaux, tels que l'agrandissement de la piste d'atterrissage principale et la construction de nouveaux bâtiments et de nouvelles pistes. La zone 51 dispose aujourd'hui de cinq pistes d'essais opérationnelles et compterait approximativement un millier d'employés.

L'activité de la base continue à l'heure actuelle. Elle serait notamment le lieu de test de l'hypothétique avion hypersonique Aurora?, supposé avoir été développé dans la seconde moitié des années 1980 et bénéficier d'un système de propulsion magnétohydrodynamique?.

Le SR-71 Black Bird et le F-117 NightHawk, deux appareils testés dans la Zone 51

Depuis le début de son existence, la base de Groom Lake et les travaux qui y sont menés font l'objet d'une grande confidentialité. En 1974, le directeur de la CIA William Colby aurait écrit une note à un autre membre de la CIA dans laquelle il signalait que les astronautes à bord de Skylab 4 avait accidentellement photographié la seule partie de la surface de la Terre qu'il leur avait été demandé de ne pas photographier. Le nom de la région à ne pas photographier a été censuré, mais l'historien de l'espace Dwayne A. Day pense qu'il s'agit de la Zone 51. Des remarques ajoutées à la main sur le document, apparemment par le directeur Colby lui-même, mentionnent ses doutes quant à la nécessité de censurer la photographie :

• « (1) L'URSS a ses propres satellites
• (2) Que révèlent-elles réellement ?
• (3) Si elles sont révélées, ne peut-on pas simplement dire que des travaux secrets de l'USAF ont lieu là ? »

La photographie est présente dans les archives de photographies satellites du gouvernement fédéral, accessibles publiquement, aux côtés des autres photographies prises depuis Skylab 4.

Le 18 avril 2000, des photographies satellites récentes de haute qualité de la Zone 51 ont été publiée sur le site de TerraServer, prises par un satellite lancé conjointement par l'agence spatialle russe et la compagnie américaine privée Aerial Images Inc. Des images satellites de la Zone 51 sont également visibles en ligne sur GoogleMaps.

Liens avec le paranormal

En raison de la confidentialité qui l'entoure et des observations d'OVNI qui ont eu lieu dans les environs, la Zone 51 est devenu l'un des lieux en rapport avec le paranormal les plus célèbres et de nombreuses théories de la conspiration? circulent à son sujet.

Exemple de panneau entourant la Zone 51, annonçant qu'il est illégal d'aller plus loin sans autorisation et que les photographies sont interdites

Celles-ci ont notamment été alimentées par les propos de plusieurs individus qui ont dit avoir travaillé dans la Zone 51 :

• Le plus célèbre d'entre eux est Bob Lazar, qui a prétendu en 1989 avoir travaillé en tant que physicien dans une base secrète baptisée « Secteur 4 » (S4), située dans la Zone 51, non loin de la base de Groom Lake. Selon lui, l'endroit abriterait neuf soucoupes volantes d'origine extraterrestre et un programme visant à comprendre leur technologie et à en créer des applications militaires y serait mené. La publication de photographies satellites de la Zone 51 a toutefois révélé qu'il n'existe aucune base à l'endroit désigné par Bob Lazar et celui-ci semble en réalité ne jamais avoir travaillé dans cette zone et avoir menti au sujet de ses diplômes.
• Dans son document Dreamland de 1996, Bruce Burgess? présente une interview d'un ingénieur mécanicien de 71 ans affirmant avoir travaillé à la base de Groom Lake dans les années 50 sur de la technologie basée sur celle d'une soucoupe volante d'origine extraterrestre, en compagnie d'un alien télépathe appelé J-Rod?. En 2004, Dan Crain? a prétendu sous le pseudonyme de Dan Burisch avoir lui aussi travaillé dans la Zone 51 en compagnie de J-Rod, sur un projet de clonage de virus extraterrestres cette fois.

• Une vidéo supposée montrer l'interrogatoire d'un extraterrestre dans la Zone 51? commentée par un homme se faisant appeler « Victor » affirmant avoir été présent au moment des faits, a été diffusée pour la première fois en mars 1997 et circule aujourd'hui toujours sur internet. Il semble cependant généralement admis qu'il s'agit d'un canular.

La Zone 51 joue donc un rôle majeur dans le folklore ufologique, qui veut généralement qu'elle cache une ou plusieurs des choses suivantes, selon la source consultée :

• Une ou plusieurs bases secrètes souterraines, en plus de celle voisine du lit asséché de Groom Lake, visible sur les photographies satellites. Certains pensent notamment qu'il existe un réseau ferroviaire souterrain sous la Zone 51 et une piste d'aviation capable de disparaître, surnommée « Cheshire Airstrip ».
• Un ou plusieurs vaisseaux extraterrestres, récupérés lors du Crash supposé de Roswell? en 1947 ou donnés au gouvernement américain par des extraterrestres.

• Des avions basés sur une technologie extraterrestre, obtenue par rétro-ingénierie d'un de ces appareils ou donnée par les extraterrestres.
• Le développement d'armes secrètes basées ou non sur de la technologie extraterrestre, d'instruments permettant le contrôle de la météo, le voyage dans le temps ou encore la téléportation.
• Un lieu de rencontre et de collaboration avec des extraterrestres.

La célébrité de la zone 51 en a fait une attraction touristique, bien qu'il soit toujours interdit de s'approcher de la base et de la photographier. De nombreux touristes visitent chaque année les environs de la base et il n'est pas rare qu'ils observent des OVNI. Ces observations sont cependant généralement attribuées aux avions qui décollent de la base et pas à des extraterrestres.

Selon certaines théories du complot?, cette popularité de la Zone 51 implique que ce n'est pas (ou plus) là que le gouvernement américain poursuit les projets secrets tels que ceux cités ci-dessus : devenue trop célèbre, la Zone 51 servirait à détourner l'attention du grand public du véritable endroit où ces projets seraient menés, tenu secret.

La base militaire française du plateau d'Albion? est parfois surnommée la « Zone 51 française ».