Encyclopédie du paranormal - Minhocão

     Minhocão


Cryptide des forêts d'Amérique du Sud décrit comme un serpent ou un ver géant, qui creuserait des sillons géants dans la terre


Le mot minhocão (aussi orthographié miñocao) signifie en portugais « grand ver de terre ». Les indigènes lui donneraient des noms variés : mboi-assu, boitatá, baitatá, batatá, bitatá, batatão, biatatá, b'boiguaçu, mboitatá ou encore mbaê-tata... mboi étant le mot utilisé pour désigner l'anaconda. Selon les légendes locales, il s'agirait d'un grand serpent qui se serait réfugié dans une grotte pendant des siècles pour échapper à un déluge. Dans l'obscurité, ses yeux auraient grandi.

Depuis sa sortie de la grotte, il serait à la recherche de corps d'animaux à dévorer. Il est dit qu'il s'en prend parfois à des animaux vivants ou à des humains et qu'il serait responsable des effondrements de terrain.


Descriptions

Le minhocão est tantôt décrit comme un serpent de grande taille, tantôt ver de terre géant. Il s'agirait d'une créature de vingt-cinq mètres de long et d'un mètre de diamètre, à la peau noire et écailleuse, qui vivrait sur terre comme dans l'eau, creuserait d'énormes tunnels souterrains et qui serait capable de faire chavirer les bateaux. Il est parfois dit qu'elle aurait deux cornes sur la tête.

Représentation du Minhocão comme un serpent aquatique géant

Le zoologue allemand Fritz Müller a écrit un article sur la créature dans Zoologische Garten en 1877, dans lequel il évoque d'énorme tranchées qui dévastent les vergers et détournent le cours de rivière, et cite des témoignages d'habitants de la région :

  • Une femme qui dit avoir vu une créature aussi grande qu'une maison.
  • Un jeune homme qui a vu un arbre se faire déraciner et la terre se mettre à bouger à cause d'une sorte de ver noir de vingt-cinq mètres de long à la tête cornue.
  • Un homme aurait retrouvé un minhocão mort, coincé entre deux rochers, dans la peau était « épaisse comme l'écorce d'un pin » et cuirassée « avec des écailles semblables à celles d'un tatou ».

En 1870, un homme appelé Francisco de Amaral Varella aurait observé un minhocão vivant sur la rive du Rio das Caveiras, près de la ville de Lages, au Brésil : il dit avoir aperçu un animal « de taille gigantesque, près d'un mètre d'épaisseur, pas très long, avec un groin de cochon, mais il ne pouvait dire s'il avait des pattes ou non ». L'animal aurait disparu pendant qu'il allait chercher ses voisins, en laissant derrière lui un sillon.

Il ne semble plus y avoir eu d'observations du minhocão depuis la fin du dix-neuvième siècle, mais des disparitions de bétail et de mystérieux sillons lui sont toujours attribués.

Représentation du Minhocão comme un ver de terre géant

Dans Sur la piste des bêtes ignorées, Bernard Heuvelmans rapporte les propos du Marquis de Wavrin (1920) :

Vers le haut Paraguay on appelle minocão un serpent plus ou moins fabuleux ; les indigènes prétendent qu'il peut atteindre la grosseur d'une pirogue. Ils se figurent que c'est le sucury? ou boa constrictor devenu très vieux et transformé en serpent d'eau. Dans le haut rio Parana, en territoire brésilien, on m'a également parlé de ces serpents énormes, capables d'entraîner une pirogue vers le fond. Ces monstres fréquentent les endroits déserts et ne s'écartent jamais du fleuve. La crainte qu'ils inspirent est plutôt superstitieuse.


Hypothèses

En admettant que le minhocão existe, plusieurs hypothèses ont été émises quant à sa nature :

  • La plus répandue veut qu'il s'agisse d'un ver de terre géant. Des vers de terre de grande taille existent par exemple en Australie, mais ils ne dépassent pas trois mètres de longueur et trois centimètres de diamètre. De plus, les vers de terre n'ont pas un comportement prédateur, contrairement à ce que veulent les légendes au sujet du minhocão.
  • Le cryptozoologue Karl P. N. Shuker a proposé la possibilité d'un gymniophone (ou apode, ou cécilie) géant. Ces amphibiens aux pattes atrophiés ressemblent en effet à des serpents et à des vers, mais les espèces les plus grandes connues ne mesurent pas plus d'un mètre et demi.

Gymnopis multiplicata, espèce de gymniophone d'Amérique centrale
Image : Ian VanLare

  • Selon une autre hypothèse, il s'agirait d'un animal apparenté au dipneuste sud-américain ou d'un individu de taille exceptionnel. Ce poisson de forme allongée est capable de s'enterrer dans la boue pour hiberner et de survivre ainsi pendant deux ans si l'eau vient à manquer. Au retour de l'eau, il se dégage de ce terrier, phénomène qui serait à l'origine des grands trous attribués au minhocão.
  • Bernard Heuvelmans a évoqué la possibilité d'un serpent fouisseur, sur base d'un témoignage publié dans la Gazette du Nicaragua du 10 mars 1866 qui parle d'un gigantesque animal fouisseur. De plus, l'Uruguay et le Paraguay contiendraient de nombreux sillons apparemment dus à d'énormes animaux fouisseurs.
  • Heuvelmans a également suggéré qu'il pourrait s'agir d'un tatou géant, comme le glyptodonte, tatou préhistorique de 3,5 mètres de longueur. Dans ce contexte, les cornes du minhocão seraient en réalité les oreilles du tatou et les effondrements de terrain seraient causés par ses terriers. Bien qu'il soit bon nageur, le tatou n'a toutefois pas des mœurs amphibies, et son apparence est manifestement bien différente de celle du minhocão que la tradition orale décrit comme un ver ou un serpent.

Squelette et carapace de glyptodonte

D'autres pensent que le minhocão a réellement existé mais est aujourd'hui une espèce éteinte.


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Orthographe alternative : Miñocao

Traduction française : littéralement « grand ver de terre »

Autres noms : Mboi-assu, Boitatá, Baitatá, Batatá, Bitatá, Batatão, Biatatá, M'boiguaçu Mboitatá et Mbaê-Tata

Localisation : forêts d'Amérique du Sud

Articles connexes :

Sources et liens complémentaires :

Page Minhocão

Auteur : Paul Binocle
Mise en ligne : 14/07/11
Dernière modification : le 10/07/12 à 17:27